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SCÈNE II.

HARPAGON, CLÉANTE, ELISE, VALERE, Me JACQUES, BRINDAVOINE, LA MERLUCHE.

HARPAGON.

Vous, Brindavoine, & vous, la Merluche, je vous établis dans la charge de rincer les verres, & de donner à boire, mais feulement lorfque l'on aura foif, & non pas, felon la coutume de certains impertinens de laquais, qui viennent provoquer & les faire avifer de boire, lorsqu'on n'y fonge pas. Attendez qu'on vous en demande plus d'une fois, & vous reffouvenez de porter toujours beaucoup d'eau.

les

gens,

MC JACQUES à part.

Oui, Le vin pur monte à la tête.

LA MER LUCHE.

Quitterons-nous nos fouguenilles, Monfieur ?

HARPAGON.

Oui, quand vous verrez venir les personnes, & gardez bien de gâter vos habits.

BRINDAVO IN E.

Vous favez bien, Monfieur, qu'un des devans de

mon

mon pourpoint eft couvert d'une grande tache de l'huile de la lampe.

LA MERLUCHE.

Et moi, Monfieur, que j'ai mon haut-de-chauffes tout troué par derrière, & qu'on me voit, révérence parler...

HARPAGON à la Merluche.

Paix rangez cela adroitement du côté de la muraille, & présentez toujours le devant au monde, (à Brindavoine, en lui montrant comment il doit mettre fon chapeau au-devant de fon pourpoint, pour ca

cher la tache d'huile.

Et vous, tenez toujours votre chapeau ainfi, lorfque vous fervirez.

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HARPAGON, CLÉANTE, ELISE, VALERE, MAISTRE JACQUES.

POUR

HARPAGON.

OUR vous, ma fille, vous aurez l'œil fur ce que l'on deffervira, & prendrez garde qu'il ne s'en faffe aucun dégât. Cela fied bien aux filles. Mais cependant préparez-vous à bien recevoir ma maîtreffe qui vous doit venir vifiter, & vous mener avec elle à la foire. Entendez-vous ce que je vous dis ?

Tome V.

F

Oui, mon père.

ELISE.

SCENE I V.

HARPAGON, CLEANTE, VALERE, MAISTRE JACQUES.

HARPAGON.

ET VOUS, mon fils le damoiseau, à qui j'ai la bonté de pardonner l'hiftoire de tantôt, ne vous allez pas avifer non plus de lui faire mauvais visage. CLÉANTE.

Moi, mon père? Mauvais vifage! Et par quelle raifon ?

HARPAGON.

Mon Dieu! nous favons le train des enfans dont les pères fe remarient, & de quel œil ils ont coutume de regarder ce qu'on appelle belle-mère. Mais fa vous fouhaitez que je perde le souvenir de votre dernière fredaine, je vous recommande, fur-tout, de régaler d'un bon vifage cette perfonne-là, & de lui faire enfin tout le meilleur accueil qu'il vous fera poffible.

CLÉANTE.

A vous dire le vrai, mon père, je ne puis pas vous

promettre d'être bien-aife qu'elle devienne ma belle-mère. Je mentirois, fi je vous le disois; mais, pour ce qui eft de la bien recevoir, & de lui faire bon vifage, je vous promets de vous obéir ponctuellement fur ce chapitre.

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Vous verrez que vous n'aurez pas fujet de vous en plaindre.

HARPAGÓN.

Vous ferez fagement,

SCÈNE V.

HARPAGON, VALERE, MAISTRE JACQUES.

23 HARPAGON.

VALERE, aide-moi à ceci. Or-çà, maître Jacques, approchez-vous je vous ai gardé pour le dernier.

Me JACQUES.

Eft ce à votre cocher, Monfieur, ou bien à votre cuifinier que vous voulez parler? car je fuis l'un & l'autre.

C'est à tous les deux.

HARPAGON.

M JACQUES.

Mais à qui des deux le premier ?

HARPAGO N.

Au cuifinier.

Me JACQUES.

Attendez donc, s'il vous plaît.

(Me Jacques ôte fa cafaque de cocher, & paroî vêtu en cuifinier.)

HARPAGON.

Quelle diantre de cérémonic eft ce-là?

Mc. JACQUES.

Vous n'avez qu'à parler.

HARPAGON.

Je me fuis engagé, maître Jacques, à donner ce

foir à fouper.

Me JACQUES, à part.

Grande merveille!

HARPAGON.

Dis-moi un peu : Nous feras-tu bonne chère?
M. JACQUES.

Oui, fi vous me donnez bien de l'argent.

HARPAGON.

Que diable, toujours de l'argent ! Il semble qu'ils

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