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SCÈNE II.

LES MINISTRES DU DESTIN, PÉLÉE.

PÉLÉE.

MINISTRES du Destin, je viens pour vous apprendre
Que dans ces lieux Neptune va se rendre
Neptune vient vous consulter;

Quel spectacle plus doux peut jamais vous flatter!

CHOEUR.

O Destin! quelle puissance

Ne se soumet pas à toi ?

Tout fléchit sous ta loi;

Tes ordres n'ont jamais trouvé de résistance.
O Destin! quelle puissance

Ne se soumet pas à toi?

UN DES MINISTRES.

Les Dieux ont partagé le monde,
Et leur pouvoir est différent;
Mais ton vaste empire comprend
Les cieux, l'enfer, la terre et l'onde.
Les Dieux ont partagé le monde,

Mais tu réunis tout sous un pouvoir plus grand.
PÉLÉE.

Daignez aussi sur mes peines secrètes,
Des arrêts du. Destin être les interprètes.

CHOEUR.

Nous ne répondons point aux mortels curieux, L'oracle du Destin n'est que pour les grands Dieux. (Les Ministres sortent.`)

CIEL!

SCÈNE III.

PÉLÉE.

en voyant ce temple redoutable,

De quel frémissement je me sens agité!

C'est ici qu'il est arrêté

Si je dois être heureux ou misérable.
Cet ordre, quel qu'il soit, doit être exécuté :
Mais l'avenir impénétrable

Le cache encor dans son obscurité.
Quel doute insupportable!
Qu'un amant est tourmenté!

Inflexible Destin, dans tes lois éternelles,
N'as-tu suiyi qu'un aveugle hasard?

Hélas! n'as-tu point eu d'égard

Pour les amans fidèles?

Non, non, je tâche en vain à flatter mes ennuis;
Par l'état où tu me réduis

Je reconnais déjà l'effet de tes caprices;
Et n'exerces-tu pas toujours
Tes plus cruelles injustices
Sur les plus fidèles amours?

SCÈNE I V.

PÉLÉE, DORIS.

DORIS.

Ou je me trompe, ou c'est votre tendresse
Qui dans ces lieux vous amène avec nous.
A l'arrêt du Destin votre cœur s'intéresse ;
Mais je crains qu'il ne donne une aimable déesse
A quelque Dieu plutôt qu'à vous.

PÉLÉE.

Je ne crains ni n'espère.
L'avenir qui m'est préparé
Saura toujours me plaire;
Et le destin peut faire
Ses arrêts à son gré.

DORIS.

Je connais votre flamme.

C'est en vain que vous déguisez.

PÉLÉE.

Plus vous voulez pénétrer dans mon âme,

Plus vous vous abusez.

SCÈNE V.

(Il sort. )

JE

DORIS.

E ne le vois que trop, mes feux sont méprisés; J'ai cru que l'on m'aimait, j'ai pris des espérances Sur de trop faibles apparences.. Ciel! quelle honte pour mon cœur D'être tombé dans une erreur si vaine ! Et quelle peine

De renoncer à cette douce erreur!

Mais que sert ma plainte impuissante?

Il faut punir et se venger.

Que par ses maux l'ingrat ressente

Dans quels maux il m'a su plonger;
Il faut punir et se venger.
Tout ce que la fureur présente
Est permis pour se soulager;

Il faut punir et se venger.

SCÈNE V I.

NEPTUNE, DORIS, suite de Neptune.

NEPTUNE.

Qu'on ne me suive plus; allez, que l'on m'attende :

Je veux que sans témoins cet oracle se rende.

CÉDEZ

SCÈNE VII.

NEPTUNE.

pour quelque temps, importune grandeur,
Cédez au tendre amour qui règne dans mon cœur.
Moi, que les vastes mers reconnaissent pour maître,
Je viens en tremblant reconnaître

Un plus grand pouvoir dans ces lieux;
L'amour qui m'y réduit sait abaisser les dieux,
Sa force contre nous affecte de paraître.

