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LE BARON.

Ma fille?... qu'as-tu donc, ma chère enfant ?

EUGÉNIE tremblante.

Je ne me sens pas bien, mon père.

MADAME MURER.

Je vous l'avais dit aussi, ma chère nièce; nous devions nous retirer. Venez, laissons ces messieurs se raconter leurs merveilleuses anecdotes.

SCÈNE XIII.

LE BARON, LE CAPITAINE.

LE BARON.

Pardon, capitaine.

LE CAPITAINE lui prenant la main.

Adieu, baron, je prends bien de la part....

LE BARON le ramenant.

Ah çà mon fils, je te prie: comment dis-tu qu'il se fait appeler?

LE CAPITAINE.

Le chevalier Campley.

LE BARON.

Campley? Si je n'écris pas ce nom-là, je ne m'en souviendrai jamais..... C'est que j'ai là une lettre qui menace d'assassins..... Il ne va que la nuit.... seul.... Tout cela est inquiétant.

LE CAPITAINE.

J'irai demain soir au parc, et si je le trouve, je lui sers moi-même d'escorte jusqu'ici.

LE BARON.

A merveille! (Ils sortent par la porte du vestibule.)

FIN DU SECOND ACTE,

ACTE III.

(Betsy sort de la chambre d'Eugénie, ouvre une malle et en tire plusieurs robes l'une après l'autre, qu'elle secoue, qu'elle déplisse, et qu'elle étend sur le sofa du fond du salon. Elle ôte ensuite de la malle quelques ajustemens et un chapeau galant de sa maîtresse, qu'elle s'essaye avec complaisance devant une glace, après avoir regardé si personne ne peut la voir. Elle se met à genoux' devant une seconde malle, et l'ouvre pour en tirer de nouvelles hardes. Au milieu de ce travail, Drink et Robert entrent en se disputant: c'est là l'instant où l'orchestre doit cesser de jouer, et où l'acte commence.)

SCÈNE PREMIÈRE.

BETSY, DRINK, ROBERT.

DRINK à Robert en disputant.

ET moi je te prie de te mêler de tes affaires. Quand je refuse la porte à quelqu'un, es-tu fait pour l'annoncer?

ROBERT.

Mais, c'est que vous ignorez que le capitaine Cowerly est l'intime ami de monsieur.

DRINK plus haut, en colère.

L'intime ami du diable. Est-ce à toi d'entrer

dans les raisons? Es-tu valet de chambre ici?

BETSY, à genoux, se retourne.

Chut.... Parlez plus bas. Ma maîtresse est chez elle: elle est incommodée. (Elle prend des robes sous son bras, et va pour entrer chez Eugénie.)

DRINK courant après.

Miss, miss, n'avez-vous plus rien à prendre dans les malles? (Il veut l'embrasser.)

BETSY s'esquivant.

Ah! sans doute....... Non, vous pouvez les emporter. (Elle entre chez Eugénie.)

SCÈNE II.

DRINK, ROBERT.

DRINK revient prendre la malle.

Que cela t'arrive encore.

ROBERT.

Voilà bien du bruit pour rien. (Ils enlèvent une malle,

et sortent.)

SCÈNE III.

EUGÉNIE, BETSY.

EUGENIE sort de chez elle, marche lentement comme quelqu'un enseveli dans une rêverie profonde. Betsy, qui la suit, lui donne un fauteuil; elle s'assied en portant son mouchoir à ses yeux sans parler. Betsy la considère quelque temps, fait le geste de la compassion, soupire, prend d'autres hardes, et rentre dans la chambre de sa maîtresse.

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SCÈNE IV.

EUGÉNIE assise, d'un ton bien douloureux.

J'ai beau rêver, je ne puis percer l'obscurité qui m'environne. Quand je cherche à me rassurer, tout m'accable...... Personne dans le sein de qui répandre ma douleur..... (Les valets viennent chercher la deuxième malle, Eugénie reste en silence tant qu'ils sont dans le salon.) Des valets à qui je n'ai plus même le droit de commander. Une seule démarche hasardée m'a mise à la merci de tout le monde.... Oh! ma mère! c'est bien aujourd'hui que je dois vous pleurer! (Elle se lève vivement.) C'est trop souffrir...... Quand cet aveu me rendrait la plus malheureuse des femmes, je dirai tout à mon père. L'état le plus funeste est moins pénible que mon agitation... Mais les craintes de ma tante... ses défenses... Tout aujourd'hui doit céder au respect filial. Ah! malheureuse! c'était alors qu'il fallait penser ainsi. Dieux ! le voici ! (Elle tombe dans son siége.)

SCÈNE V.

EUGÉNIE, LE BARON.

LE BARON.

Tu es ressortie, mon enfant; ton état m'in

quiète.

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