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à prendre dans sa galerie ou dans ses états, au choix des citoyens qui seront à cet effet commis.

Moyennant les conditions ci-dessus, les troupes de la république, passant par les états du duc de Modène, në feront aucune réquisition : les vivres dont elles pourraient avoir besoin seront fournis et payés de gré à gré. »

Des écrivains partiaux ou mal informés ont présenté la conduite des Français envers les ducs de Parme et de Modène comme un abus de la force : ils ignoraient sans doute la part très-active que ces princes avaient prise à la coalition contre la république, et les secours qu'ils lui avaient fournis en hommes, en vivres, en argent et en munitions. Leur éloignement, et l'idée qu'ils pouvaient servir sans danger les ennemis de la France et suivre les mouvemens naturels de leur haine contre le systême républicain, les ont cruellement trompés.

Ce n'était pas en vain que Buonaparte avait demandé au directoire de lui envoyer des artistes auxquels il pût confier le choix des monumens dont il voulait dépouiller l'Italie et enrichir la France. Il regrettait sans doute de n'avoir pas eu cette heureuse idée après la victoire de Millesimo; car des chefs-d'œuvre du musée de Turin seraient devenus au musée français de dignes trophées des batailles de Montenotte et de Mondovi.

Les ennemis des arts et de la république affectent de s'apitoyer sur cet enlèvement des monumens d'Italie. Ils n'aiment rien de ce qui peut leur rappeler sa supériorité : ils pardonnaient plus aisément à l'orgueil qui avait laissé ériger le grouppe de la place des Victoires, et oublient qu'on n'a ja mais fait un crime aux Romains d'avoir pris aux Grecs vaincus les statues dont ils décorèrent le Capitole, les temples et les places de Rome; ces mêmes statues que nous ôlons aux Romains papistes et dégénérés, pour en orner le musée de Paris, et pour marquer, par le plus noble des trophées, les triomphes de la liberté sur la tyrannie, et ceux de la philosophie sur la superstition.

Ce sont de véritables conquêtes que celles qu'on fait en faveur des arts, des sciences et du goût, et les seules capables de consoler du malheur d'être forcé d'en entreprendre pour d'autres motifs.

Le Milanais et le Parmesan auront fourni à nos musées les objets compris dans la liste suivante; et Rome, plus riche en ce genre, leur en offrira davantage.

État des objets de sciences et arts qui ont été enlevés pour être transportés à Paris, par les ordres du général en chef de l'armée d'Italie, et ceux du commissaire du gouvernement près ladite armée.

Bibliothèque ambroisienne.

A MILA N.

Le carton de l'Ecole d'Athènes, par
Raphael.

Un tableau de Luini, représentant une
Vierge.

Idem, de Rubens, une Vierge et des
fleurs.

Idem, du Giorgion, représentant un con

cert.

Idem, de Lucas d'Hollande, représentant une Vierge.

Idem, une tête de femme, de Léonard
de Vinci.

Un soldat et un vieillard, du Calabrèse.
Un vase étrusque, représentant diverses
figures, avec ornemens.
Un manuscrit écrit sur le papyrus d'É-

gypte, ayant environ onze cents ans
d'antiquité, sur les Antiquités de Jo-
seph, par Rufin.

Un Virgile manuscrit, ayant appartenu à Pétrarque, avec des notes de sa main. Un manuscrit très curieux sur l'histoire

des papes.

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La Stenata.

San-Gio.

Capucins.

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Saint Sépulcre.

Saint-Roch.

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Un tableau de Schidone.

Une Adoration, par Majol'a.

Un chien, du Guerchin.

Une Vierge et plusieurs saints, par le
Carrache.

JJésus-Christ, saint Paul, sainte Cathe-
rine, par Raphael.

{

Le Mariage de la Vierge, par Procaccini.
Une Descente de croix, par le Corrège.
Un Guerchin, représentant la Vierge et
saint François.

La Madonna della Scodella, du Corrège.
Un tableau de l'Espagnolet, représentant
divers saints.

Idem, de Paul Veronèse, représentant saint Roch, etc.

Un tableau de Fraimingo, représentant un baptême.

5. Quintino....Une Assomption, par l'Espagnolet. Un tableau de Lanfranc, représentant saint Benoît.

Saint-André. . . Un tableau de l'Espagnolet.

