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vres de Rouen, en l'année 1552 et démonstrations anatomiques en cire les deux suivantes.

+ DESNOS (Pierre-Joseph ODOLANT), né à Alençon le 21 novembre 1722,0ù il mourut le 11 août 1801, perdit son père dès son enfance, et fit ses études à Paris. Livré d'abord à l'étude de la jurisprudence, il la quitta pour celle de la médecine; et de retour dans sa patrie, il eut des succès dans l'exercice de son art. Devenu secrétaire de la société

d'agriculture d'Alençon et membre de diverses sociétés savantes, on lui doit plusieurs ouvrages. Parmi un grand nombre d'Observations, insérées dans le Journal de médecine, on distingue celles qu'il a faites sur un estomac percé qui n'avoit pas empéché de vivre, et sur le danger de manger les chairs des animaux dont le genre de mort est ignoré. Desnos est encore auteur, I. Des Mémoires historiques sur la ville d'Alençon, 1787, 2 vol. in-8°. II. D'une Dissertation sur Serlon, · évêque de Séez, et Raoul, archevêque de Cantorbéry, in-8°. III. D'une autre sur les héritiers de Robert IV, comte d'Alençon, in-8°. IV. Il a fourni un grand nombre d'articles à l'auteur de la Chronologie des grands-baillis de Caen, au Dictionnaire du Maine, à celui de la Noblesse, au Dictionnaire géographique des Gaules par Expilly; à la nouvelle édition de la Bibliothèque des historiens de France par Fontette. Desnos y rédigea la plus grande partie de ce qui concerne l'Histoire de la ci-devant Normandie. V. Il a laissé un grand nombre de Manuscrits dans lesquels le défaut d'ordre qui dépare ses ouvrages se fait encore plus sentir.

* DESNOUES (Guillaume), chi- | rurgien en chef de l'hôpital de Gènes, enseigna l'anatomie et la chirurgie dans cette ville pendant treize ans, et vint ensuite à Paris, où il fit des

coloriée. Ce chirurgien fut en correstomistes d'Italie; c'est de là qu'est pondance avec les plus savans anavenu le recueil qui a paru sous ce titre Lettres de Guillaume Desnoues à M. Guillielmini, Rome, 1706, in-8°. Ces Lettres sont datées

de différens endroits d'Italie..

DESNOYERS. Voyez NOYERS.

+ DESCILLETS (mademoiselle), comédienne renommée, qui jouoit les premiers rôles à l'hôtel de Bourgogne, précéda la Champmeslé. Elle excella dans le rôle d'Hermione. Louis XIV disoit : « Pour que ce rôle fût rempli avec la dernière perfection, il faudroit que mademoiselle. Descillets jouât les trois derniers actes, et mademoiselle Champmeslé le second. » La première avoit plus de feu, l'autre plus de délicatesse.

* DESONNATZ (Jean), juge, et nal révolutionnaire créé à Genève, depuis secrétaire - greffier du tribusa patrie, en 1794, par vingt-deux clubs insurgés, mort en 1797... TABLEAU de la dernière révolution de Genève, avant sa réunion à la France.

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l'enchaînement des révolutions de On a vu dans l'article Clavières Genève; la médiation constante de la France qui veut empêcher cette ville de se détruire elle-même; la réunies qui l'assiégent en 1782, pour médiation armée des trois puissances rétablir le gouvernement emprisonné dans une auberge par les clubs insurgés; l'exil des vingt-deux notables agitateurs; leur refuge à Londres en 1783; leur arrivée en France en 1789; leur vengeance terrible contre Louis XVI; leur rentrée dans Genève pour proscrire, en 1792, le gouvernement qui les avoit proscrits en 1782, et pour en prendre la place. Cette réunion d'aventuriers

se presenta à la légation de France,
demandant avec fureur les moyens de
se saisir du gouvernement, de mettre
à sa place le Genevois caché et réfugié
dans la légation, de fusiller Deson-
natz, ou même de proclamer l'union
de Genève à la France. Le ministre
résident,refusant de participer à cette
révolution, dit que le jour que l'état-
major viendroit prendre Genève
sans ordre, il s'uniroit intimement
au gouvernement établi, quelque vil
qu'il fût et suspect sur ses dispositions
envers la France: il se contenta de
demander la délivrance du réfugié
en sou hôtel, qui sortit en habit d'of
ficier au milieu de l'état-major, et
reçut avec lui les honneurs de la
garnison de Genève à son pas-
sage. Le cri des révolutions géne→
voises, égalité et indépendance, ne
cessa depuis de tourmenter les clu-
bistes genevois. Le parti du gouver-
nement destitué en 1782 refusant un
impôt au gouvernement de 1792, le
grand club des révolutionnaires se
divisa le 19 juillet 1794, en 22 clubs
de quartiers qui créèrent un tribunal
révolutionnaire, une force armée,
et se partagèrent les victimes. Deson-
natz, distingué par son éloquence
furieuse et sanguinaire, fut élu se-

