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térieur est encore un moyen facile d'augmenter l'élément calcaire des terres arables. Je laisse ce terrain dans la période tertiaire dont il est un des derniers produits ; je lui retire la dénomination de quaternaire, que je donnerai avec M. d'Archiac à la période qui va suivre.

Période alluviale (1).

Cette période géologique est représentée en Sologne par un terrain diluvien ancien et par le terrain moderne ou actuel. Je place provisoirement la vaste nappe de terrain meuble qui recouvre presque toute la Sologne dans la série des terrains diluviens anciens ou quaternaires de M. d'Archiac (2), ou diluvium de beaucoup d'auteurs. Ce terrain est antérieur au terrain moderne ou actuel. J'ai suffisamment indiqué sa composition minéralogique au commencement de ce mémoire en donnant le facies général du pays. Il paraît formé par la destruction des formations plus anciennes dont les débris auraient été ballottés et charriés par les eaux, par des forces plus puissantes que celles qui agissent actuellement; les débris de terrains crétacés y sont abondans et plus ou moins roulés, selon qu'ils viennent de points plus ou moins éloignés des lieux où on les voit répandus aujourd'hui. Chaque période géologique a eu ses époques d'agitation ou de dépôts tranquilles formés par voie chimique; les terrains diluviens qu'on observe sur tous les points de la surface du globe ne datent pas d'une même, unique et dernière catastrophe géologique ; ils sont

(1)Synonymes: Terrain diluvien; terrain erratique; diluvium.

(2) Nous comprenons sous la dénomination de terrain quaternaire ou diluvien tous les dépôts régulièrement stratifiés ou non, marins, fluviatiles, lacustres ou torrentiels, solides, meubles ou incohérens qui se sont formés entre la période tertiaire supérieure et le commencement de l'époque actuelle ou du terrain moderne. (M. A d'Archiae, Histoire des progrès de la géologie, 1. 1, p. 3.)

le produit des temps d'agitation des diverses époques auxquelles on peut les rattacher (1).

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Je ne citerai pas toutes les localités où l'on trouve ce terrain, je l'ai observé dans toutes les communes de l'intérieur de la Sologne dont il constitue le sol, et notamment à Bracieux, Fontaine, Chambord, Contres, Soings, Cheverny, d'Huison, Montlivault, La Ferté-St-Aignan, Ivoy, Villeny, Chaumont, La Ferté-Lowendal, La Ferté-Beauharnais, Neung, Millançay, Marcilly, Tigy, Vannes, La Motte-Beuvron, Nouan-le-Fusellier, Ligny, Ardon, Mézières, Jouy, etc.; partout il est supérieur aux calcaires tertiaires qui forment un bassin entre lui et la craie. Cette nature de sol est difficile à améliorer; elle a le plus grand besoin de l'élément calcaire. Son degré de fertilité varie selon que les diverses natures qui composent ce terrain diluvien paraissent à la surface; lorsque la nature sableuse s'y présente, le sol arable est aride, brûlant et a besoin d'un mélange d'argile et de marnes calcaires argileuses pour devenir propre à la culture des céréales. En laissant ces parties sableuses à leur état naturel, on peut cependant, sans y faire de grandes dépenses, les semer avantageusement en pins maritimes. Les communes de Jouy, Mézières, Lailly, Ivoy, Vannes, etc., offrent de ces vastes surfaces de sable dont on a tiré un grand parti par ce moyen peu coûteux.

Si au contraire la nature argileuse domine, le sol devient compacte, très-humide en hiver et sec comme de la pierre en été; pour en tirer parti, il faut lui donner beaucoup d'écoulement, le diviser par des labours continuels, le mêler avec des sables et des marnes calcaires sèches et y déposer beaucoup de matières animales et alcalines. Traité de cette manière, il devient productif. Les communes de Jouy, Ligny, Ardon, etc., sont un exemple de cette nature glaiseuse et rebelle à la culture. Plusieurs

(1) M. Frapoli, 1. v, p 100, Bulletin de la Société géologique de France.

grands propriétaires y ont fait dans ces terres argileuses des écobuages et des marnages avec succès; d'autres, sans en changer la nature minéralogique, et sans frais, se sont bornés à y planter des bouleaux, des aulnes, des trembles qui ont bien réussi. Livré à lui-même, ce terrain diluvien se couvre spontanément de bruyères; je n'ý aï rencontré jusqu'à présent aucun fossile qui lui soit propre on n'y trouve que des coquilles pétrifiées en silex qui ont été charriées par les courans diluviens; les plus communes sont les pectinites, les échinites, les térébratules, les ammonites; il s'y trouve aussi des fragmens de palmiers et autres bois pétrifiés en silex. Les variétés de ce terrain diluvien peuvent fournir des matériaux pour faire des mélanges avantageux.

