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d'une terre noire nommée terre de bruyère; la surface du sol offre quelquefois naturellement une terre noire à base organique.

Sur différens points du cours des vallées on voit aussi de petites étendues d'un sable fin, transporté par les débordemens des rivières actuelles par les causes et les forces encore agissantes aujourd'hui.

Ces diverses natures du sol ne sont pas circonscrites par localités ni même par la délimitation d'un même champ; elles se transforment de l'une à l'autre par passage insensible et souvent dans une très-petite surface; de là vient la variété extraordinaire de la Sologne sous le rapport de la fertilité et de l'aspect, Les parties sableuses läissent très-facilement filtrer les eaux pluviales; les parties glaiseuses les retiennent long-temps à la surface; ce fait s'observe souvent dans une même pièce de terre labourable.

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Le système hydrographique de cette contrée est simple; elle est bornée au nord par la Loire, au midi par le Cher; elle est parcourue de l'est à l'ouest par la Sauldre qui se jette dans le Cher, par le Beuvron et le Cosson, qui, coulent aussi de l'est à l'ouest et se jettent dans la Loire; plusieurs petits ruisseaux, qui relient entre eux un grand nombre d'étangs, versent leurs eaux dans les principales rivières dont je viens de parler. Ayant donné succinctement le facies général de la Sologne, je vais reprendre dans un ordre méthodique les différens sous-sols géologiques de cette contrée en les classant par ancienneté de formation. Je commencerai par les terrains inférieurs de l'échelle géologique. Je finirai par la terre végétale.

Je ne m'étendrai pas sur les principes de l'agriculture que je n'aborderai que par son point de contact avec la géologie; mon but est seulement de rendre la connaissance de la constitution géologique du sol utile aux cultivateurs instruits et intelligens et de provoquer la méthode des compots et du mélange des terres si bien pratiquée

par les Anglais, qui ont partout renouvelé par ce moyen les mauvaises parties de leur sol arable et les ont changées en un terrain fertile.

Période crétacée ou secondaire.

La période crétacée est la plus ancienne de l'échelle. géologique que l'on rencontre dans l'Orléanais; elle est représentée sur les confins de la Sologne par la craie tuffau, la craie marneuse et la craie blanche. Ces terrains se montrent rarement à nu à la surface; dans ces cas le sol arable est stérile, ainsi que dans les points où la craie est peu recouverte; il est alors difficile à améliorer, et pour le rendre productif, il faut y transporter une couche épaisse de terres argileuses contenant beaucoup d'humus; les affleuremens crayeux naturels ne produisent spontanément qu'un gazon court et ne forment que des pâturages maigres et arides. Le terrain crayeux, au contraire, devient très-productif quand il est naturellement recouvert d'une couche suffisamment épaisse de terre meuble argileuse mêlée de détritus végétaux et d'engrais animaux.

Les terrains crayeux fournissent des marnes excellentes et faciles à extraire pour les localités environnantes qui manquent de l'élément calcaire; ces marnes, naturellement très-sèches, conviennent particulièrement aux terres humides, compactes et trop argileuses; elles sont moins propres aux terres sableuses et sèches. La craie fait partie des formations marines secondaires; je l'ai reconnue à Gien, Briare, Romorantin, Selles, Valençay, Bourré, Montrichard, Beaumont, Chaumont-sur-Loire, Candé, Montils. Toutes ces localités sont situées sur les limites. ou sur des points limitrophes de la Sologne; on peut donc en tirer les marnes pour les porter sur les parties centrales.

Les fossiles qui caractérisent ces craies sont les oursins,

les trigonies, les peignes, les polypiers. M. d'Omaluis d'Halloy a avancé que la Sologne faisait partie de la formation de la craie (1). Je n'ai rencontré la craie dans aucun des points de l'intérieur de cette contrée, que j'ai traversée dans toutes les directions. Elle ne s'est pas montrée non plus dans les fouilles profondes que j'ai observées, ni dans le creusement des puits forés qu'on a tenté d'y établir (2). J'ai trouvé partout à l'intérieur uue masse profonde de terrain de comblement sous lequel on rencontre souvent les calcaires tertiaires d'eau douce dont nous allons parler et qui forment un petit bassin dans celui de la craie; d'ailleurs les sables de Sologne different beaucoup des sables de la craie qui sont toujours moins mélangés de matières diverses, incohérentes et hors de place.

Je suis porté à croire que M. d'Omaluis d'Halloy n'a étudié que la ceinture de la Sologne et n'en a pas parcouru l'intérieur.

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Période paléothérienne ou tertiaire.