Cédez pour quelque temps, importune grandeur,
Cédez au tendre amour qui règne dans mon cœur.
SCÈNE VI I.

NEPTUNE, MINISTRES DU DESTIN.

UN DES MINISTRES.

DIEU de la mer, quel sujet vous amène?

NEPTUNE.

Mon amour pour Thétis cause toute ma peine;
Jupiter vient troubler mes feux;
Prononcez qui de nous verra remplir ses vœux.

UN DES MINISTRES.

Destin, un grand Dieu te demande
Quel succès tu veux qu'il attende;
Dans tes secrets il cherche à pénétrer;

Daigneras-tu les déclarer?

(Le ministre est saisi tout-à-coup d'une espèce d'enthousiasme,

et il continue.)

Qu'un respect plein d'épouvante

Fasse tout trembler,

L'avenir va se révéler.

Que tout l'univers ressente
Un respect plein d'épouvante,
Le Destin est prêt à parler.

CHOEUR.

Qu'un respect plein d'épouvante
Fasse tout trembler,

L'avenir va se révéler.

Que tout l'univers ressente
Un respect plein d'épouvante,
Le Destin est prêt à parler.

(On entend une voix qui sort du fond du temple. )

ORACLE.

Ecoutez, Dieu de l'onde,

Tout ce que le Destin permet qu'on vous réponde.
L'époux de la belle Thétis

Doit être un jour moins grand, moins puissant que son fils;
Tout le reste est caché dans une nuit profonde.

NEPTUNE.

Ah! quel oracle je reçoi !

Quel arrêt menaçant! quelle funeste loi!

ACTE IV.

Le théâtre représente un lieu désert au bord de la mer. SCENE PREMIÈRE.

JUPITER, DORIS.

JUPITER.

DANS quel étonnement votre discours me jette!
Thétis pourrait brûler d'une flamme secrète ?
Neptune à Jupiter est-il donc préféré ?

DORIS.

Non; un simple mortel, Pélée est adoré.

Je viens de voir encor ces deux amans ensemble;
Ils se cherchent partout, et se trouvent toujours.

JUPITER.

Quoi! lorsque sous mes lois il n'est rien qui ne tremble, Un mortel oserait traverser mes amours?

DORIS.

Thétis vient en ces lieux, et vous pouvez vous-même
Vous éclaircir dans cet instant.

SCÈNE II.

JUPITER, THÉTIS.

JUPITER.

DÉESSE, expliquez-vous sur le sort qui m'attend.
Jupiter ne veut point que sa grandeur suprême
Lui fasse auprès de vous un mérite éclatant;
Il ne veut s'en servir qu'à prouver qu'il vous aime,
En vous la soumettant.

THÉTIS.

Neptune, ainsi que vous, prétend à ma tendresse ;

Il est le dieu des mers, j'en suis une déesse,
Je dois redouter son courroux:

Il ne m'est pas permis de choisir entre vous.

JUPITER.

Tant d'égards, tant de prévoyance,
Sont des effets d'indifférence;

Ces timides ménagemens

Ne sont pas faits pour les amans.

THÉT IS.

Vous savez quelle est ma fortune,
Le Destin m'a soumise au maître de la mer.

JUPITER.

Si vous aimiez Jupiter,

Vous craindriez moins Neptune.

Mais, que me veut Protée? Il le faut écouter.

SCÈNE III.

JUPITER, THÉTIS, PROTÉE.

NEPTUNE

PROTÉE à Jupiter.

EPTUNE m'a chargé de venir vous apprendre Qu'à l'hymen de Thétis il cesse de prétendre, Qu'il n'a plus le dessein de vous la disputer.

JUPITE R.

Quel bonheur imprévu vient ici me surprendre?
Ah! ma reconnaissance aura soin d'éclater:
Dis-lui qu'il en doit tout attendre.

RIEN D'

SCÈNE I V.

JUPITER, THÉTIS.

JUPITER.

IEN n'est donc plus contraire au succès de mes vœux; Vous m'opposięz un obstacle qui cesse.

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