s'étoit à peine rétablie dans son pays, qu'elle manifesta ses fureurs contre l'ancien gouvernement genevois, contre les Français sur-tout, qu'elle crut dévoués à la cause de Louis XVI,|| et contre le militaire français qui les avoit expulsés de leur patrie en 1782 avec tant de précipitation, qu'une partie, en fuyant, s'étoit jetée dans le lac. Montesquiou fut le premier de nos généraux qu'ils poursuivirent aux jacobins. Desonnatz, leur correspondant en 1792 et 1793, fit les premieres démarches pour perdre cé général. Kellermann fut le second. Le Genevois avoit en France un correspondant qui négocioit la proscription aux jacobins et au tribunal révolutionnaire, avec ordre sur-tout de ne poursuivre la mémoire des généraux qu'après leur supplice. La proscription du général Carteaux et de son état-major suivit de près. « Frères et amis (dit Desonnatz aux jacobins de Paris, suivant les pièces qu'il a publiées lui-même), je vous dénonçai la perfidie des généraux Montesquiou et Kellermann, celle de leur état-major, et les trames du Midi. Je viens vous entretenir aujour d'hui des trahisons du général Carteaux ». Ce ne fut qu'avec beaucoup d'adresse que ces guerriers, qui ser-crétaire-greffier. La dissolution de voient leur patrie avec fidélité, éludoient les effets des poursuites qui Jeur étoient inconnues et auxquelles plusieurs avoient déjà succombé. Le résident de France ayant pénétré cette intrigue anglaise paya Genevois pour la poursuivre dans les tribunaux. Desonnatz y fut absous; ses correspondances homicides avec les jacobins lui furent restituées par le jugement et par le gouvernement. Le Génevois dénonciateur n'évita le dernier supplice qu'en se jetant dans la légation de France qui l'avoit provoqué. L'état-major de l'armée des Alpes, ayant pris connoissance des pièces, crut voir une conjuration secrète contre l'armée,

un

l'assemblée légale du peuple souverain, et sa metamorphose en clubs, ou cercles politiques, étoit de tout temps à Genève le signal d'une nouvelle révolution. L'élite de Genève ful spontanément emprisonnée à Chante:Poulet. Les portefeuilles des financiers, l'or et l'argenterie des riches furent portés à la caisse des clubs. Tous ces riches spécula teurs, qui avoient fait en France, pendant l'époque des emprunts de la monarchie, des entreprises si productives, furent maltraités, emprisonnés et dépouillés, ainsi que les partisans du gouvernement de 1791. Germani, frère de Necker, initié dans les secrets de cette révolution, confondu avec les

Vivien-Decor furent fusillés et moururent en héros. Presque tous, écoutés par une populace égarée et curieuse, prononcèrent des discours

Soixante-six furent bannis à perpétuité, et vingt-six condamnés à mort par contumace. Exemple terrible qui prouve que dix ans de tranquillité n'éteignent pas les haines formées par les révolutions! Le vote de Desonnatz, en jugeant Naville, étoit remarquable. « Naville, disoit

envers le peuple, et je ne pense pas qu'il mérite une peine capitale; cependant comme je veux sauver mon pays, je le condamne à la mort. » Le

victimes emprisonnées, promit d'obtenir de la Suisse l'impunité des insurgés, traita avec eux,leur paya une forte rançon, obtint sa liberté et alla chez le vieux Steiguer, avoyer de Ber-sublimes que l'histoire conservera. ne, intercéder en faveur de ses bourreaux. Le célèbre Senebier, voyant arriver l'orage, avoit prudemment disparu. Saussure fut momentanément arrêté; mais le résident de France, son collègue dans beaucoup d'académies, ayant montré au tribunal des clubs le ressentiment des savans européens, Saussure fut élargi. Lesif, ne se rendit jamais coupable magistrats de 1792, qu'on appeloit les magnifiques, leurs partisans, qu'on appeloit englués, furent tous enlevés de nuit en chemise et emprisonnés. La force armée des vingt-juge Nal disoit «Ma cousience me deux clubs insurgés, s'étant partagée les quartiers de la ville pour le pillage, ramassa un million huit cent cinquante-cinq mille florins argent de Genève, que les notables de la révolution se partagèrent. Les modérés, touchant peu de chose, avides et jaloux, demandèrent leur part ou des comptes. Les robustes révolutionnaires publièrent la recette, avonèrent la somme, et certifièrent qu'ils avoient dépensé en repas publics, rafraichissemens, papier, registres, plumes, indemnités des agens de la révolution, majors, secrétaires, voyans aux portes, visiteurs, etc., une somme égale à la recette. Le pillage fini, les agitateurs des vingtdeux clubs demanderent que les Génevois, qui, dix ans auparavant, avoient appelé la médiation des troupes françaises, fussent recherchés. C'étoit le crime principal qu'ils avoient à cœur de punir. Il fut ordonné que tous les Genevois qui avoient appelé les Français en 1782, ou machiné contre l'indépendance de l'état en 1793, seroient puuis de mort. Onze notables citoyens, Audeod, Cayla, Chenaud, Decombes, Delorme, de Rochemont, Fatio, Munier, Naville, Prévost - Cabanis,

