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Ces trois séries, en les prenant isolément, présentent des températures qui sont entre elles en relations fort naturelles. Mais il est évident que la mienne diffère trèspeu de celle des Annales, et la circonstance d'avoir été recueillie à la campagne pourrait expliquer une différence plus grande qu'elle ne l'est; d'autant que ce sont surtout les minima qui diffèrent, et il est fort naturel que les gelées dont je vais parler aient été nombreuses et plus vives à la campagne que dans Paris,

A l'égard de la série de M. de Monvel, en la considérant isolément, je suis loin d'y reconnaître une apparence défectueuse. D'après mon mémoire sur les températures de décembre et janvier, on peut voir que la température du 1er décembre à neuf heures du matin, valeur moyenne sur vingt-cinq ans, est 6,50, et on calculera facilement que la moyenne de neuf heures de la première décade, prise de même sur vingt-cinq ans, est 5,43. Ainsi le terme correspondant dans la série de M. de Monvel (5,85) dépasse de peu la moyenne de son époque annuelle. Mais si l'on a égard aux deux autres séries, et surtout aux autres notes météorologiques du moment, on reconnaîtra qu'elle est une anomalie fort divergente. En effet, si la première décade de décembre 1839 a été évidemment fort au-dessous de la moyenne, d'après les chiffres que fournissent les Annales et mes notes, les autres phénomènes atmosphériques l'indiquent aussi. Sur les dix nuits de cette décade, j'en trouve huit avec gelée non douteuse, dont trois à zéro, et cinq entre 2,5 et 5. On peut supposer même qu'il y a

eu gelée à terre les deux autres nuits; car dans l'une le thermomètre est descendu à-|-1, et dans l'autre à -¡-0,2. Quatre de ces gelées ont persisté jusqu'à neuf heures et au-delà, et l'une d'elles n'a pas été surmontée (le 8 décembre) au maximum. Les Annales de physique et chimie (quoique dans Paris) indiquent au minimum quatre gelées entre zéro et -2,6. A neuf heures elles donnent deux températures négatives, qui persistent à midi, et celle du 8 décembre est encore à zéro à trois heures. La raison de ces températures froides peut se trouver dans la direction. des vents. Chez moi, elle a été six jours et demi entre le N-O et l'E, deux jours et demi à l'O-S-O et un jour à l'E en bas, et au S en haut. Selon les Annales, qui n'indiquent que le vent soufflant à midi, il a été six jours du N à l'E et quatre jours du S à l'O, je crois qu'il m'est permis de regarder ces indications comme concordantes. On sentira encore mieux la relation de ces trois séries entre elles si l'on prend celle des Annales comme repère intermédiaire entre celle de M. de Monvel et la mienne. Ainsi, pendant que ces deux dernières ne sont simultanées qu'à neuf heures du matin, la série des Annales est trois fois simultanée avec chacune des deux autres (sans compter neuf heures du soir). Or la série des Annales et la mienne se trouvent entre elles à fort peu de distance. Tandis que celle de M. de Monvel s'écarte beaucoup de celle des Annales et encore un peu plus de la mienne. On est d'abord frappé de cette anomalie, mais déjà j'ai cru en trouver la cause dans l'abri produit par l'église de St-Pierre et peut-être d'autres constructions, qui ont pu garantir des froidures du nord le thermomètre de M. de Monvel.

Si dans ce système je porte mon examen sur la seconde décade, j'observe un effet moins marqué, mais analogue. La série de M. de Monvel concorde avec celle des Annales, qui n'indiquent aucune gelée à Paris; ma série s'abaisse un peu, et en effet mon thermomètre a indiqué une gelée, que probablement celui de M. de Monvel n'a pas réssenti.

Dans la troisième décade, il n'y a que de faibles différences entre les trois séries, excepté dans la première partie de la matinée, dans laquelle la série de M. de Monvel surmonte assez fortement celle des Annales, et la mienne s'abaisse un peu. J'ai reconnu deux gelées qui ont été aussi observées à Paris. Il semble donc qu'elles n'ont pas frappé le thermomètre de M. de Monvel.

Cet examen par décade ne peut être prolongé, il dépasserait les limites convenables de ce rapport et me demanderait beaucoup de travail. Mais ceci semblerait suffire pour asseoir ma conjecture et pour faire penser que l'abri que j'ai cité (l'église de St-Pierre ou autres constructions) est une cause permanente d'un exhaussement anormal du thermomètre de M. de Monvel dans les temps de gelées et de vents du Nord.

