Le pere qui s'excufe ; & lui dit en pleurant Je n'ai que lui: que dis-je ? hélas ! je ne l'ai plus. D'en douter un moment après ce que je dis. Où le quintal de fer par un feul Rat fe mange, Même difpute avint entre deux Voyageurs. Qui n'ont jamais rien vû qu'avec un (1) microscope : (1) Verre qui groffit beaucoup les objets qu'on regarde à travers. J'ai vû, dit-il, un Chou plus grand qu'une maison. Et moi, dit l'autre, un Pot auffi grand qu'une Eglise. Le premier fe moquant, l'autre reprit : Tout doux, On le fit pour cuire vos choux. L'homme au pot fut plaifant, l'homme au fer fut habile. Quand l'abfurde eft outré,l'on lui fait trop d'honneur De vouloir, par raison, combattre fon erreur : Encherir eft plus court, fans s'échauffer la bile. FABLE I I. Les deux Pigeons. Deux Pigeons s'aimoient d'amour ten dre: L'un d'eux s'ennuyant au logis, L'abfence eft le plus grand des maux: Non pas pour vous, cruel. Au moins que les travaux, Les dangers, les foins du voyage, Changent un peu votre courage. Encor fi la faifon s'avançoit davantage! Attendez les Zéphirs: Qui vous preffe? Un Corbeau Tout à l'heure annonçoit malheur à quelque oifeau. Je ne fongerai plus que rencontre funeste, Que Faucons, que rézeaux. Hélas! dirai-je, il pleut: Bon foupé, bon gîte, & le reste? De notre imprudent voyageur: Mais le defir de voir & l'humeur inquiéte Je le défennuirai: quiconque ne voit guére Vous y croirez être vous-même. Le las étoit ufé, fi bien que de fon aîle, Et les morceaux du las qui l'avoit attrappé, Sembloit un (1) forçat échappé. Le Vautour s'en alloit (2) le lier, quand des nues Crut pour ce coup que fes malheurs Mais un fripon d'enfant, cet âge est sans pitié, Traînant l'aile, & tirant le piéd, Voilà nos gens rejoints; & je laisse à juger Amans, heureux amans, voulez-vous voyager? Soyez-vous l'un à l'autre un monde toujours beau, Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le refte. J'ai quelquefois aimé je n'aurois pas alors, (1) Un Galérien qui s'eft fauvé, traínant fa chaîne. (2) Lorfque l'Oiseau enléve fa proie dans fes ferres, une Perdrix par exemple, on dit en terme de Venerie, que la Perdrix eft liée, que l'Oiseau vient de la lier. Et par confequent La Fontaine fe fert ici fort à propos du terme lier, qui eft très-propre, & fort autorifé par l'ufage. (3) Du combat de ces Oiseaux de proie, qui fe difputoient le pauvre Pigeon. Contre le Louvre & fes tréfors, Contre le Firmament & fa voûte céleste, Changé les bois, changé les lieux, Honorés par les pas, éclairés par les yeux De l'aimable & jeune Bergere, Pour qui, fous le fils de Cythere, Je fervis engagé par mes premiers fermens. FABLE III. Le Singe & le Léopard. LE Singe avec le Léopard Gagnoient de l'argent à la Foire : L'un d'eux difoit : Meffieurs, mon mérite & ma gloire Sont connus en bon lieu : le Roi m'a voulu voir; Un manchon de ma peau, tant elle est bigarrée, Et vergetée, & mouchetée. La bigarrure plaît: partant chacun le vit, La |