s La Renommée enfin, cette prompte Couriere, 10 Elle accourt l'oeil en feu, la tête échevelée, 15 Ni ton Épouse enfin, toute prête à périr, Ne fauroient donc t'ôter cette ardeur de courir? Tu veillois pour orner quelque tête nouvelle; L'efpoir d'un jufte gain, confolant ma langueur 20 Pourroit de ton abfence adoucir la longueur. Mais quel zele indifcret, quelle aveugle entreprise 25 Quoi! d'un œil fans pitié vois-tu couler mes larmes? Au nom de nos baifers jadis fi pleins de charmes, Si mon cœur, de tout tems facile à tes defirs, N'a jamais d'un moment différé tes plaifirs; Si, pour te prodiguer mes plus tendres careffes, 30 Je n'ai point exigé ni fermens ni promeffes; Si toi feul à mon lit enfin eus toûjours part, Différe au moins d'un jour ce funefte départ. En achevant ces mots, cette Amante enflammée Sur un placet voifin tombe demi-pâmée. 35 Son Époux s'en émeut, & fon cœur éperdu Entre deux paffions demeure fufpendu; Mais enfin rappellant fon audace premiere: Ma femme', lui dit-il, d'une voix douce & fiere, Je ne veux point nier les folides bienfaits, 40 Dont ton amour prodigue a comblé mes fouhaits: Et le Rhin de fes flots ira groffir la Loire, CHANG, Vers 57. Il la quitte à ces mots, &c.] Dans les deux premières éditions il y avoit : Pendant tout ce difcours l'Horlogere éplorée A le vifage pâle, & la vûe égarée; Après ces vers il y en avoit trentedeux, que l'Auteur retrancha dans l'édition de 1683, C'étoit une fuite de l'imitation de Virgile, qui commence au vers 12, de ce Chant: Elle tremble, & fur lui roulant des Quelque tems fans parler, laisse errer Mais enfin fa douleur fe faifant un Non, ton Pere à Paris ne fut point d'un Coche, trin & moi? Avant que tes faveurs fortent de ma mémoire. Mais ne préfume pas, qu'en te donnant ma foi, L'Hymen m'ait pour jamais affervi fous ta loi. 45 Si le Ciel en mes mains eût mis ma deftinée, Nous aurions fui tous deux le joug de l'Hyménée: Et fans nous oppofer ces devoirs prétendus, Nous goûterions encor des plaifirs défendus. Ceffe donc à mes yeux d'étaler un vain titre. 50 Ne m'ôte pas l'honneur d'élever un Pupitre ; Et toi-même, donnant un frein à tes desirs, Raffermi ma vertu qu'ébranlent tes foûpirs. Que te dirai-je enfin? c'eft le Ciel qui m'appelle. Une Eglife, un Prélat m'engage en fa querelle. 55 Il faut partir: j'y cours. Diffipe tes douleurs, Et ne me trouble plus par ces indignes pleurs. Son Amante effarée Il la quitte à ces mots. D'une éternelle nuit couvrira ma Se ferons de ta peur une agréable Demeure le teint pâle, & la vûe égarée: La force l'abandonne, & fa bouche trois fois, 65 Les ombres cependant, fur la Ville épandues, Du faîte des maifons defcendent dans les rues; Le fouper hors du Chœur chaffe les Chapelains, Et de Chantres buvants les cabarets font pleins. Le redouté Brontin, que fon devoir éveille, 70 Sort à l'instant, chargé d'une triple bouteille, D'un vin dont Gilotin, qui favoit tout prévoir, Au fortir du Confeil eut foin de le pourvoir. L'odeur d'un jus fi doux lui rend le faix moins rude; Il est bien-tôt fuivi du Sacriftain Boirude, 75 Et tous deux, de ce pas, s'en vont avec chaleur Du trop lent Perruquier réveiller la valeur. Partons, lui dit Brontin. Déja le jour plus fombre, Dans les eaux s'éteignant, va faire place à l'ombre. CHANG. Vers 59. La force l'aban- fons defcendent &c.) Virgile, Eclog. donne, &c. Editions de 1674. & 1675. I. v. 83. En achevant ces mots cette Amante aux abois Succombe à la douleur qui lui coupe la voix. Majoresque cadunt altis de montibus umbra. VERS SO. Quoi? le Pardon fonnant.] Ce font les trois coups de cloche par lesquels on avertit_le IMIT. Vers 66. Du faite des mai- Peuple de réciter l'Angelus. Cet D'où vient ce noir chagrin, que je lis dans tes yeux? So Quoi ? le Pardon fonnant te retrouve en ces lieux? Où donc eft ce grand cœur, dont tantôt l'alégresse Sembloit du Jour trop long accufer la pareffe? Marche, & fuis-nous du moins où l'honneur nous attend. Le Perruquier honteux rougit en l'écoutant. 85 Auffi-tôt de longs clous il prend une poignée : Il fort au même instant; il se met à leur tête. Leur cœur femble allumé d'un zele tout nouveau. 95 La Discorde en foûrit, & les fuivant des yeux, Va jufques dans Citeaux réveiller la Molleffe. avertiffement fe fait le Matin, à Midi, & le Soir. On l'appelle indifféremment Angelus, à caufe de la Priere qu'on dit; ou Pardon, à cause des Indulgences, qui y font attachées. CHANG. Vers S4. Le Perruquier honteux.] Edition avant celle de 1701: L'Horloger indigné. VERS 98. Va jusques dans Citeaux réveiller la Molleffe.] Citeaux eft une Abbaye de T'Ordre de St. Bernard, fituée en Bourgogne. Les Religieux de Citeaux n'ont pas embraffé la réforme, établie dans quelques Maifons de leur Ordre. C'est pourquoi l'Auteur feint, que la Molleffe fait fon féjour dans un Dortoir de leur Couvent. |