Comme vous, & la violence, Peut-être, en votre place, ils auroient la puissance; Car fachez que les Immortels Ont les regards fur nous. Graces à vos exemples, Ils n'ont devant les yeux que des objets d'horreur, De mépris d'eux, & de leurs Temples. D'avarice qui va jufques à la fureur. Rien ne fuffit aux gens qui nous viennent de Rome: Font, pour les affouvir, des efforts fuperflus. Cultiver pour eux les campagnes. Nous quittons les Cités, nous fuyons aux mon tagnes, Nous laiffons nos cheres compagnes, Nous ne converfons plus qu'avec des Ours affreux, Découragés de mettre au jour des malheureux; Et de peupler pour Rome un pays qu'elle opprime. Quant à nos enfans déjà nés, Nous fouhaitons de voir leurs jours bien-tôt bornés: Vos Préteurs, au malheur, nous font joindre le crime. Retirez-les, ils ne nous apprendront (e) Gouverneurs Romains en Allemagne II. Partie Lǝs Germains comme eux deviendront C'est tout ce que j'ai vû dans Rome à mon abord: Point de pourpre à donner? C'est en vain qu'on efpere Quelque refuge aux loix : encore leur ministere Je finis. Punissez de mort Une plainte un peu trop fincére. A ces mots, il fe couche, & chacun étonné On le créa Patrice; & ce fut la vengeance Le Sénat demanda ce qu'avoit dit cet homme, FABLE VIII. Le Vieillard & les trois jeunes Hommes. UN (a) octogénaire plantoit. Passe encor de bâtir, mais planter à cet âge! (a) Un homme de quatre-vingts ans, Difoient trois (1) jouvenceaux enfans du voifinage, Affurément il radotoit. Car, au nom des Dieux, je vous prie Quel fruit de ce labeur pouvez-vous recueillir ? Des foins d'un avenir qui n'eft pas fait pour vous? Il ne convient pas à vous-mêmes, De fe donner des foins pour le plaifir d'autrui? Plus d'une fois fur vos tombeaux. Le Vieillard eut raifon : l'un des trois jouvenceaux Se noya dès le Port allant à l'Amérique. (1) Par le titre de cette Fable, La Fontaine fait entendre à tous fes Lecteurs ce que c'est que Jouvenceau, terme, qui bien qu'exclu-du ftyle fublime, eft d'ailleurs affez connu & fort bon François. (2) C'eft-à-dire, doit être le dernier à jouir de la vie. Q ÿj L'autre afin de monter aux grandes dignités, Que lui-même il voulut enters Et pleurés du Vieillard, il grava fur leur marbre que je viens de raconter. Ce FABLE I X. La Salis & le Chathuant. IL ne faut jamais dire aux gens, Ecoutez un bon mot, oyez une merveille. En feront une estime à la vôtre pareille? Vieux Palais d'un Hibou, trifte & fombre retraite Pour y remédier, le drôle eftropia Tout ce qu'il prit enfuite. Et leurs jambes cou pées Firent qu'il les mangeoit à fa commodité, Aujourd'hui l'une, & demain l'autre. Tout manger à la fois, l'impoffibilité porter Vivres & grains pour fubfifter. A traiter ce Hibou de montre, & de machine : Le confeil de tronquer un peuple (1) mis en mue? La raifon m'eft chofe inconnue. Quand ce peuple est pris, il s'enfuit: moi Chofe, par les humains, à fa fin mieux conduite. (1) Enfermé pour être engraiffé. On appelle Mue une efpece de cage longue, étroite & obfcure, où l'on enferme la volaille pour l'engraiffer. Et lorfqu'on nourrit des Chapons, des Õifons, &c. dans cette cage, on dit qu'on les a mis en mue. Ainfi le Hibou qui vouloit nourrir fes Souris pour les manger quand il en auroit envie, fe fervit du tronc caverneux d'un Pin pour les y mettre en mue dit La Fontaine. L'image eft plaifante, & d'une jufteffe admirable. |