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* ODE

CONTRE LES ANGLOIS.

Qu

*Ode

3

UOI? ce Peuple aveugle en fon crime,
Qui prenant fon Roi pour victime

Fit du Trône un Théatre affreux,
Penfe-t-il que le Ciel complice

D'un fi funefte facrifice,

6 N'a pour lui ni foudres ni feux ?

Déja fa Flotte à pleines voiles,
Malgré les vents & les étoiles,
9 Veut maîtriser tout l'Univers;
Et croit, que l'Europe étonnée,
A fon audace forcenée

12 Va céder l'Empire des Mers.

Arme-toi, France; prends la foudre.
C'eft à toi de réduire en poudre

de contre les Anglois.] Elle fut faite fur un bruit, qui courut en 1656. que Cromwel & les Anglois alloient faire la guerre à la France. L'Auteur n'étoit que dans fa vintième année, quand il fit cette Ode, mais il l'a raccommodée.

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VERS 7. Déja fa Flotte à pleines voiles.] En pleines voiles, Édition de 1713.

VERS 18. Venger la querelle des Rois.) Après la troisième Stance, il y avoit celle-ci, que l'Auteur a retranchée :

O que la Mer, dans les deux Mondes,
Va voir de morts parmi fes ondes
Flotter à la merci du fort!
Déja Neptune plein de joie
Regarde en foule à cette proie
Courir les Baleines du Nord.

15 Ces fanglans Ennemis des Loix.
Suis la Victoire qui t'appelle,

Et va fur ce Peuple rebelle
18 Venger la querelle des Rois.

Jadis on vit ces Parricides,
Aidés de nos Soldats perfides,
21 Chez nous au comble de l'orgueil,
Brifer tes plus fortes murailles;

Et par le gain de vingt batailles
24 Mettre tous tes Peuples en deuil.

Mais bien-tôt le Ciel en colere,
Par la main d'une humble Bergere
27 Renverfant tous leurs Bataillons,
Borna leurs fuccès & nos peines:
Et leurs corps pourris dans nos plaines
30 N'ont fait qu'engraiffer nos fillons.

VERS 21. Chez nous au comble de l'orgueil &c.) Ces quatre derniers Vers étoient ainfi :

De fang inonder nos guérets,
Faire des déferts de nos Villes;
Et dans nos campagnes fertiles
Brúler jufqu'au jonc des marêts.
VERS 25. Mais bien-tôt.) Pre-
miere manière :

Mais bientôt, malgré leurs furies,
Dans ces campagnes refleuries,
Leur fang coulant à gros bouillons,
Paya l'ufure de nos peines;
Et leurs corps &c.

VERS 26. Par la main d'une humble Bergere.) JEANNE D'ARC, ou la PUCELLE D'ORLEANS.

1

*STANCES.

En

A MR. MOLIERE.

n vain mille jaloux Efprits,

Moliere, ofent avec mépris

3 Cenfurer ton plus bel Ouvrage :
Sa charmante naïveté

S'en va pour jamais d'âge en âge
6 Divertir la Poftérité.

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Ta Mufe avec utilité

Dit plaifamment la vérité.

15 Chacun profite à ton École :

Tout en eft beau, tout en eft bon;

Et ta plus burlesque parole

18 Eft fouvent un docte fermon.

*Stances à Mr. Moliere.) Sur la

Comédie de l'École des Femmes, que plufieurs gens frondoient. Mr. Despreaux lui envoya ces vers le premier jour de l'année 1663.

Laiffe

VERS 9. Celui qui fût vaincre Numance &c.] Scipion l'Africain.

VERS 15. Chacun profite à ton Ecole.) Aйunion à l'École des Femmess

Laiffe gronder tes Envieux:

Ils ont beau crier en tous lieux,

21 Qu'en vain tu charmes le Vulgaire ;
Que tes Vers n'ont rien de plaifant.
Si tu favois un peu moins plaire,
24 Tu ne leur déplairois pas tant.

*SONNET

SUR LA MORT D'UNE PARENTE.

Pa

armi les doux tranfports d'une amitié fidele,
Je voyois près d'Iris couler mes heureux jours.
Iris, que j'aime encor, & que j'aimai toûjours,
Brûloit des mêmes feux dont je brûlois pour elle,

*L'Auteur avoit oublié ce Sonnet; "pas même encore aujourd'hui,

mais j'en trouvai par hazard une copie, que je lui envoyai, & il me fit cette réponse le 24. de Novembre, 1701.

»Pour ce qui eft du Sonnet, la »vérité eft, que je le fis prefque à la "fortie du College, pour une de mes "Nieces, qui mourut âgée de dix"huit ans.... Je ne le donnai alors "à perfonne, & je ne fais pas par »quelle fatalité il vous eff tombé entre les mains, après plus de cin"quante ans qu'il y a que je le com"pofai. Les vers en font affez bien tournés, & je ne le défavouerois

Tome II.

»n'étoit une certaine tendreffe tirant »à l'amour, qui y est marquée, qui ne convient point à un Oncle pour »fa Nièce, & qui y convient d'au"tant moins, que jamais amitié ne fut plus pure ni plus innocenté que la nôtre. Mais quoi? je croyois alors, que la Poëfie ne pouvoit »parler que d'amour. C'est pour ré"parer cette faute, & pour montrer, "qu'on peut parler en vers, même de l'amitié enfantine, que j'ai com"pofé il y a quinze ou feize ans, le "feul Sonnet qui eft dans mes Ou"vrages, & qui commence par Nourri dès le berceau &c.

M

Quand par l'ordre du Ciel une fievre cruelle
M'enleva cet objet de mes tendres amours;
Et de tous mes plaifirs interrompant le cours,
Me laiffa de regrets une fuite éternelle.

Ah! qu'un fi rude coup étonna mes esprits! Que je verfai de pleurs! que je pouffai de cris! De combien de douleurs ma douleur fut fuivie !

Iris, tu fus alors moins à plaindre que moi. Et, bien qu'un trifte fort t'ait fait perdre la vie, Hélas! en te perdant, j'ai plus perdu que toi.

AUTRE SONNET SUR LE MÊME SUJET.

Nou

ourri dès le berceau près de la jeune Orante, Et non moins par le cœur que par le fang lié, A fes jeux innocens Enfant affocié,

Je goûtois les douceurs d'une amitié charmante.

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