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De tant d'Écrivains divers,

Chez Coignard rongés des vers,

Un Poëte comparable

A l'Auteur inimitable

15 De Peau-d'Ane mis en Vers.

XXVI.

Sur la réconciliation de L'AUTEUR & de
MR. PERRAULT.

Tout le trouble Poëtique

A Paris s'en va ceffer.
Perrault l'anti-Pindarique,
Et Despreaux l'Homérique,
5 Confentent de s'embraffer.
Quelque aigreur qui les anime,
Quand, malgré l'emportement,
Comme eux l'un l'autre on s'eftime,

L'accord fe fait aifément.

10 Mon embarras eft, comment
On pourra finir la guerre
De Pradon & du Parterre.

VERS 12. Chez Coignard.] Libraire de Mr. Perrault.

VERS 15. De Peau-d'Ane mis en Vers.] En ce tems - là Mr. Perrault avoit rimé le Conte de Peau-d'Ane. EPIGR. XXVI. Cette Epigramme fut faite en 1699. Elle eft inférée dans une Lettre que l'Auteur écrivit à Mr. Perrault, après leur réconci liation, & qui eft imprimée ci-après, Lettre IV, Tom. IV.

EPIGR. XXVII. En 1701. l'on publia en Hollande une édition des Ouvrages de Mr. Despreaux, dans laquelle on avoit mis, au bas des pages, quelques endroits qu'il avoit imités des Poëtes Latins. Les Auteurs du Journal qui s'imprime tous les Mois à Trévoux, en donnerent un Extrait au Mois de Septembre, 1703. dans lequel ils difoient entr'autres chofes qu'en parcourant ce

XXVII.

Aux RR. PP. JESUITES, Auteurs du Journal de Trévoux.

Mes Reverends Peres en Dieu,

Et mes Confreres en Satire,

Dans vos Écrits, en plus d'un lieu,

Je vois, qu'à mes dépens vous affectez de rire. 5 Mais ne craignez-vous point que, pour rire de vous, Relifant Juvenal, refeuilletant Horace,

Je ne ranime encor ma fatirique audace?
Grands Ariftarques de Trévoux,

N'allez point de nouveau faire courir aux armes
10 Un Athlète tout prêt à prendre son congé,
Qui par vos traits malins au combat rengagé
Peut encore aux Rieurs faire verfer des larmes.-

15

Apprenez un mot de Regnier *

Notre célèbre Dévancier :

Corfaires attaquant Corfaires

Ne font pas, dit-il, leurs affaires.
Nij

* Satire XII. de Regnier, à la fin.

Volume, on trouve, que les pages font plus ou moins chargées de Vers Latins imités, felon que certaines Pièces de Mr. Despreaux ont été communément plus ou moins eftimées. Après quoi ils remarquoient, qu'on n'en trouvoit point dans la dixième Satire contre les Femmes, ni dans l'Épitre fur l'Amour de Dieu. Mr. Despreaux crût voir un air de raillerie dans

ces paroles, dont il fe tint offenfé; puifqu'on le représentoit comme un grand Imitateur, qui devoit toute fa réputation aux plus beaux endroits des Anciens, qu'il avoit fait paffer dans fes Ouvrages. C'est ce qui lui fit faire cette Epigramme, qu'il appelloit auffi une petite Épître. Le P. DU RUS, Jefuite, y répondit par l'Epigramme fuivante.

5

XXVIII.

Réponse à Mr. DESPREAUX.

Les Journalistes de Trevoux,

Illuftre Héros du Parnaffe,

N'ont point cru vous mettre en courroux,

Ni ranimer en vous la fatirique audace,

Dont par le grand Arnauld vous vous croyez abfous.

Ils vous blâment fi peu, d'avoir fuivi la trace

De ces grands Hommes, qu'avec grace

Vous traduifez en plus d'un lieu;

Que,pour l'amour de vous,ils voudroient bien qu'Horace tos Eût traité de l'Amour de Dieu.

XXIX.

Replique de Mr. DESPREAUX aux mêmes.
Non, pour montrer, que Dieu veut être aimé de nous,

Je n'ai rien emprunté de Perfe, ni d'Horace,
Et je n'ai point fuivi Juvenal à la trace.

Car, bien qu'en leurs Écrits,ces Auteurs, mieux que vous, 5 Attaquent les erreurs dont nos ames font ivres ;

La néceffité d'aimer Dieu

Ne s'y trouve jamais prêchée en aucun lieu,
Mes Peres, non plus qu'en vos Livres.

EPIGR. XXX. Monfieur l'Abbé
BOILEAU, Docteur de Sorbonne,
& Chanoine de la Sainte-Chapelle,
Frere de l'Auteur, publia en 1700.

le Livre intitulé: Hiftoria Flagellantium, & les Auteurs du Journal de Trévoux en firent la critique dans leurs Mémoires du Mois de Juin,

XXX.

Sur le Livre des Flagellans.

Aux mêmes.

Non, le Livre des Flagellans

N'a jamais condamné, lifez-le bien, mes Peres,
Ces rigidités falutaires,

Que pour ravir le Ciel, faintement violens,

5 Exercent fur leurs corps tant de Chrétiens auftères. Il blâme feulement cet abus odieux,

D'étaler & d'offrir aux yeux

Ce que leur doit toûjours cacher la bienféance;
Et combat vivement la fauffe Piété,

10 Qui, fous couleur d'éteindre en nous la volupté, Par l'aufterité même & par la pénitence

Sait allumer le feu de la lubricité.

XXXI.

FABLE

D'ESOPE.

Le

Le Bucheron & la Mort.

e dos chargé de bois, & le corps tout en eau, Un pauvre Bucheron, dans l'extrême vieilleffe Marchoit en haletant de peine & de détreffe.

1793. Le P. DU CERCEAU, Jefuite, en avoit fait auffi une critique particulière.

EPIGR. XXXI. M. DE LA

Niij

FONTAINE avoit mis en Vers cette Fable; mais comme il s'étoit un peu écarté du fens d'Efope, Mr. Despreaux lui fit remarquer, qu'en

Enfin las de fouffrir, jettant là fon fardeau,

5 Plûtôt de s'en voir accablé de nouveau,

que

Il fouhaite la Mort, & cent fois il l'appelle.

La Mort vint à la fin. Que veux-tu, cria-t-elle ?
Qui, moi? dit-il alors prompt à fe corriger:
Que tu m'aides à me charger.

XXXII.

Le Débiteur reconnoiffant.
Je l'affiftai dans l'indigence :

Il ne me rendit jamais rien.

Mais quoi qu'il me dût tout fon bien,
Sans peine il fouffroit ma préfence.

O la rare reconnoiffance!

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