LITTÉRAIRE

DE NANCY,
ANNÉE 1787.

Mentiri nefcio; librum,

fi malus eft, nequeo laudare.

(Juv. Sat. 3.)

TOME XXIII

OTHE

On foufcrit A NANCY,
Chez H. HENER, Imprimeur ordinaire du Roi,
rue St. Dizier, No. 246.

Et à PARIS,

Chez M. THERRIN, rue St. Denis, vis-à-vis la
Trinitė, Maison du Plumaffier.

Avec Approbation & Privilège du Roi.

Le Privilège fe trouve dans un des Volumes précédens.

A M. L***, fur ane fociété de jolies Femmes.

Nx crains point qu'en ce Comité,

où l'on épuife l'art de plaire,

oubliant Bacchus irrité,

ton ami le célibataire

aille immoler fa liberté,

fon loifir, fa raison austère; TOME XXIII. N°, 17. 1787

A 2

aux doux attraits de la beauté,

ou même à ceux du caractère

& de la fenfibilité.

Tu m'as vu près de Timarette >
navré d'une peine fecrette,
pouffer d'infipides foupirs;

mais je vivais dans la retraite,
j'étais feul contre mes défirs,
mon ame n'était point distraite
par le tourbillon des plaifirs.
Si, dans un vallon folitaire,

à l'approche du papillon,
la fenfitive fe refferre,
le pauvre amant se défefpère
près de la ronce & du chardon;
mais qu'il vole dans un parterre
ou Flore étale fes couleurs,
le voilà, d'une afle légère,
qui s'élance de fleurs en fleurs,
& ne fent plus que les douceurs
d'une tendreffe paffagère.
Tour-à-tour la rofe & le lys
reçoivent fon rapide hommage.
Tel eft mon fort, Eglé, Rofis,
Laurette, Chimène & Doris,

auprès de vous je deviens fage. Beaux yeux, pied mignon, fin corfage, efprit, grâces, joli minois,

ce que j'entends, ce que je vois, tant d'attraits tiennent à la fois

mon cœur mes fens en équilibre,

enchanté, n'ofant faire un choix,

j'aime, j'adore & je fuis libre.

Par M SILVA,

Imitation de Geffner.

DANS un boccage,

un paftoureau

prit un oifeau

d'un beau plumage

& d'un ramage
encor plus beau.

Sous fon chapeau
qui l'emprisonne,

il l'abandonne

près d'un ormeau

puis court & vole

vers un vieux faule