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XLIV.

Vers pour mettre au bas du Portrait de TA-
VERNIER, le célèbre Voyageur.
De Paris à Delli, du Couchant à l'Aurore,

Ce fameux Voyageur courut plus d'une fois :
De l'Inde & de l'Hydafpe il fréquenta les Rois:
Et fur les bords du Gange on le révère. encore.
5 En tous lieux fa vertu fut fon plus fûr appui;
Et, bien qu'en nos climats de retour aujourd'hui,
En foule à nos yeux il préfente

Les plus rares tréfors que le Soleil enfante;
Il n'a rien rapporté de fi rare que lui.

Vers

XLV.

pour mettre au bas du Portrait de mon Pere.

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4

N'eut point le talent redouté :
Mais fameux par fa probité,

5 Refte de l'or du Siècle antique,
Sa conduite dans le Palais

Par-tout pour exemple citée,
Mieux, que leur plume fi vantée,

Fit la Satire des Rolets.

XLVI.

Épitaphe de la Mere de l'Auteur.
Époufe d'un Mari doux, fimple, officieux,

Par la même douceur je fus plaire à fes yeux:
Nous ne fûmes jamais ni railler, ni médire.

Paffant, ne t'enquiers point, fi de cette bonté

Tous mes Enfans ont hérité :

Lis feulement ces Vers, & garde toi d'écrire.

XLVII.

Sur un Frere ainé que j'avois, & avec qui j'étois brouillé.

De

e mon Frere, il eft vrai, les Écrits font vantés:

Il a cent belles qualités;

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VERS 9. Fit la Satire des Rolets.) Lettres. Les Écrits de ces trois ilVoyez le Vers 52. de la Satire I. & les Remarques.

EPIGR. XLVI. ANNE DE NIELLE, feconde Femme de Mr. Boileau le Greffier, mourut en 1637. âgée de 23. ans. De ce mariage font nes Gilles, Jaques, & Nicolas Bo 1LEAU, qui fe font extrêmement diftingués dans la République des

luftres Freres marquent affez le penchant qu'ils ont eu pour la Satire. Cette Epitaphe fut faite en 1670.

* C'eft Elle qui parle.

VERS 4. Paffant, ne t'enquiers point, fi de cette bonté &c.] Le Pere de notre Auteur faifant un jour le caractère de fes Enfans, dit en

Mais il n'a point pour moi d'affection fincère.

En lui je trouve un excellent Auteur,

Un Poëte agréable, un très-bon Orateur:
Mais je n'y trouve point de Frere.

XLVIII.

Vers pour mettre fous le Portrait de Mr. DE LA BRUYERE, au devant de fon Livre des CARACTÈRES DE CE SIÈCLE.

*

Tout efprit orgueilleux, qui s'aime,

Par mes leçons fe voit guéri;

Et dans mon Livre fi chéri

Apprend à fe haïr foi-même.

XLIX.

Épitaphe de Mr. ARNAULD, Dodeur

de Sorbone.

Au pied de cet Autel de structure groffière,

Gît fans pompe enfermé dans une vile bière,

parlant de celui-ci: Pour Colin, c'eft un bon garçon, qui ne dira jamais du mal de perfonne.

EPIGR. XLVII. Il s'appelloit GILLES BOILEAU, & étoit de l'Académie Françoife. Il mourut en 1669. Nous avons parlé de la jaloufie qu'il avoit conçue contre Mr. Despreaux, fon frere cadet. Voyez les Remarques fur le Vers 94. de la Satire I.

O ij

EPIGR. XLVIII. JEAN DE LA BRUYERE, Gentilhomme de Mr. le Prince, mourut à Paris le 10. de Mai, 1696. Il étoit de l'Académie Françoife.

C'eft lui qui parle.

EPIGR. XLIX. M. ARNAULD mourut en Flandres, le 8. d'Août, 1694. âgé de 82. ans & demi.

