Page images
PDF
EPUB
[subsumed][subsumed][ocr errors][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][merged small][merged small][graphic][merged small][subsumed][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][merged small][subsumed][merged small][ocr errors][subsumed]

FIG. 2.

[ocr errors]

Base du cerveau humain et origine apparente des nerfs crâniens (*). (*) 1, lobe frontal; 2, lobe sphénoidal; 3, corps et tiges pituitaires; 4, espace perfore antérieur; 5, tube einereum; 6, tubercules mamillaires; 7, espace interpédonculaire; 8, pédoncule cérébral; 9, protubérance annulaire; 10, pyramide antérieure; 11, olive; 12, entrecroisement des pyramides; 13, face inférieure d'un hémisphère du cervelet; 14, coupe du bulbe; 15, extrémité postérieure du vermis inferior; 16, extrémité postérieure du lobe occipital du cervean; 17, chiasma des nerfs optiques. I, nerf olfactif; II, nerf optique; III, nerf oculo-moteur commun; IV, nerf pathétique; V, nerf trijumeau; VI, nerf oculo-moteur externe; VII, nerf facial; VIII, nerf anditif; IX, nerf glosso-pharyngien; X, nerf pneumogastrique; XI, nerf spinal; XII, nerf hypoglosse. (Beaunis et Bouchard.)

les irritations ont été portées directement sur la substance blanche, sur le corps calleux, la face interne des ventricules, le septum, la surface des corps striés, etc.

Mais conclure de ces résultats que la substance des lobes cérébraux est totalement insensible est téméraire. Il se peut que l'animal ait conscience du contact, de l'irritation produite sur la substance de son cerveau sans qu'il y ait réaction, car si l'impression est faible, non douloureuse, l'animal peut fort bien ne pas chercher à s'y soustraire. L'homme seul pourrait dire s'il a conscience de ces excitations. D'autre part, on conçoit que l'ébranlement de l'encéphale et la douleur dérivés de l'ablation d'une partie des parois crâniennes puissent masquer une sensation obscure, une faible douleur résultant de la lésion des hémisphères. Aussi, pour éviter ces causes d'erreurs, je me suis contenté de faire au crâne de très-petites ouvertures à l'aide du trépan, puis de piquer et d'inciser les parties mises à nu. Dans plusieurs de ces dernières tentatives, sur le cheval et l'âne, les animaux ont paru avoir conscience de la lésion; ils ont exécuté un léger mouvement de tête, quelquefois une secousse. Toutes ces stimulations étaient pratiquées sur les parties situées en dessus du plafond des ventricules, loin, par conséquent, des pédoncules et du mésocéphale dont la sensibilité n'est pas douteuse.

Les lésions produites sur les hémisphères, si l'animal en a conscience, ne sont pas évidemment douloureuses, aussi peut-on dire que la substance de ces organes est à peu près insensible. Il est très-certain que, si dans les expériences de Haller (1) et celles de Serres (2), les chiens, les chevreaux, s'agitaient, se plaignaient, jetaient des cris lors de l'irritation des lobes cérébraux, c'est que ces observateurs allaient, à leur insu, jusqu'aux parties dont la sensibilité est incontestable, les pédoncules, le mésocéphale, le bulbe, ou exerçaient sur elles une pression, en enfonçant les instruments dans les hémisphères. Ce qui le prouve, c'est que ces mêmes lésions qu'ils voyaient douloureuses s'accompagnaient de mouvements convulsifs.

C'est sans doute un fait bien digne des méditations du physiologiste que cette insensibilité, à la douleur physique, d'un organe destiné à percevoir toutes les impressions, toutes les douleurs, même les plus faibles, et à les convertir en sensations. Elle est probablement nécessaire à l'accomplissement du rôle complexe et élevé des hémisphères cérébraux. Il faut, comme l'a dit un célèbre anatomiste, que la sphère psychique soit séparée de la sphère animale : l'insensibilité de la substance cérébrale est peut-être une des conditions de cet isolement.

