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Et fes Arrêts par Arbouville 8 Sont à plein verre exécutés.

Si Bourdaloue un peu févere
Nous dit: Craignez la Volupté:
Efcobar, lui dit-on, mon Pere,
12 Nous la permet pour la fanté.

Contre ce Docteur authentique,
Si du jeûne il prend l'intérêt :-
Bacchus le déclare héretique,
16 Et Janféniste, qui pis eft,

Effectivement le P. Bourdaloue avoit pris d'abord très - férieufement cette plaifanterie, & dans fa colère il dit au P. Rapin: Si Mr. Despreaux me chante, je le prêcherai.

,,étoient Madame DE CHALU „Mr, d'ARBOUVILLE, qui ,,CET, mere de Madame DE BA-,,vient après, étoit un Gentil,,VILLE; une Madame HELYOT, ,,homme, Parent de Mr. le Premier ,,qui avoit une Terre affez proche,,Prefident; il bûvoit volontiers à ,,de Bâville; & une Madame DE,,plein verre. ,,LA VILLE, femme d'un fameux ,,Traitant. Celle-ci ayant chanté ,,à table une Chanfon à boire, ,,dont l'air étoit fort joli, mais les ,,paroles très - méchantes; tous les ,,Conviés, & le P. BOURDA ,,LOUE entre autres, qui étoit de ,,la nôce, auffi bien que le P. RA,,PIN, m'exhortèrent à y faire de ,,nouvelles paroles, & je leur rap,,portai le lendemain les quatre Ils ,Couplets que vous voyez. ,,réuffirent fort, à la referve des ,,deux derniers qui firent un peu re,,frogner le P. Bourdaloue, Pour ,, le P. Rapin, il entendit raillerie, ,,& obligea même le P. Bourdaloue ,,à l'entendre auffi. Au lieu de Trois Mufes en habit de ville, il ,,y avoit, Chalucet, Hélyot, La Ville.

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VERS 11, Efcobar.) Théologien & Cafuifte fameux.

EPIGR. XXXIX. Le Vers Grec, rapporté au commencement, eft tout feul dans l'Anthologie; & notre Auteur y a joint une petite Narration qui prépare & amène le fens du Vers. Cette Epigramme fut faite le 12. de Décembre, 1702. Mr. CHARPENTIER en avoit fait une fur le même sujet.

XXXIX.

Sur HOMER E.

Η ειδον μὲν ἐγών: ἐχάρασσε δε Θείος Όμηρος.

Cantabam quidem ego: fcribebat autem

Quan

Dius Homerus.

uand la dernière fois, dans le facré Vallon, La Troupe des neuf Soeurs, par l'ordre d'Apollon, Lût l'Iliade & l'Odyffée;

Chacune à les louer fe montrant empreffée; 5 Apprenez un fecret qu'ignore l'Univers,

Leur dit alors le Dieu des Vers:

Quand Apollon vit le Volume,,,la mienne, Apollon, c'eft-à-dire,

Qui, fous le nom d'Homere,

toit l'Univers:

,,le Génie feuf, eft au milieu des

enchan-,,Mufes, à qui il déclare, qu'elles ,,ne fe trompent pas dans l'ad,,miration qu'elles ont de ces ,,deux grands Chefs-d'oeuvre, puis

Je me souviens, dit-il, que j'ai dicé „,que c'eft lui qui les a compofés

ces Vers,

Et qu'Homere tenoit la plume.

,dans une espèce d'enthoufiafme ,,& d'ivreffe, qui ne lui permet,,roit les avoit recueillis. pas d'écrire; & qu'Homere C'est donc ,,le mot d'ivreffe qui fauve tout, ,,Cela eft affez concis, & affez bien,,& qui fait voir, pourquoi Apol „tourné, difoit Mr. Despreaux dans „lon avoit tant tardé a dire aux deux Lettres, du 4. Mars, & du 3.,,neuf Sœurs, qu'il étoit l'Auteur Mais le Volume eft de ces deux Ouvrages; fe foucet endroit, &,,venant à peine de les avoir je n'aime point ce mot de Palais,,,faits. Tenoit la Plume. D'ailleurs, ajoû

Juillet, 1703.

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,,un mot fort bas

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toit-il, quel air l'Auteur de cette VERS 5.& 6. Apprenez un fecret, ,,derniere Epigramme donne-t-il &c. Leur dit alors, &c.] Au lieu à Apollon, qu'il fuppofe lifant ces de ces deux Vers, il n'y avoit que ,,deux Ouvrages dans fon Cabinet, celui-ci dans la premiere compofi,,& fe difant à lui-même: c'eft moi tion: De leur Auteur, dit-il, appre qui les ai dictés? Au lieu que dans nez le vrai nom.

ΤΟ

Jadis avec Homere, aux rives du Permesse,
Dans ce Bois de Lauriers, où feul il me fuivoit,
Je les fis toutes deux, plein d'une douce ivreffe.
Je chantois; Homere écrivoit.

XL.

Vers pour mettre fous le Bufte du Ror. C'eft ce Roi fi fameux dans la paix, dans la guerre,

Qui fait feul à fon gré le deftin de la Terre. Tout reconnoit fes Loix, ou brigue fon appui. De fes nombreux combats le Rhin frémit encore; 5 Et l'Europe en cent lieux a vu fuir devant lui Tous ces Héros fi fiers, que l'on voit aujourd'hui Faire fuir l'Othoman au delà du Bosphore.

