traité focial. C'eft-là le vice inhérent et inévitable qui dès la naissance du Corps politique tend fans relâche à le détruire, de même que la vieillesse et la mort détruisent enfin le corps de l'homme. de Paris portoit au Parlement un poignard dans fa poche, cela n'empêchoit pas que le Peuple François ne vécût heureux et nombreux dans une honnête et libre aifance. Autrefois la Grece fleuriffoit au fein des plus cruelles guerres: le fang y couloit à flots, et tout le pays étoit couvert d'hommes. Il fembloit, dit Machiavel, qu'au milieu des meurtres, des profcriptions, des guerres civiles, notre République en devint plus puiffante; la vertu de fes citoyens, leurs moeurs, leur indépendance avoient plus d'effet pour la renforcer, que toutes les diffentions n'en avoient Il y a deux voies générales par lesquelles un Gouvernement dégénère; favoir, quand il fe refferre, ou quand l'Etat fe diffout. Le Gouvernement fe refferre quand il paffe d'un grand nombre au petit, c'eft-à-dire, de la démocratie à l'ariftocratie, et de l'ariftocratie à la royauté. C'est - là son inclinaison naturelle. a). Un peu d'agita. pour l'affoiblir. a) La formation lente et le progrès S'il rétrogradoit du petit nombre au grand, on pourroit dire qu'il fe relâele; mais ce progrès inverfe est impoffible. Quant aux anciens Ducs qu'on leur reproche, quoi qu'en puiffe dire le fquitinio della libertà veneta, il eft prouve qu'ils n'ont point été leurs Souverains. On ne manquera pas de m'objecter la République Romaine qui fuivit, dira-t-on, un progrès tout contraire, paffant de la Monarchie à l'Ariftocratie, et de l'Ariftocratie à la Démocratie. Je fuis bien éloigné d'en penser ainfi. Le premier établiffement de Romulus fut un Gouvernement mixte qui dégénéra promptement en Despotisme. Par des caufes particu lières, l'Etat périt avant le temps, comme on voit mourir un nouveauné avant d'avoir atteint l'âge d'homme l'expulfion des Tarquins En effet, jamais le Gouvernement ne change de forme que quand son resfort ufé fe laisse trop affoiblir pour pouvoir conferver la fienne. Or, s'il fo I 2 fut la véritable époque de la nais- véritable Démocratie. En effet, le relâchoit encore en s'étendant, fa force deviendroit tout-à-fait nulle, et il fubfifteroit encore moins. Il faut donc remonter et ferrer le reffort à mesure qu'il 1 juge; le Sénat n'étoit qu'un tribunal en fous-ordre pour tempérer et concentrer le Gouvernement, et les Confuls eux-mêmes, bien que Patriciens, bien que premiers Magis trats, bien que Généraux abfolus à la guerre, n'étoient à Rome que les préfidens du Peuple. Dès-lors, on vit auffi le Gouvernement prendre fa pente naturelle et tendre fortement à l'Arifto'cratie. Le Patriciat s'abolissant comme de lui-même, l'Aristocratie n'étoit plus dans le corps' des Patriciens comme elle est à Venise et à Genes, mais dans le corps du Sénat compofé de Patriciens et de Plébeïens, mèŋie dans le corps des Tribuns quand ils commencèrent d'ufurper une puiffance active: car les |