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nais tes principes, dispose de toi-même à ton gré : je ne puis mettre en de plus sûres mains des intérêts si chers à mon cœur.

SCÈNE XII.

PAULINE, MÉLAC FILS.

MÉLAC FILS tremblant.

Mademoiselle.....

PAULINE.

Vous voyez bien que le danger de votre père est pressant quel intérêt oserait se montrer auprès de celui-là ?

MÉLAC FILS.

Ah! mon père! mon père !.... (En hésitant.) Ainsi vous rappelez Saint-Alban?

PAULINE.

Il est indispensable que je le voie; consentez-y, Mélac, il le faut.... il faut me rendre ma parole.

MÉLAC FILS avec une colère renfermée.

Non; vous pouvez me trahir, mais il ne me sera pas reproché d'y avoir contribué

consentement.

PAULINE tendrement.

par un lâche

Te le demanderais - je, ingrat, si j'avais dessein d'en abuser! -- Qui vous dit que je veuille l'épouser?

MÉLAC FILS.

Serez-vous la maîtresse de vos refus?

PAULINE.

Vous n'êtes pas généreux d'accabler ainsi mon àme. Ah! j'avais des forces contre ma douleur, je n'en ai plus contre la vôtre.

Pauline!

MÉLAC FILS.

PAULINE.

Pense à ton père, à ton père respectable, et tu rougiras d'attendre de moi l'exemple du courage que tu devais me donner.

MÉLAC FILS étouffé par la douleur.

Je sens que je ne puis vivre sans votre estime, il me faut la mienne. Il faut sauver mon père.... aux dépens de mes jours.... Ah! Pauline!

PAULINE.

Ah! Mélac!

(Ils sortent chacun de leur côté. )

FIN DU QUATRIÈME ACTE.

ACTE V.

SCÈNE PREMIÈRE.

PAULINE seule, tenant un billet à la main,

(Elle paraît dans une grande agitation; elle se promène, s'assied, se lève, et dit :)

VOICI

OICI l'instant qui doit décider de notre sort. ( Elle lit.) Il attend mes ordres, dit-il.... Audacieux qu'ils sont, avec leur soumission insultante!.... Pourquoi trembler? l'aveu que je vais lui faire ne peut que m'honorer. - Ah !.... je pleure, et je me soutiens à peine. - Mon état ne se conçoit pas.

S'il me surprenait à pleurer.... (Elle s'assied.) Eh bien ! qu'il me voie! ne suis-je pas assez malheureuse pour qu'on me pardonne un peu de faiblesse ?

SCÈNE II.

ANDRÉ, PAULINE.

ANDRÉ annonçant.

Monsieur Saint-Alban.

PAULINE.

Un moment, André.

(Elle essuie ses yeux, se promène, se regarde dans une

glace, et soupire. )

ANDRÉ.

Mais, mameselle, monsieur Saint-Alban.

PAULINE avec impatience.

Répétez encore.

ANDRÉ.

Il sort de chez votre oncle: oh! il a un habit....

PAULINE à elle-même.

C'est en vain. Il m'est impossible.... (S'asseyant.) Faites entrer.

SCÈNE III.

SAINT-ALBAN, PAULINE, ANDRÉ.

SAINT-ALBAN, en habit de ville, entre d'un air mal assuré; il reste assez loin derrière Pauline.

Je me rends à vos ordres, mademoiselle.

PAULINE se lève et salue. ( A part. )

A mes ordres!

(Sa respiration se précipite, et l'empêche de parler. Elle lui montre un siége, en l'invitant du geste à s'y reposer.) SAINT-ALBAN s'approche, la regarde, et après un assez long silence.

Ma vue paraît vous causer quelque altération. Et cependant monsieur Aurelly vient de m'as

surer....

(André avance un siége à Saint-Alban.)

PAULINE avec peine d'abord, et prenant du courage par degrés.

Oui.... c'est moi qui l'en ai prié. Asseyezvous, monsieur. Cet air contraint vous convient

beaucoup moins qu'à celle que vos intentions rendent confuse et malheureuse. (Elle s'assied.)

SCÈNE IV.

(André sort. )

SAINT-ALBAN, PAULINE.

SAINT-ALBAN.

Malheureuse! à Dieu ne plaise que je voulusse vous obtenir à ce prix!

PAULINE.

Cependant vous abusez de la reconnaissance que je dois à monsieur de Mélac, pour exiger ma main....

SAINT-ALBAN s'assied.

Faites-moi la grâce de vous souvenir que mon amour n'a pas attendu cet événement pour se déclarer. Vous savez si j'ai souhaité vous devoir à vous-même, à commencer ma recherche par acquérir votre estime....

PAULINE.

Que vous comptez pour assez peu de chose.

SAINT-ALBAN.

Daignez m'apprendre comment je prouverais mieux le cas que j'en fais.

PAULINE.

Le voici, monsieur. Si vous croyez votre honneur engagé de rendre un compte rigoureux à votre compagnie, puis-je estimer un homme qui

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