Page images
PDF
EPUB

AVERTISSEMENT DE L'AUTEUR.

POUR OUR faciliter les positions théâtrales aux acteurs de province ou de société qui joueront ce ́drame, on a fait imprimer, au commencement de chaque scène, le nom des personnages dans l'ordre où les comédiens français se sont placés, de la droite à la gauche, au regard des spectateurs. Le seul mouvement du milieu des scènes reste abandonné à l'intelligence des acteurs.

Cette attention de tout indiquer peut paraître minutieuse aux indifférens; mais elle est agréable à ceux qui se destinent au théâtre, ou qui en font leur amusement, surtout s'ils savent avec quel soin les comédiens français les plus consommés dans leur art se consultent et varient leurs positions théâtrales aux répétitions, jusqu'à ce qu'ils aient rencontré les plus favorables, qui sont alors consacrées, pour eux et leurs successeurs, dans le manuscrit déposé à leur bibliothéque.

:

C'est en faveur des mêmes personnes que l'on a partout indiqué la pantomime elles sauront gré à celui qui s'est donné quelques peines pour leur en épargner; et si le drame, par cette façon de l'écrire, perd un peu de sa chaleur à la lecture, ily gagnera beaucoup de vérité à la représentation.

AURELLY, riche négociant de Lyon, homme vif, honnête, franc et naïf.

MÉLAC PERE, receveur général des fermes; à Lyon, philosophe sensible.

PAULINE, nièce d'Aurelly, élevée par Mélac père, jeune personne au-dessus de son âge.

MÉLAC FILS, élevé avec Pauline, jeune homme bouillant

et d'une sensibilité excessive.

SAINT-ALBAN, fermier général en tournée, homme du

monde estimable.

DABINS, caissier d'Aurelly, protégé de Mélac père, homme de jugement, et fort attaché à son protecteur. ANDRÉ, domestique de la maison, garçon très-simple.

La scène est à Lyon, dans le salon commun d'une maison occupée par Aurelly et Mélac.

ACTE PREMIER.

SCÈNE PREMIÈRE.

PAULINE, MÉLAC FILS.

(Il est dix heures du matin. Le théâtre représente un salon; à l'un des côtés est un clavecin ouvert avec un pupitre chargé de musique. Pauline en peignoir est assise devant; elle joue une pièce. Mélac debout à côté d'elle, en habit du matin, ses cheveux relevés avec un peigne, un violon à la main, l'accompagne. La toile se lève aux premières mesures de l'andante '.)

[blocks in formation]

C'est votre avis que je demande, et non des éloges.

* Pendant que les acteurs sont censés faire de la musique, les premiers violons de l'orchestre jouent, avec des sourdines, un andante, que les seconds-dessus et les basses accompagnent en pinçant, ce qui complète l'illusion du petit concert que le spectacle représente.

MÉLAC FILS.

Je le dis aussi; elle me plairait moins sous les doigts d'un autre.

PAULINE se lève.

Fort bien; mais je m'en vais, je n'ai point encore vu mon oncle.

MÉLAC FILS l'arrête.

Il est sorti; il va......

PAULINE.

A la bourse, apparemment ?

MÉLAC FILS.

Je le crois. Le payement s'ouvre demain. Ce temps critique et dangereux pour les négocians de Lyon exige qu'ils se voient.....

PAULINE.

Il s'est retiré bien tard cette nuit!

MÉLAC FILS.

Ils ont long-temps jasé. Mon père se plaignait à lui des fermiers généraux, qui me refusent la survivance de sa place de receveur général des

Fermes.

PAULINE.

Bien malhonnêtement, sans doute?

MÉLAC FILS.

Sous prétexte qu'ils l'ont donnée. « Voilà comme << vous êtes, lui disait votre oncle : ne demandant jamais, un autre sollicite, il obtient le prix de << vos longs services. » Mais savez-vous ce que j'ai

« PreviousContinue »