Les hémisphères cérébraux ne sont pas seulement insensibles, ils sont encore inexcitables. Les stimulations produites à leur surface, dans leur profondeur, tant sur la substance blanche que sur la grise, ne provoquent ni convulsions, ni aucune autre espèce de mouvement. M. Flourens a établi ce fait avec la plus grande netteté, M. Longet l'a vérifié avec soin, et tout le monde aujourd'hui l'accepte sans contestation. Je n'ai vu, dans aucun cas, ni sur le cheval, ni sur les bêtes bovines ou les petits animaux, les piqûres, la cautérisation, l'ablation, couche par couche, des hémisphères cérébraux, déterminer le moindre mouvement, toutes les fois qu'aucune

(1) Haller, Mémoires sur la nat. sens, et irrit. des parties du corps anim., t. I, p. 200 et suiv. Lausanne, 1756.

(2) Serres, Anatomie comparée du système nerveux, t. II, p. 652.

compression ou aucun tiraillement n'était exercé sur l'isthme ou sur la moelle allongée. Bien loin de provoquer des mouvements, les irritations portées sur les lobes cérébraux tendent à affaiblir la motilité, à paralyser les muscles. Cependant Haller et plusieurs de ses disciples ont vu des convulsions, des mouvements violents se produire dans leurs expériences, sans doute parce que leurs excitations s'étendaient à une des parties si sensibles et si excitables de la moelle allongée.

Telles sont les propriétés des hémisphères cérébraux, considérés dans leur ensemble. Ils sont insensibles ou à peu près insensibles aux lésions physiques, et incapables d'exciter, sous l'influence de ces lésions, aucune action motrice. Cependant, comme nous le verrons bientôt, ils perçoivent les impressions diverses et provoquent des mouvements par une incitation résultant de leur propre activité. Cherchons à déterminer leurs fonctions.

Le rôle de ces organes que nous allons voir fort complexe, ne peut être établi directement. C'est par leur lésion partielle, leur ablation ou leur destruction, qu'on arrive à ce résultat. A l'aide de ces moyens on affaiblit, on trouble ou l'on abolit leurs fonctions. Les déductions tirées de l'expérimentation, si elles se contrôlent les unes par les autres, et si elles sont confirmées par des observations pathologiques, ont une rigueur suffisante. Le rôle des hémisphères est complexe; il est relatif aux sensations, au mouvement et aux facultés instinctives ou intellectuelles.

I. Rôle des hémisphères cérébraux relativement à la sensibilité génėrale et aux sensations.

Lorsqu'on enlève avec soin les parois antérieures du crâne, sur un mammifère ou un oiseau, qu'on excise, couche par couche, ou d'un seul coup les hémisphères cérébraux, en évitant de léser, soit l'isthme, soit les autres parties de l'encéphale, et en prenant d'ailleurs les précautions convenables pour restreindre l'hémorrhagie, voici ce qu'on observe: L'animal continue à vivre pendant quelque temps dans une sorte de torpeur. Sa sensibilité générale est émoussée et ses mouvements affaiblis. Il semble avoir perdu l'usage de ses sens, la spontanéité, l'intelligence, la volonté. Il faut y regarder de près pour constater si les sensations ne sont que très-affaiblies ou si elles sont complétement abolies, si l'intelligence est affaiblie ou perdue, etc.

Ici les résultats de l'expérimentation ne sont pas toujours semblables et laissent quelque latitude aux interprétations.