Cette période géologique est représentée en Sologne par la formation des calcaires d'eau douce de l'Orléanais et par la formation des faluns. On rencontre la formation des calcaires d'eau douce en affleuremens ou recouverte par une épaisseur de terre meuble; dans le premier cas, le sol est comme celui de la craie, stérile et aride, et ne fournit à l'agriculture que des pâturages maigres; dans le second cas, il est très-fertile et propre à la culture de toutes les céréales; ces calcaires se montrent en couches marneuses et friables ou en bancs solides régulièrement stratifiés ; ils fournissent aux sols glaiseux et sableux des marnes excel

(1) Elémens de géologie, par J. d'Omaluis d'Halloy.

(2) Dans la commune de Sennely, à 62 mètres de profondeur, on n'est pas arrivé à la craie.

lentes qui en augmentent prodigieusement la fertilité et les rendent propres à la culture des céréales, des prairies artificielles et des plantes légumineuses. Les marnes des calcaires tertiaires de l'Orléanais sont sèches ou grasses et argileuses; il convient de choisir les premières pour les parties humides, argileuses et compactes du sol, et les secondes pour les parties plus friables et plus sableuses.>

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Les couches solides et stratifiées de ces calcaires fournissent à l'industrie de très-bons moellons, des pavés et des pierres de taille très-dures; on en fabrique aussi une très-bonne chaux, qui peut être très-utilement em ployée à l'amélioration des terres conjointement avec les

marnes.

Les calcaires orléanais me paraissent appartenir au groupe des calcaires lacustres supérieurs de la formation tertiaire moyenne; ils sont caractérisés par la présence de coquilles d'eau douce et terrestres, telles que les lymnées, les hélices, les planorbes; on y trouve aussi sur quelques points des ossemens de quadrupèdes (1). J'ai reconnu ces calcaires en Sologne, à Olivet, Mareau, Saint-Hilaire, Mézières, Cléry, Lailly, Nouan, St-Laurent, St-Dyé, Muids, Blois, St-Gervais, Chaille, Monts, Seur, Cellettes, Montils, Cormeray, Saubin, Pont-Levoy, Chemery, Billy, Romorantin, Briare, Gien, St-Cyr-en-Val, etc. (2). On voit que ce terrain peut fournir aussi des marnes à l'intérieur du pays qui en est totalement dépourvu.

1. Le terrain des faluns a été détaché de la période ter tiaire par plusieurs auteurs qui lui ont donné le nom de terrain quaternaire, qui depuis a été abandonné pour le

(1) A Montabuzard, commune d'Ingré.

(2) On pourrait peut-être diviser ce terrain en deux formations, l'une inférieure, l'autre supérieure.Je n'entrerai pas ici dans cette dissertation importante, mais étrangère au but que je me suis proposé dans ce mémoire, et d'ailleurs cette question n'est pas encore assez étudiée.

donner à un autre. J'ai observé ce terrain sur plusieurs points de la Sologne ; il est ordinairement composé d'une immense quantité de débris de coquilles mêlées d'un sable quartzeux ; il affleure souvent le sol, et dans d'autres parties il est recouvert par une couche meuble de terre; il est très-étendu en Touraine; on l'y voit dans un grand nombre de communes ; il y est connu sous le nom de falun et sert très-avantageusement au marnage des terres; il produit particulièrement un très-bon effet dans les terres argileuses et fortes dont il augmente l'élément calcaire et siliceux en les rendant plus friables. Le sol arable formé sur les faluns m'a paru très-fertile lorsqu'il est naturellement mélangé de terres argileuses et d'humus. Ce terrain, d'une formation assez récente, est le dernier produit marin de l'échelle géologique (1). On trouve dans ce terrain une immense quantité de coquilles fossiles marines, dont un grand nombre sont très-bien conservées; c'est cette abondance de débris qui fournit l'élément calcaire et rend les faluns propres au marnage des terres (2). J'y ai trouvé aussi des dents de squales, de crocodiles et des ossemens de mastodontes et de rhinocéros; ces derniers animaux vivaient probablement sur les bords des rivières de cette époque, et leurs cadavres auront été entraînés alors dans la mer qui a déposé les faluns.

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J'ai trouvé les faluns à Pont-Levoy, Contres, Cellettes, Sambin, Soings, Cormerai, je les considère comme plus nouveaux que le calcaire d'eau douce de l'Orléanais; ils le recouvrent à Pont-Levoy (3). Le transport des faluns à l'in

(1) Ce terrain a été décrit par M. Desnoyers, Annales des sciences naturelles.

(2) M. le comte de Gourcy a fait connaître des résultats avantageux obtenus du marnage des terres par les faluns. (Moniteur de la propriété, 14 année, page 250)

́ ́(3) J'ai retrouvé sur la rive droite de la Loire, à Villebaron, un autre point du rivage de l'ancienne mer qui a déposé les fa

luns..

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