Le terrain moderne comprend en Sologne 1° le sable des rivières charrié depuis le commencement de l'époque géologique actuelle; 2 les tourbes des petites vallées; 3° la terre de bruyère; 4° le limon des rivières actuelles. Les sables de cette époque sont infertiles, et leur amélioration rentre dans le mode de ceux de l'époque précédente. Les tourbières qui forment le fond des vallées ne produisent qu'un foin grossier et plein de joncs et de roseaux. La terre de bruyère a généralement peu d'étendue et de profondeur; elle est peu productive sans mélange. Ces diverses natures du terrain moderne peuvent être employées avantageusement à l'amélioration du sol arable par des mélanges bien combinés et par l'addition de la chaux avec les élémens organiques que ce terrain contient.

Le terrain moderne recouvre immédiatement le terrain précédent, et dans plusieurs cas il peut être facilement confondu avec lui; sa formation est journalière. L'on n'y trouve que des restes d'animaux de l'époque actuelle ou historique, des ossemens humains et des débris d'objets fabriqués par les hommes.

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On rencontre des traces de ce terrain dans presque tous les points de la Sologne; il est, jusqu'à présent, le seul

où l'on trouve la preuve de l'apparition de l'homme sur le globe.

La terre végétale, considérée géologiquement, fait partie du terrain moderne; c'est la pellicule du globe où se passe le phénomène de la végétation (1). La terre végétale se forme journellement et naturellement à la surface de tous les terrains géologiques qui se présentent à nu à la surface du globe; elle a commencé avec l'époque actuelle, subsiste d'un manière permanente depuis le commencement de cette époque sous diverses formes et compositions; elle est le résultat de l'action mécanique et chimique des phénomènes terrestres et atmosphériques sur tous les terrains géologiques meubles ou solides...

Les élémens de la terre végétale sont 1° les sables; 2o les poussières des vents; 3° les limons charriés par les eaux; 4o la désagrégation des roches; 5o les débris des végétaux et des animaux qui la noircissent (2); son état naturel est d'être recouverte de végétaux divers.

La terre végétale exige une étude approfondie; son amélioration, pour augmenter ses produits, dépend de la science de l'agriculture; la fécondité ou la capacité productive de la terre végétale est d'autant plus grande qu'elle se compose d'un plus grand nombre d'élémens minéralogiques et chimiques, ce qui explique la fertilité si remarquable des champs et vallées des pays de montagnes où la terre est formée par la décomposition lente d'une foule de roches différentes (3), les unes calcaires, les autres siliceuses, feldspatiques, alcalines, salifères, volcaniques, etc. La désagrégation de ces roches fournit la chaux, la soude, la potasse, la magnésie, les phosphates et les

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(1) M. Elie de Beaumont, Elémens de géologie pratique, 1. 1. (2) Elie de Beaumont, loco citato.

(3) Ces roches principales sont les granites, les gneiss, les mi caschistes, les phyllades, les schistes, les marbres, les talschistes, les alunites, etc. (Voir les mémoires de M. Boubée.)

sulfates. Tous ces élémens se mêlent avec l'humus produit par la décomposition des plantes et des animaux, et il résulte de ces combinaisons naturelles une terre végétale dans les meilleures conditions possibles de fertilité. Imitons les opérations de la nature qui modifient la constitution trop simple du sol arable par des mélanges de sable de glaise, d'argile, de marnes, de terreaux, de tourbes et de substances alcalines et animales; par ces moyens on compliquera la terre végétale, on en augmentera facilementla fertilité.

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La botanique, comme la géologie, a son point de contact avec l'agriculture et doit lui venir en aide pour placer les plantes dans les conditions les plus favorables à leur croissance et leur végétation. Des savans physiologistes et géologistes (1) se sont occupés de ces considérations importantes et ont fait connaître dans plusieurs mémoires des observations nombreuses sur la station des plantes, leur distribution en zones géographiques et l'exclusivité d'un certain nombre d'entre elles par rapport à diverses natures de terrain. M. C. Desmoulins, de Bordeaux, a proposé de les classer en plantes calcicoles, silicicoles, aluminicoles et ubiquistes ou vivant partout; il a recherché les conditions les plus favorables à leur croissance, et il est arrivé à cette conclusion que l'influence des positions géologiques est nulle, c'est-à-dire que les plantes dites calcicoles prospèrent également bien sur les terrains calcaires secondaires ou tertiaires, les plantes silicoles sur les terrains sableux primitifs ou diluviens, pourvu que les

(1) M. C. Desmoulins, de Bordeaux (Mémoire sur les causes qui paraissent influer particulièrement sur la croissance de certains végétaux dans des conditions déterminées.)

M le comte de Tristan (lettre dans le même ouvrage).

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M. J. Durocher, ingénieur des mines (Observations sur les rapports qui existent entre la nature minérale des divers terrains et leurs productions végétales). Société géologique de France', 1. VI, p. 34.

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