D'après M. Flourens, les oiseaux privés de lobes cérébraux auraient complétement perdu la faculté de voir, d'entendre, d'être impressionnés par les odeurs ou par les saveurs. Une poule que cet habile expérimentateur avait privée de ses lobes cérébraux et qui vécut plusieurs mois à la suite de cette mutilation, perdit manifestement l'usage de ses sens. Tout d'abord on put s'assurer qu'elle avait cessé de voir et d'entendre; plus tard, quand elle fut rétablie, il devint facile de constater qu'elle était aussi privée de la gustation et de l'olfaction; on la mettait sur un tas de blé, on lui plaçait les aliments sous les narines, on lui enfonçait le bec dans le grain, on le lui plongeait dans l'eau, on lui introduisait l'aliment à l'entrée de la bouche, mais elle ne mangeait ni ne buvait; il fallait lui porter le grain jusqu'à l'entrée du pharynx pour qu'il fût avalé, et il l'était automatiquement comme les cailloux portés au même point.

Ce qu'on observe sur les grands animaux concorde avec l'opinion de M. Flourens. Dès qu'un cheval a le cerveau enlevé, il est à peine affecté par de profondes piqûres, ou de grandes incisions à la peau; le bruit que l'on fait autour de lui ne paraît pas l'émouvoir; la lumière la plus vive ne fait pas varier l'ouverture de la pupille; le doigt porté brusquement vers l'œil ne détermine pas de mouvements des paupières ; l'ammoniaque mise à l'entrée des naseaux n'occasionne ni ébrouement, ni rien qui indique une action sur la pituitaire; des substances amères placées sur la langue ne provoquent, ni dans cet organe, ni dans les mâchoires, le moindre mouvement qui puisse porter à penser que ces substances ont impressionné les papilles gustatives; en un mot, toutes les sensations semblent anéanties. Les mêmes phénomènes s'observent chez les ruminants: une génisse à laquelle j'avais complétement détruit les deux hémisphères cérébraux se tenait encore debout et marchait assez facilement, mais elle se heurtait contre les murs, ne voyait plus les objets qu'on approchait de ses yeux, gardait, sans le mâcher, le foin qu'on lui mettait dans la bouche et n'était nullement impressionnée par le bruit d'un cor qu'on faisait sonner à ses oreilles.

Mais il faut remarquer que sur les grands mammifères la destruction des lobes, à la suite des grands délabrements du crâne et des commotions qui les accompagnent, affaiblit à un haut degré la sensibilité générale et détermine une paralysie qui met les animaux dans l'impossibilité de réagir à la suite des impressions qu'ils pourraient ressentir. Aussi arrive-t-on à des résultats plus exacts sur les petites espèces, et particulièrement sur les oiseaux dont on dénude, sans secousses, les parties encéphaliques.

Pour M. Longet (1), qui a expérimenté sur ce point avec une grande babileté et discuté avec un tact exquis les résultats des vivisections, la destruction des lobes cérébraux n'abolirait point complétement les sensations. Ce savant physiologiste a vu le pigeon, sans lobes, tourner la tête pour suivre une lumière à laquelle on faisait éprouver un mouvement de rotation, sortir de son assoupissement et regarder autour de lui lors de la détonation d'une arme à feu, se frotter les narines après l'inspiration de vapeurs ammoniacales. Il a vu également de jeunes chats mouvoir brusquement les mâchoires et repousser la coloquinte introduite dans leur bouche. M. Vulpian a constaté aussi ces faits sur lesquels j'ai porté récemment mon attention. Sans doute ces faits ne permettent pas d'admettre les conclusions de M. Flourens d'une manière absolue; mais il ne faut pas s'en exagérer la portée. Quelques-uns ont une signification équivoque, ou s'expliquent difficilement. D'abord il est des sensations qui doivent être abolies à la suite de l'ablation des hémisphères cérébraux, l'olfaction, par exemple, puisque l'ablation des hémisphères entraîne celle des couches olfactives, ou au moins la destruction du lien qui les unit au mésocéphale; puis, à la suite de cette destruction, on n'a plus les sensations délicates, nuancées, de l'état normal et déterminées par les excitations les plus légères; on n'obtient que des sensations vagues, obscures, des traces de sensations. Le mouvement de la tête provoqué par une lumière vive prouve moins peut-être la persistance de la vision qu'une vague sensation comparable à celle qu'une lumière éclatante produit sur l'œil à travers les paupières rapprochées; l'agitation brusque suscitée par la détonation d'une arme à feu s'explique aussi bien par les impressions tactiles produites (1) Longet, Traité de physiologie, t. III, p. 158-159. Paris, 1850.

