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Te borner à des réglemens particuliers qui ne font que le ceintre de la voûte, dont les moeurs plus lentes à naître, forment enfin l'inébranlable clef.

Entre ces diverfes claffes, les lois politiques, qui conftituent la forme du Gouvernement, font la feule relative: à mon fujet.

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Avant de parler des diverfes formes

de Gouvernement, tâchons de fixer le fens précis de ce mot, qui n'a pas encore été fort bien expliqué.

CHAPITRE PREMIER.

Du Gouvernement en général.

J'avertis le lecteur que ce chapitre doit

être lu pofément, et que je ne fais pas l'art d'être clair pour qui ne veut pas être attentif.

Toute action libre a deux caufes qui concourent à la produire; l'une morale, favoir la volonté qui détermine l'acte;

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l'autre phyfique, favoir la puiffance qui l'exécute. Quand je marche vers un objet, il faut premièrement que j'y veuille aller; en fecond lieu, que mes pieds m'y portent. Qu'un paralytique veuille, courir, qu'un homme agile ne le veuille pas, tous deux refteront en place. Le Corps politique a les mêmes mobiles; on y diftingue de même la force et la volonté; celle-ci fous le nom de puiffance législative, l'autre fous le nom de puiffance exécutive.

Rien ne

s'y fait on ne s'y doit faire fans leur

concours.

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Nous avons vu que la puissance législative appartient au peuple, et ne peut appartenir qu'à lui. Il eft ailé de voir au contraire, par les principes cidevant établis, que la puiffance exécu-* tive ne, peut appartenir à la généralité comme législatrice ou fouveraine, parce que cette puiffance ne confifte qu'en des actes particuliers qui ne font point du reffort de la loi, ni par conféquent de

oelui du Souverain, dont tous les actes ne peuvent être que des lois.

Il faut donc à la force publique un agent propre qui la réuniffe et la mette en oeuvre felon les directions de la vo lonté générale, qui ferve à la communication de l'Etat et du Souverain, quì faffe en quelque forte, dans la perfonne publique ce que fait dans l'homme l'nnion de l'ame et du corps. Voilà quel- . le eft dans l'Etat la raifon du Gouvernement, confondu mal-à-propos avec le Souverain, dont il n'eft que le miniftre.

Qu'eft-ce dona que le Gouvernement? Un Corps intermédiaire établi entre les fujets et le Souverain pour leur mutuelle correfpondance, chargé de l'exécution des lois et du maintien de la liberté, tant civile que politique.

Les membres de ce Corps s'appellent magiftrats ou rois, c'est-à-dire, gouverneurs, et le Corps entier porte le

nom de prince a). Ainfi ceux qui prétendent que l'acte par lequel un peuple fe foumet à des chefs n'eft point un contrat, ont grande raison. Ce n'est absolument qu'une commission, un emploi. dans lequel, fimples officiers du Souverain, ils exercent en fon nom le pou voir dont il les a fait dépofitaires, et qu'il peut limiter, modifier et repren dre quand il lui plait, l'aliénation d'un tel droit étant incompatible avec la na ture du Corps focial, et contraire au but de l'affociation.

J'appelle donc Gouvernement, ou fuprême administration, l'exercice légitime de la puiffance exécutive, et prince ou magiftrat l'homme ou le Corps chargé de cette administration.

C'est ainsi qu'à Venife on donne au Collège le nom de Séréniffime Prince, même quand le Doge n'y affifte pas.

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