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LE COMTE bas à Rosine.

Nous avons la clef de la jalousie, et nous serons

ici à minuit.

FIGARO passe le linge au cou de Bartholo.

Quoi voir? Si c'était une leçon de danse, on vous passerait d'y regarder; mais du chant!.... ahi, ahi!

BARTHOLO.

Qu'est-ce que c'est ?

FIGARO.

Je ne sais ce qui m'est entré dans l'œil.

(Il rapproche sa tête.)

BARTHOLO.

Ne frottez donc

pas..

FIGARO.

C'est le gauche. Voudriez-vous me faire le plaisir d'y souffler un peu fort?

(Bartholo prend la tête de Figaro, regarde par-dessus, le pousse violemment, et va derrière les amans écouter leur conversation.)

LE COMTE bas à Rosine.

Et quant à votre lettre, je me suis trouvé tantôt dans un tel embarras pour rester ici....

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BARTHOLO passant entre deux.

Votre déguisement inutile!

Ah!....

ROSINE effrayée

BARTHOLO.

Fort bien! madame, ne vous gênez pas. Comment! sous mes yeux mêmes, en ma présence, on m'ose outrager de la sorte!

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Seigneur Bartholo, si vous avez souvent des lubies comme celles dont le hasard me rend témoin, je ne suis plus étonné de l'éloignement que mademoiselle a pour devenir votre femme.

ROSINE.

Sa femme! moi! passer mes jours auprès d'un vieux jaloux, qui pour tout bonheur offre à ma jeunesse un esclavage abominable!

BARTHOLO.

Ah! qu'est-ce que j'entends!

ROSINE.

Oui, je le dis tout haut; je donnerai mon cœur et ma main à celui qui pourra m'arracher de cette horrible prison, où ma personne et mon bien sont retenus contre toute justice. (Rosine sort. )

SCÈNE XIII.

BARTHOLO, FIGARO, LE COMTE.

BARTHOLO.

La colère me suffoque.

LE COMTE.

En effet, seigneur, il est difficile qu'une jeune femme....

FIGARO.

Oui, une jeune femme, et un grand âge; voilà ce qui trouble la tête d'un vieillard.

BARTHOLO.

Comment! lorsque je les prends sur le fait! Maudit barbier! il me prend des envies....

FIGARO.

Je me retire, il est fou.

LE COMTE.

Et moi aussi; d'honneur! il est fou.

FIGARO.

Il est fou, il est fou.... (Ils sortent.)

SCÈNE XIV. ·

BARTHOLO seul les poursuit.

Je suis fou! Infâmes suborneurs! émissaires du diable, dont vous faites ici l'office, et qui puisse vous emporter tous.... je suis fou! Je les ai vus

comme je vois ce pupitre.... et me soutenir effrontément! Ah! il n'y a que Basile qui puisse m'expliquer ceci. Oui, envoyons-le chercher. Holà! quelqu'un.... Ah! j'oublie que je n'ai personne.... Un voisin, le premier venu, n'importe. Il y a de quoi perdre l'esprit ! il y a de quoi perdre l'esprit!

FIN DU TROISIÈME ACTE.

(Pendant l'entr'acte, le théâtre s'obscurcit on entend un bruit d'orage exécuté par l'orchestre. )

ACTE IV.

SCÈNE PREMIÈRE.

Le théâtre est obscur.

BARTHOLO, DON BASILE une lanterne de papier

à la main.

BARTHOLO.

COMMENT, Basile, vous ne le connaissez pas! ce que vous dites est-il possible?

BASILE.

Vous m'interrogeriez cent fois que je vous ferais toujours la même réponse. S'il vous a remis la lettre de Rosine, c'est sans doute un des émissaires du comte. Mais à la magnificence du présent qu'il m'a fait, il se pourrait que ce fût le comte lui-même.

BARTHOLO.

Quelle apparence? Mais à propos de ce présent! eh! pourquoi l'avez-vous reçu ?

BASILE.

Vous aviez l'air d'accord; je n'y entendais rien; et dans les cas difficiles à juger, une bourse d'or

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