XLI.

Vers faits pour mettre au bas d'un Portrait de Monfeigneur le Duc du MAINE.

Q

uel eft cet Apollon nouveau, Qui prefque au fortir du berceau

EPIGR. XL. Mr. de Louvois, ayant fait graver le portrait du Roi, chargea Mr. Racine & Mr. Despreaux de faire des Vers pour être mis fous le portrait. Mr. Racine eut plûtôt fait les fiens, & ils furent gra. vés. Ceux de Mr. Despreaux furent deftinés à fervir d'Infcription au bufte du Roi, fait par le fameux GIRARDON, l'année que les Allemands prirent Belgrade: 1687.

EPIGR. XLI. Monfeigneur le Duc du MAINE, étant encore enfant, avoit écrit quelques Lettres

fort fpirituelles, que l'on fit imprimer par galanterie. Au devant du Volume, le jeune Prince étoit repréfenté en Apollon, avec une cou ronne de lauriers fur la tête. Mr. Racine compofa l'Épître dédicatoire au Roi, & Mr. Despreaux fit les Vers du Portrait. Les derniers Vers étoient de cette manière:

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Du plus grand des Mortels je reconnois le fils.

Il a déja la fierté de fon Pere,

5

Vient regner fur notre Parnaffe?

Qu'il eft brillant! qu'il a de grace!

Du plus grand des Héros je reconnois le fils.

Il eft déja tout plein de l'efprit de fon Pere;

Et le feu des yeux de fa Mere

A paffé jufqu'en fes Écrits.

XLII.

Vers pour mettre au bas du Portrait de Mademoifelle de LAMOIGNON.

Aux

Lux fublimes vertus nourrie en fa Famille,
Cette admirable & fainte Fille

En tous lieux fignala fon humble piété;
Jufqu'aux climats où naît & finit la clarté,
Fit reffentir l'effet de fes foins fecourables;
Et, jour & nuit, pour Dieu pleine d'activité,
Confuma fon repos, fes biens & fa fanté,
A foulager les maux de tous les Miférables.

Et le feu des yeux de fa Mere A paffé jufqu'en fes Ecrits. EPIGR. XLII. MAGDE LAINE DE LAMOIGNON, Soeur de Mr. le Premier Préfident, a vécu dans une pratique continuelle des vertus Chrétiennes. Elle étoit douée fur-tout d'une grande douceur, & d'une ardente charité pour les Pauvres. Le Roi lui avoit confié la diftribution de fes aumônes, & cette fainte Fille faifoit tenir de l'argent à beaucoup de Mif

fionnaires, jufques dans les Indes Orientales & Occidentales, comme l'indique le quatrième Vers. Elle appelloit ordinairement Mr. Des preaux fon Directeur; mais elle vouloit quelquefois le diriger à fon tour. Ainfi elle ne trouvoit pas bon, qu'il fit des Satires, parce qu'elles bleffent la Charité. Mais ne me permettriez-vous pas, lui dit-il un jour, d'en faire contre le Grand Turc, ce Prince infidele, l'Ennemi de notre Religion? Contre le Grand Turc! reprit Mademoiselle de La

XLIII.

A Madame la Préfidente de LAMOIGNON, fur le Portrait du Pere BOURDALOU E, qu'elle m'avoit envoyé.

Du plus grand Orateur dont la Chaire se vantes

M'envoyer le portrait, illuftre Préfidente,

C'eft me faire un préfent qui vaut mille préfens, J'ai connu Bourdaloue; & dès mes jeunes ans, 5 Je fis de fes Sermons mes plus chères délices. Mais, lui de fon côté, lifant mes vains caprices, Des Cenfeurs de Trevoux n'eut point pour moi les yeux. Ma franchise fur-tout gagna fa bienveillance. Enfin, après Arnauld, ce fut l'Illuftre en France, 10 Que j'admirai le plus, & qui m'aima le mieux.

XLIV.

Il mourut à Mofcou, en 1689. étant âgé de 89. ans; & retournant aux Indes pour la feptième fois.

moignon. Ho, non c'eft un Sou- étoit Calvinifte.
verain; & il ne faut jamais manquer
de refpect aux perfonnes de ce rang.
Mais contre le Diable, repliqua Mr.
Despreaux, vous me le permettriez
bien? Non, dit-elle encore, après
un moment de réflexion, Il ne faut
jamais dire du mal de perfonne.

EPIGR. XLIII. Le P. Bourdaloue mourut le 13. de Mai, 1704. Quelque tems auparavant, les Auteurs du Journal de Trevoux avoient écrit contre Mr. Despreaux.

Capitale de l'Empire du Grand
VERS I. De Paris à Delli.] Ville
Mogol, dans les Indes Orientales.

VERS 3. De l'Inde & de l'Hydafpe.) Fleuves du même Pays.

VERS 4. Et fur les bords du

EPIGR. XLIV. JEAN-BAPTISTE Gange.) Autre Fleuve confidérable TAVERNIER, Baron d'AUBONNE, des Indes.

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