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Le valet de chambre de monsieur le grand fermier descend de cheval dans la cour.

AURELLY avec humeur.

Eh bien! vous ne pouvez pas dire cela sans courir et nous crier aux oreilles ?

PAULINE.

Il m'a fait une frayeur....

ANDRÉ.

Dame, est-ce que ce n'est donc rien, monsieur le grand fermier qui arrive?

Saint-Alban?

AURELLY.

ANDRÉ.

Monsieur de la Fleur l'a laissé à la dernière poste.

PAULINE avec humeur.

Quand nous l'aurions appris deux minutes plus tard....

AURELLY à Pauline.

Quel dommage que le concert soit dérangé! Tu voulais des juges; en voici un que tu ne récuserais pas.... II repasse bientôt. Qu'on fasse rafraîchir son courrier.

Les gens du peuple de toutes les provinces méridionales de la France nommaient ainsi les fermiers du roi.

ANDRÉ.

Bon! il n'a fait qu'un saut dans l'office. Pour un valet de chambre, on ne dira pas qu'il est fier, lui.

Suis-moi.

AURELLY.

ANDRÉ.

Quel appartement faut-il disposer?

AURELLY.

Suis-moi, te dis-je ; je vais donner des ordres.

SCÈNE XV.

PAULINE seule, avec chagrin.

Saint- Alban!..... C'est son amour qui le ramène.... J'ai le cœur serré. (Elle soupire.) La persé cution de celui-ci, la jalousie qu'elle donne à Mélac, et surtout la nécessité de cacher sous un air libre un sentiment que je ne puis dompter.... En vérité, mon état devient plus pénible de jour en jour.

FIN DU PREMIER ACTE.

ACTE II.

SCÈNE PREMIÈRE.

MÉLAC FILS en habit de ville, PAULINE.

PAULINE avec une gaieté affectée.

Pour quelqu'un qui a fait une aussi belle toi

lette, vous avez une terrible humeur.

MÉLAC FILS.

C'est votre gaieté qui me la donne, mademoiselle; c'est ce retour précipité. Saint-Alban doit rester trois mois en tournée; il en passe un ici; et à peine est-il parti, qu'on le voit revenir.

PAULINE.

S'il a des affaires à Paris?

MÉLAC FILS.

La Fleur dit qu'il n'y va pas. Un tel empressement ne regarde que vous, mademoiselle.

PAULINE en riant.

Depuis quand suis-je mademoiselle? les doux noms de frère et de sœur....

MÉLAC FILS avec feu.

Saint-Alban vous aime : il est riche, en place,

estimé ; je vois tout mon malheur. Il vous aime, il vous obtiendra, et j'en mourrai de chagrin. PAULINE gaiement.

Dites-moi, je vous prie, où vous prenez toutes les folies qui vous échappent?

MÉLAC FILS.

Écoutez, Pauline. Vous faites profession de sincérité; assurez-moi qu'il ne vous a rien dit, et je serai calmé.

PAULINE.

Que voulez-vous qu'il m'ait dit?

MÉLAC FILS.

Que vous êtes belle; qu'il vous aime.

PAULINE.

C'est une phrase si commune; et vous aussi, vous me l'avez dit : tous les jeunes gens reçus dans cette maison ne se donnent-ils pas les airs de tenir le même langage?

MÉLAC FILS.

Aucun d'eux, sans doute, n'a pu vous voir avec indifférence; mais s'ils vous connaissaient comme moi....

PAULINE.

Ils me verraient bien haïssable.

MÉLAC FILS.

Ils n'auraient plus besoin de vous trouver si belle pour vous aimer éperdument. Revenons....

PAULINE.

Dans un homme comme Saint-Alban, ces propos que vous redoutez ne sont que des galanteries d'usage et sans conséquence; de la part des autres, c'est pure étourderie.... de la votre....

De la mienne?

MÉLAC FILS.

PAULINE gaiement.

De la vôtre.... Mais je voudrais bien savoir pourquoi vous vous donnez les airs de m'interroger? Il faut avoir de grands titres pour user de pareils priviléges.

MÉLAC FILS.

Ah! Pauline! il arrive, et vous plaisantez !

PAULINE sérieusement.

Brisons là, je vous prie. Peut-être auriez-vous à vous plaindre de moi, si quelque autre avait lieu de s'en louer.

MÉLAC FILS avec feu.

Ce Saint-Alban me fait trembler; ôtez-moi cette inquiétude.

PAULINE.

Que vous êtes importun!

MÉLAC FILS.

Défendez-moi seulement d'en avoir.

PAULINE.

Oh! quand il veut une chose!... (Étourdiment. ) Si

je vous le défends, m'obéirez-vous?

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