Le plus favant mortel qui jamais ait écrit, ARNAULD,qui fur la Grace inftruit par JESUS-CHRIST,, 5 Combattant pour l'Églife, a dans l'Eglife même

Souffert plus d'un outrage & plus d'un anathême.
Plein du feu qu'en fon cœur fouffla l'Efprit divin,
Il terraffa Pélage, il foudroya Calvin,

De tous les faux Docteurs confondit la Morale.
10 Mais, pour fruit de fon zele, on l'a vû rebuté,
En cent lieux opprimé par leur noire Cabale,
Errant, pauvre, banni, profcrit, perfécuté.
Et même par fa mort leur fureur mal éteinte
N'auroit jamais laiffé fes cendres en repos,
15 Si Dieu lui-même ici, de fon Ouaille fainte,
A ces Loups devorans n'avoit caché les os.

VERS 10. Mais, pour fruit &c.) Ce Vers & les deux fuivans étoient ainfi dans la premiere compofition.

Cependant, pour tout fruit de tant

d'habileté,

enterré. On ignore, dit Mr. BAYLE, le lieu, où Mr. Arnauld mourut: on croit, que ce fut dans un village du Pays de Liège. On fait encore moins, ajoute-t-il, le lieu où il eft enterré; & c'eft l'une des Conformités que fes amis ont marquées entre fon deftin

En cent lieux opprimé par leur noire & celui de Moife. Dict. Hift. &

Cabale,

Il fut errant, banni, trahi, perfé

cuté.

S. VERS 15. & 16. Si Dieu lui même ici, &c.) Mr. Despreaux parle ici des Jefuites, ennemis mortels de Mr. ARNAULD, & qui l'ont tellement perfécuté, qu'il fut obligé, de fe refugier en Flandres, où l'on a caché foigneufement le lieu de fa retraite, & même celui où il a été

Crit. à l'article de Mr. Arnauld.
DU MONTEIL.

EPIGR. L. JEAN HAMON, célèbre Médecin de la Faculté de Paris, s'étoit retiré à Port-Royal des Champs; s'employant au fervice des Pauvres malades de la Canıpagne, qu'il visitoit toûjours à pied. Il a vécu 69. ans, & eft mort le 22. de Février, 1687. Il avoit pris foin particulièrement des études de Mr. RACINE à Port-Royal, avec Mr. LE MAITRE: & par reconnoiffan

L.

Vers pour mettre au bas du Portrait de Mr. HAMON.

Tout brillant de favoir, d'esprit, & d'éloquence,

Il courut au Défert chercher l'obscurité,

Aux Pauvres confacra fes biens & fa fcience;
Et trente ans dans le jeune, & dans l'austérité,
Fit fon unique volupté

Des travaux de la Pénitence.

LI.

Vers pour mettre au bas du Portrait de Mr. RACINE,

Du

u Théatre François l'honneur & la merveille, Il fut reffufciter Sophocle en fes Écrits;

Et dans l'art d'enchanter les coeurs & les efprits, Surpaffer Euripide, & balancer Corneille.

ce, Mr. Racine voulut être enterré à Port-Royal, aux pieds de Mr. Hamon, Les Médecins de Paris ont voulu avoir fon Portrait dans leur Salle, comme une marqué éternelle de la véneration qu'ils confervent pour fa mémoire.

O iij

tems quelque Critique fe donne la licence de rétablir mon Vers de la manière que je l'avois fait. Son fentiment eft expliqué dans la feptième Réflexion critique fur Longin, où il dit, en parlant du grand CORNEILLE, que non feulement on ne trouve point mauvais, qu'on lui comEPIGR. LI, Vers 4. Et pare aujourd'hui Mr. Racine, mais balancer Corneille.) C'eft-à-dire : Ba- qu'il fe trouve même quantité de gens lancer la réputation que Corneille s'étoit qui le lui préférent. La Poftérité juacquife en France. Notre Auteur gera qui vaut le mieux des deux. Car, avoit d'abord difpofé fon Vers ainfi: ajoute-t-il, je fuis perfuadé, que les Balancer Euripide, & furpaffer Cor- Ecrits de l'un & de l'autre pafferont neille; & il ne le changea que pour aux fiècles fuivans, Mais jufques-là, ne point irriter les Part fans outrés ni l'un ni l'autre ne doit être mis en de Corneille. Je ne ferai point fa- parallèle avec Euripide, & avec Soché, disoit-il, que dans la fuite des phocle, puifque leurs Ouvrages n'ont

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