Maintenant, armé de cette hypothèse, je retourne en arrière et je vais jeter un rapide coup-d'œil sur les huit mois que j'ai pu mettre en relation dans nos travaux respectifs. On trouvera peut-être que je circule ainsi parmi des détails bien minutieux; mais mon intérêt personnel est ici compromis. Ce que j'ai l'honneur de présenter à la Société serait moins un rapport qu'un plaidoyer en faveur de mes propres travaux si je n'avais trouvé que cette seconde intention n'était suffisamment remplie par l'accomplissement de la première. En effet, ayant déjà publié sur décembre et janvier le résumé de longues études, me proposant d'en présenter incessamment sur juillet et août, il m'importait de justifier devant la Société l'accueil qu'elle a bien voulu faire à la première partie de mes observations météorologiques, et de motiver la même faveur que je réclamerai pour leur suite. A la vérité j'aurais pu, dès leur publication, comparer ces études à quelques types connus, comme les températures recueillies à l'Observatoire, ou du moins j'aurais pu pousser cette comparaison un peu plus loin que la légère tentative que j'en ai faite. Mais la distance de trente lieues et la différence de position ypso

métrique ne me permettaient pas de prendre alors les observations parisiennes comme termes de comparaison, ou comme pierre de touche, pour évaluer le plus ou le moins de justesse des miennes. Or voilà que M. de Monvel publie des études faites dans notre voisinage, et qui, si nous avons bien observé l'un et l'autre, ne doivent laisser entre nos travaux que de ces minimes différences produites par d'inévitables petites dissemblances de situation et d'exposition. Cependant nos observations respectives ont été disposées sur des plans divers, et qui ne m'ont permis qu'un petit nombre de rapprochemens; mais sur quatre mois d'été comparés, la différence moyenne entre nous n'atteint pas un degré; ce serait probablement trop peu s'il s'agissait d'un rapport entre Paris ville et Paris campagne ; mais entre Orléans ville et Orléans campagne, je ne puis voir en cela que la suite très-naturelle de cette différence de localité ou l'influence d'un abri, et je conclus que de part et d'autre les observations ont été correctes pour l'été. Pour l'hiver, sur quatre comparaisons à établir, il y en a trois qui donnent des rapprochemens très-intimes; mais la quatrième rompt cet ensemble d'harmonie. Or j'ai analysé par décades ce mois de décembre 1823, les divergences graves de nos travaux ont paru se concentrer sur la première décade, c'est-à-dire sur 1/24 des temps que j'ai comparés. Ainsi vingt-trois vingt-quatrièmes des rapprochemens que j'ai pu faire ne nous donnent que de minimes différences motivées par les localités. Je crois trouver en cela une garantie réciproque telle que je pouvais la désirer, d'autant plus que le rapport immédiat qui n'a pu être établi entre nos travaux que pour neuf heures du matin, a été fortement appuyé par le secours que j'ai emprunté aux Annales de physique et chimie, qui a produit entre nous un rapport, médiat à la vérité, mais bien plus complet, et qui aussi ne laisse de dissidence notable qu'à l'égard de cette anomalie de la première décade de décembre 1839. Seulement sur ce point, qui n'a plus qu'une impor

tance très-secondaire, il convient de dire encore un mot. Pour expliquer cette dissidence, j'ai eru pouvoir supposer d'abord que le thermomètre de M. de Monvel était trop abrité des vents du Nord à l'Est. Mon thermomètre ne peut guère être accusé en cette circonstance, puisqu'il s'est maintenu assez en harmonie avec les Annales. Cependant peut-être pourrait-on penser qu'en ville il est un peu trop exposé au froid. Je suis assez disposé à admettre cette idée si l'on entend par là une position froide par rapport à la ville. Mais je crois que cela ramène cet instrument à l'état des campagnes orléanaises, et c'est ce que je puis désirer de mieux, d'abord parce que c'est là véritablement ce qui peut indiquer la température du climat, but de mes recherches. En second lieu, parce que mes observations, faites pendant huit mois à la campagne, ont ainsi plus d'uniformité. J'estime donc que, même en hiver, pendant que M. de Monvel observe en ville, je dois être censé travailler à la campagne.

Mais ces conclusions, en ce qui concerne l'abri supposé au thermomètre de M. de Monvel, ont dû perdre de leur valeur par une remarque subséquente. C'est qu'après avoir analysé en détail les températures de décembre 1839, j'ai voulu jeter un rapide coup-d'œil sur le détail des notes météorologiques que j'ai recueillies sur les trois autres mois d'hiver sur lesquels M. de Monvel et moi avons porté simultanément nos soins.

Or, d'après le petit tableau que j'ai donné (p. 252 ), on peut voir que ces trois mois (savoir décembre 1838, janvier 1839 et janvier 1840) sont beaucoup plus froids que décembre 1839, et sur ce fait en lui-même nous sommes d'accord. On doit en conclure que ces trois mois ont fourni des gelées ou plus nombreuses ou plus fortes que décembre. 1839. Et en effet, en décembre 1838, j'ai observé vingt-deux jours de gelées qui ont été à 5,5; en janvier 1839, seize jours qui ont été à 9; en janvier 1840, onze jours jusqu'à 8. Or si l'exaltation de température que sem

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