persuade que Naville ne mérite pas la mort; mais puisqu'il faut avoir deux consciences, je le condamne. » C'est avec ces formules que ces assassins ordonnoient le supplice des magistrats qui avoient honoré leur patrie. La férocité de Desonnatz et de ses complices se tourna bientôt contre les individus, accuses en 1794 de travailler à la réunion de Genève à la France. Ce n'étoit alors qu'un soupçon sans fondement. Witel, Genton, Comte, Grosbetty et Benoît au service de France, furent fusillés. L'individu qui avoit dénoncé aux tribunaux géuevois la proscription des généraux français le fut par contumace. Ces infortunes avoient tous rendu des services à la France, et tous avec générosité et sans récompense. Les uns avoient fait restituer à la légation une portion de ses archives pillées en 1792; les autres avoient poursuivi des fabricateurs de faux assignats, et tous avoient demandé au tribunal révolutionnaire génevois la recherche des ennemis de la France; mais comme le gouvernement genevois, s'étoit reconnu dans cette pétition, il les dévoua à la mort. Directeur secret de ces exécutions sanglantes contre les enne

êtes substitués en 1794 à votre propre ouvrage. Quel défaut aviez-vous à reprocher à celui de 1791 ? celui d'être foible saus doute. Il vous laissoit l'influence. Il blessoit, dites

miş les plus connus de l'ancienne et de la nouvelle France, il punissoit le crime idéal de la réunion. « Vous en voulez à notre vie, s'écrioient les victimes de la classe des patriotes, parce que nous avons montré de l'at-vous, l'égalité; mais il respectoit vos tachement à la France, et vous en propriétés ; et vous, qui lui avez succoncluez que nous travaillons à la cédé, les respectez-vous? Votre règne réunion; mais pouvez-vous punir ne commence-t-il pas par le pillage notre zèle pour une nation qui nous des biens de vos concitoyens? Nous réchauffe dans son sein, qui nous avons des torts,dites-vous, c'est pourdéfend des puissances ennemies, et quoi il faut que nous mourions; qui est le soutien elle-même de notre mais nos torts vous avoient-ils ôté la indépendance? Vous nous reprochez vie quand nous en avions le pouvoir, d'être plutôt Français que Génevois; comme vous nous l'ôtez avec nos mais cette indépendance précieuse biens quand vous le pouvez? Je ne nous est aussi chere qu'à vous. Nous m'avilirai pas pour tenter de vous avons été appelés plusieurs fois à la fléchir. Ma mort est résolue, vous légation de France; mais nous citons avez deux consciences; celle qui nous le ciel comme témoin que la ques-reconnoît amis et pères du peuple, tion de la réunion y fut étrangère. et celle qui nous condamne à la Aider la France par des services zélés mort. Je périrai donc avec courage contre tout ennemi armé pour la comme les magistrats que vous avez détruire fut notre mobile. Quand déjà fait périr. Mais puisque le peuvous avez été requis par son ministre ple demande que nous soyons entenrésident, avez-vous refusé vous- dus avant de subir la mort, je démêmes de lui rendre tels et tels ser- clare vices qu'il a désirés? Vous dites que

nous

ne sommes qu'une poignée d'hommes désirant la réunion: que pouvez-vous craindre d'une poignée d'hommes?