Saint-Michel.

Un tableau d'un éleve du Corrège, re

.{Un

présentant une Vierge.

Saint-Paul.. ... Une Vierge d'Augustin Carrache.
Au dôme de Plai- (Deux tableaux de Louis Carrache.
Un de Procaccini.

sance.

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Quelque modération qu'eût montrée le général de l'armée française, quelque sévère discipline qu'il eût fait observer à ses troupes, et quelqu'éclat qu'eussent eu ses succès, il était facile à ceux qui connaissaient l'Italie de prévoir que le clergé et la noblesse, qui redoutaient encore plus les opinions des républicains que leurs baïonnettes, et qui, depuis le commencement de notre révolution, n'avaient cessé de la calomnier dans leurs discours et dans leurs écrits, et d'animer contre elle le peuple, afin de le conserver dans une dépendance qui tournait toute entière à leur profit, et dont ils sentaient qu'il échapperait s'il ouvrait les yeux à la lumière, et s'ils ne parvenaient à le tromper; il était, dis-je, facile d'imaginer que ces deux classes, unies par leurs intérêts, leurs craintes et leur haine, susciteraient quelque trouble intérieur, embarrassant pour les armées. Cette méthode avait d'ailleurs presque toujours réussi aux Italiens dans les précédentes invasions des Français; et ce devait être une nouvelle gloire pour Buonaparte d'en proclamer l'insuffisance, et de dégoûter leurs partisans du projet d'y revenir.

Le général Despinoy, commandant à Milan, s'apperçut, May 24 le 5 prairial, que dans les fauxbourgs de cette ville, du côté de Pavie, il se formait des attroupemens: il fit marcher quelques troupes, que les mutinés voulurent désarmer; mais le détachement français ayant tiré et blessé quelques hommes, le reste s'enfuit.

Ce mouvement était combiné, et avait eu lieu au même moment à Vareze, à Pavie, à Lodi; on sonnait le tocsin dans les campagnes; les prêtres et les nobles excitaient au massacre des Français; les assassinaient sur les routes paysans leurs ordonnances et les employés de l'administration; et la garnison laissée à Pavie, surprise chez ses hôtes, avait été désarmée. Sans un prompt remède, le mal pouvait s'étendre et devenirtrès-dangereux.

CONSPIRATION DE PAVIE,

COMBAT ET PRISE DE CETTE VILLE.

« JE partis de Milan le 5, pour me rendre à Lodi : je May ne laissai à Milan que les troupes nécessaires au blocus du château. Je sortis de cette ville comme j'y étáis entré, au milieu des applaudissemens et de l'alégresse de tout un peuple réuni. J'étais bien loin de penser que cette alégresse était feinte, que déja les trames étaient ourdies, et une lâche trahison sur le point d'éclater.

« J'étais à peine arrivé à Lodi, que le général Despinoy, commandant à Milan, m'apprit que, trois heues après mon départ, on avait sonné le tocsin dans une partie de la Iombardie; que l'on avait publié que Nice était pris par les Anglais; que l'armée de Condé était arrivée par la Suisse sur les confins du Milanais, et que Beaulieu, renforcé de soixante mille hommes, marchait sur Milan. Les prêtres, les moines, le poignard et le crucifix à la main, excitaient à la r‹volte et provoquaient l'assassinat. De tous côtés, et par tous les moyens, l'on sollicitait le peuple à s'armer contre l'armée. Les nobles avaient renvoyé leurs domestiques, disant que l'égalité ne permettait pas d'en tenir tous les affidés de la maison d'Autriche, les sbirres, les agens des douanes, se montrèrent au premier rang.

« Le peuple de Pavie, renforcé de cinq à six mille paysans, investit les trois cents hommes que j'avais laissés dans le château. A Milan, l'on essaie d'abattie l'arbre de la liberté, l'on déchire et foule aux pieds la cocarde tricolore. Le général Despinoy, commandant de la place, monte à cheval; quelques patrouilles mettent en fuite cette populace aussi lâche qu'effrénée. Cependant la porte qui conduit à Pavie est encore occupée par les rebelles, qui attendent à chaque instant les paysans pour les y introduire : il fallut,

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