Oui, reprit le Lion, c'est bravement crié. L'Ane, s'il eût ofé, fe fût mis en colere, Teftament expliqué par Efope. C'étoit l'Oracle de la Gréce: Un certain homme avoit trois filles, Selon les loix municipales, Leur laiflà tout fon bien par portions égales, Ne poffederoit plus fa contingente part. Courent au Teftament fans attendre plus tard. La volonté du Teftateur, Mais en vain : car comment comprendre Ne poffédera plus fa part héréditaire, Il lui faudra payer fa mere? L'affaire eft confultée ; & tous les Avocats En cent & cent mille maniéres, De partager le bien fans fonger au furplus. Voici, leur dirent-ils, ce que le Confeil treuve : Si mieux n'aime la mere en créer une rente Les buffets dreffés fous la treille, La vaiffelle d'argent, les cuvettes, les brocs, Les efclaves de bouche, & pour dire en deux mots, (1) Expreffion figurée, pour dire qu'ils fe déclarent incapables d'expliquer le teftament. (2) Vin Grec, fort doux. Ici Malveife fe prend pour toute forte de bon vin L'attirail de la goinfrerie. Dans un autre, celui de la coquetterie, Les joyaux, les robes de prix. Valets & bêtes de labeur. Ces lots faits, on jugea que le fort pourroit faire, Ainfi, chacune prit fon inclination, Ce fut dans la ville d'Athenes, Le partage & le choix. Efope feul trouva Le contre-piéd du testament. Si le défunt vivoit, difoit-il, que (3) l'Attique Comment! Ce peuple qui fe pique D'être le plus fubtil des peuples d'aujourd'hui Et donne à chaque fœur un lot contre fon gré, (3) Cette partie de la Gréce, dont Athenes étoit la Capitale, Partant rien aux foeurs d'agréable: Qu'elles fe mariroient dans les bonnes familles Ne poffederoient plus les effets de leur pere, Le peuple s'étonna comme il fe pouvoit faire (4) Efope, né en Phrygie. Fin du deuxième Livre. 2 L'Invention des Arts étant un droit d'aineffe, Et que rien ne doit fuir en cet âge avancé, A quoi me réfoudrai-je ? Il eft temps que j'y pense. Vous connoiffez mon bien, mon talent, ma naissance. Dois-je dans la Province établir mon féjour ? (1) Fable inftructive. (2) Excellent Poëte Frang çois, mort en 1670. |