Les harangues des magnifiques arrivés au lieu du supplice avoient un caractère différent. Le parti les a conservées avec soin, et les a publiées, mais avec des variantes, dans sa Relation des malheurs de Genève, ouvrage simple et véridique, qui constate le délire extrême de l'homme égaré par les révolutions. « Qui êtes-vous, disoit Naville aux juges des clubs insurgés, pour me

condamner à mort? Je ne vois dans vos clubs que des usurpateurs de la puissance légitime du souverain dont l'assemblée est dissipée. Le souverain est dans l'assemblée de la nation. Le crime, le vol et l'assassinat sont dans les clubs. Vous avez établi le gouvernement de 1792, et vous vous

|

que, depuis la destruction de l'ancien gouvernement, j'ai vécu dans la retraite ; j'ai été soumis à vos lois, convaincu de mon impuissance à les renverser; j'ai supporté l'esclavage: j'ai vu le crime triompher, et la pensée que je vais cesser d'être en adoucit l'amertume. O mon épouse! ô mes enfans chéris! vous ne rougirez jamais de m'avoir appartenu. Quant à vous, je vous annonce le sort qui vous attend. Vous ne jouirez pas du fruit de vos forfaits. Des factions se forment dans votre sein. Vous lutterez entre vous laborieusement; vous vous livrerez des combats sanglans; vous vous dévorerez réciproquement, et jamais vous n'oserez, comme moi, lever les yeux vers le ciel. TIREZ. »

Le syndic Fatio ne harangua pas le peuple, il se contenta de supplier froidement ses assassins de faire feu sur lui de plus près. Mutilé par leur maladresse, il haussa les épaules et

leur dit : «Je vous avois bien dit que | vous me manqueriez. >>

Delorme avoit une éloquence différente. Découvrant sa poitrine, il leur dit : « Frappez là. » A force de répandre du sang, la révolution s'attiédit et périclita. La terreur qui avoit saisi les victimes, saisit les bourreaux. Le commandant de la force armée des clubs, et les notables insurgés qui s'en avisèrent, eurent recours à une invention infernale difficile à décrire. Mais si la nature de ce dictionnaire veut que nous conservions les actes de vertu et d'héroïsme, elle veut que nous conservions de même les tableaux des crimes et des excès. Nous ajouterons qu'on ne pourroit croire aux mystères abominables du club central de la Grille, qui exécutoit les mesures révolutionnaires conçues par trois individus du gouvernement, si le ministre de France qui résidoit à Genève à l'époque de sa réunion, n'avoit fait l'ouverture solennelle de ce club, et n'en avoit publié le procès-verbal. Le Moniteur du 26 prairial an 6 en a conservé le souvenir en ces termes. « Le citoyen Desportes (ministre résident de France à Genève ), suivi de deux juges de paix et du commissaire de police, est allé aujourd'hui ouvrir la salle d'assemblée connue sous le nom de cercle de la Grille. On y a trouvé entre autres choses les horribles ornemens de ce repaire d'antropophages, cinq têtes et les cranes de Richemont et Baudi, fusillés par ordre du tribunal révolutionnaire, qui servoient de tasses à ces monstres execrables. Le citoyen Desportes fait poursuivre les chefs de cette horde criminelle, et ériger un poteau où le bourreau pendra le drapeau et les autres enseignes de cette société abominable. Les têtes vont être solennellement inhumées. >>

DESORMEAUX (Joseph R

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PAULT), né à Orléans, et mort à Paris en 1793, à l'age d'environ 70 ans, devint membre de l'académie des belles-lettres, et s'appliqua à l'étude de l'histo re. Il a publié dans cette partie de nombreux ouvrages, qui presque tous manquent de force et de chaleur; mais qui sont écrits avec aisance et un ton de véracité qui plait. On lui doit, I. Quelques volumes de l'Histoire des conjurations, 1758. II. Histoire de la maison de Montmorency, 1764, 5 vol. in-12. Elle offre de l'intérêt. III. Histoire de Louis de Bourbon " prince de Condé,1766, 2 volumes in-12: elle est très-foiblement écrite. IV. Histoire de la maison de Bourbon, depuis 1772 jusqu'en 1788, 5 vol. in-4° : l'auteur y loue plus qu'il ne juge. Cet ouvrage est surchargé de digressions. V. Abrégé chronologique de l'Histoire d'Espagne et de Portugal, in-8°. Cet ouvrage a mérité son succès par sa concision et sa clarté. C'est le meilleur de Desormeaux.

* DESPARD (Edouard-Marc), personnage célèbre, né au comté de la Reine en Irlande, où sa famille jouissoit d'une bonne réputation, et mort en 1803, embrassa très-jeune la carrière des armes, servit d'abord comme enseigne, et fut ensuite un très-bon ingénieur. A la fin de la guerre d'Amérique, Despard servoit dans les Indes occidentales, et s'y distingua par une expédition contre les Espagnols, dans laquelle il eut pour second le capitaine Nelson, depuis lord. Ses services lui méritèrent le grade de lieutenant-colonel, et en 1784 il fut nommé surintendant des forces anglaises à Honduras. Cependant sa conduite parut vexatoire aux habitans: on adressa au gouvernement des plaintes contre lui, et il fut suspendu de ses fonctions; il en appela, et demanda un examen de ses opérations, qui

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