consécutivement aux vibrations de l'air que par la persistance de l'audition; l'impression de l'ammoniaque a porté plus sur la sensibilité générale de la pituitaire que sur sa sensibilité olfactive. Toutefois, puisque ces impressions sont traduites, il faut bien admettre qu'elles sont perçues à un certain degré par d'autres parties demeurant intactes. D'après M. Longet (1), le mésocéphale serait leur premier centre perceptif. Il effectuerait un commencement, un préliminaire de perception.

Il est donc probable que la sensation est un phénomène nerveux plus complexe qu'il ne le paraît au premier abord, phénomène qui commence à s'accomplir d'une manière confuse dans l'isthme de l'encéphale, qui s'achève, prend sa forme vive, distincte, sa nuance de sensation complète dans les hémisphères chargés de l'apprécier, pour en faire le principe d'une idée ou d'une opération intellectuelle.

Un grand nombre de considérations tirées, les unes de la physiologie, les autres des faits pathologiques, confirment le fait de ces attributions perceptives des hémisphères. En effet, lorsque le cerveau est absorbé par les travaux intellectuels, distrait par une cause quelconque, les sensations deviennent faibles et confuses; on n'entend plus les bruits, on ne perçoit plus les saveurs et les odeurs. Lorsque le cerveau est comprimé par un épanchement séreux ou sanguin, par une fracture des parois du crâne, les sensations deviennent plus ou moins obtuses.

La sensibilité générale n'est point abolie par l'ablation des lobes cérébraux, non plus que la sensibilité tactile, ni la sensibilité à la douleur. MM. Flourens, Magendie, Longet, ont noté que les animaux privés de leurs hémisphères étaient encore sensibles aux piqûres et aux diverses excitations fortes. Cependant cette sensibilité s'affaiblit considérablement, surtout sur les mammifères de grande taille, tels que le cheval et le bœuf, au point que souvent les piqûres d'épingle, même les coups de scalpel donnés sur la peau, ne provoquent plus de réaction. C'est sur les oiseaux que l'affaiblissement de la sensibilité est alors le moins prononcé.

Les hémisphères paraissent avoir sur les sensations et sur la sensibilité générale une action croisée.

M. Flourens a observé que la destruction de l'un d'eux entraîne la perte de la vue du côté opposé. J'ai constaté, sur un âne, que cette action croisée existe également pour la sensibilité générale. Après avoir détruit en partie le lobe cérébral droit, j'ai vu que l'animal s'agitait vivement quand on lui frappait l'oreille droite, ou lorsqu'on lui piquait la peau du même côté, tandis qu'il s'agitait à peine à la suite des coups portés sur l'oreille gauche ou des piqûres faites à gauche en diverses parties du corps. J'avoue cependant que, dans quelques circonstances, il n'y a pas eu de différence bien appréciable entre la sensibilité de l'une des moitiés du corps et celle de la moitié opposée.

II. Rôle des hémisphères cérébraux relativement aux mouvements. Les hémisphères cérébraux qui ne sont excitables en aucun point de leur étendue, ni à l'extérieur, ni à l'intérieur, exercent cependant une influence incitatrice sur les mouvements. Ils sont le point de départ des volitions qui commandent les mouvements, volitions impuissantes par elles-mêmes, mais qui stimulent la moelle allongée d'où émane l'action provocatrice de la contraction musculaire. Ils ont (1) Longet, ouvr. cité, t. III, p. 158.

« PreviousContinue »