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suivants, le régal, le bal, prennent s au pluriel: les régals, les bals. Il en est de même de détail, éventail, portail, gouvernail, camail, épouvantail, attirail, sérail, qui font au pluriel, détails, éventails, portails, gouvernails, camails, épouvan tails, attirails sérails. Le travail fait aussi au pluriel les travails, quand il signifie une machine de bois dans laquelle les maréchaux attachent les chevaux fougueux pour les ferrer. Lorsque travail se prend pour le compte qu'un miniştre rend au souverain des affaires de son département, ou le rapport qu'un commis présente au ministre, il fait encore au pluriel travails: Ce ministre a eu plusieurs travails cette semaine avec le roi; ce commis a trois travails par semaine avec le ministre. Aïeul, ciel, œil, font au pluriel aïeux, cieux, yeux. Cependant on dit au pluriel aïeuls, quand on veut désigner précisément le grand-père paternel et le grand-père maternel; exemple: Ses deux aïeuls ont rempli les premières charges. (Acad.). On dit et on écrit au pluriel ciels, quand ce mot désigne, ou le haut d'un lit, ou la partie d'un tableau qui représente l'air; exemples: Les ciels de ces lits ne sont pas assez hauts; ce peintre fait bien les ciels (Acad.). Enfin, on dit au pluriel des œils de boeuf, en parlant de petites lucarnes faites en

rond dans la couverture des maisons.

Quatrième remarque. On supprime vul

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gairement le t dans le pluriel des mots terminés en ant et en ent. Ainsi, l'on écrit les enfans, les commencemens; et, par exception, l'on conserve le t dans les monosyllabes, les gants, les dents. Mais il vaudrait mieux suivre les auteurs du siècle de Louis XIV, et sur-tout les écrivains de PortRoyal, et ne jamais supprimer le t au pluriel. Chénier, Domergue, etc., conservaient le t. M. Didot, dans ses belles éditions de nos auteurs classiques, a suivi cette orthographe.... Le mot gent s'écrit au pluriel gens. Quelques Grammairiens proposent d'écrire gents. L'oeil s'accoutumerait peut-être avec peine à cette orthographe.

Cinquième remarque. Les noms de métaux, pris dans un sens général, n'admettent point de pluriel. On ne dit point les ors, les argents, etc. Quand on dit les fers, les cuivres, on considère alors ces métaux comme mis en œuvre, et divisés en plusieurs parties. Sixième remarque. Les noms propres, quand ils ne servent qu'à distinguer les personnes par leur nom de famille, ne prennent point la marque du pluriel: Les deux Corneille se sont distingués dans la république des Lettres.-Il est peu de magistrats aussi anciens dans la robe que les Nicolaï et les Lamoignon. C'est ainsi que se sont conduits les plus grands capitaines, tels que les Scipion, les Turenne, les Maurice, etc. Mais, quand on comprend dans ces noms tou

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tes les personnes qui ressemblent à celles qui les ont portés, on les met au pluriel, parce qu'ils deviennent alors des noms communs. Exemples: Ces deux princes ont été les Alexandres de leur siècle. Ils sont touts

braves comme des Césars. Touts les siècles n'enfantent pas des Homères, des Virgiles, des Corneilles, des Racines, etc.... L'usage a consacré cette distinction.

Septième remarque. Plusieurs substantifs, pris du latin, s'écrivent au pluriel comme au singulier: tels sont les accessit, les alibi, les alinéa, les duo, les errata, les opéra, les quiproquo, les zero, etc. Mais, puisque ces noms ont été admis dans notre langue, ne ferions-nous pas mieux de les traiter comme touts les noms français, et d'en former le pluriel en ajoutant un s? On écrirait alors des duos, des quatuors, des opéras, des zéros. Il est à désirer que l'usage supprime encore cette exception.

Huitième remarque. Quelques adjectifs se prennent quelquefois substantivement, comme dans, le beau, le vrai, l'utile, l'agréable, ele. Le beau nous touche; le vrai seul est aimable; joindre l'utile à l'agréable. Ces substantifs ne sont point susceptibles de pluriel. Il en est de même des verbes pris substantivement: le boire, le manger, etc.

Quelques substantifs manquent de singulier; tels sont les noms, ancêtres, funérailles mœurs, obsèques, pleurs, ténèbres, vépres, etc.

CHAPITRE II.

SECONDE ESPÈCE DE MOTS.

L'Article.

L'article est un mot qui se place devant les noms communs, et les fait prendre dans une acception déterminée. Par exemple, quand je dis, le roi aime le peuple; l'article le, placé devant les substantifs roi et peuple, détermine un roi particulier, un peuple particulier, que les circonstances du pays où je suis, ou bien du pays dont on parle, me font entendre.

Les articles sont le, la, les. L'article le se met devant les noms communs masculins: le père, le rosier. L'article la se met devant les noms communs féminins : la mère, la rose.

L'article les se met devant touts les noms pluriels, soit masculins, soit féminins: les pères, les mères, les rosiers, les roses. Ces trois articles, le, la, les, s'appellent articles simples.

On donne le nom d'articles composés à de petits mots formés d'un article simple et de l'une des deux prépositions de ou à. Ainsi, on dit du pour de le, L'eau du fleuve; on dit des pour de les, L'eau des fleuves. De même, on dit au pour à le, Puiser de l'eau au fleuve; aux pour à les, Puiser de l'eau aux fleuves, aux rivières. Du, des, au, aux, sont des articles composés.

Remarque. On retranche e dans l'article le, et a dans l'article la, quand le mot suivant commence par une voyelle ou par un h

muet. Ainsi, on dit l'ami pour le ami l'horloge pour la horloge: mais alors on met à la place de la lettre retranchée cette petite figure (), que l'on appelle une apostrophe.

CHAPITRE III.

TROISIÈME ESPÈCE DE MOTS.

L'Adjectif.

L'adjectif est un mot qui donne une qualification au substantif; il désigne la qualité ou la manière d'être de la personne ou de la chose dont on parle.

Tout adjectif suppose un substantif; car il faut être, pour être tel.

Les adjectifs suivent les deux genres, le

masculin et le féminin.

Formation du Féminin dans les Adjectifs.

RÈGLE GÉNÉRALE. Quand un adjectif ne finit point, au masculin, par un e muet, on y ajoute un e muet pour former le féminin: Prudent, prudente; saint, sainte; méchant méchante; petit, petite; poli, polie; vrai, vraie; nu, nue; etc. Il y a beaucoup d'exceptions.

Première exception. Les adjectifs suivanis, blanc, franc, sec, font au féminin, blanche, franche sèche; public, caduc turc, font publique, caduque, turque; grec fait grecque.

Les adjectifs ignée, instantanée, momentanée, simultanée, spontanée, s'écrivent avec un e muet final au masculin comme au féminin (Acad.).

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