eux, ont une sorte de langage qui leur permet d'entrer en communication les uns avec les autres, soit par des variations ou des modulations de la voix, soit par d'autres bruits particuliers, soit par des contacts nuancés. Relativement à ce dernier mode, nous ne connaissons rien de plus remarquable que le langage antennal des Fourmis décrit par Huber. Mais, en définitive, ces modes de langage sont bien différents de celui de l'Homme. L'Homme seul possède le vrai langage articulė; lui seul peut faire des abstractions très-variées à l'aide de ce langage; lui seul, je n'ai pas besoin de le dire, peut ainsi faire des abstractions métaphysiques. Mais de ce que, par des mots convenus, on a pu représenter ces abstractions, il ne faut pas déduire, comme une conclusion nécessaire, que l'Homme possède des idées métaphysiques abstraites. Il n'y a guère d'idées possibles que dans le cas où il y a possibilité d'une représentation intellectuelle plus ou moins nette. Or, peuton se représenter, d'une façon abstractive, le temps, l'espace, etc.? Si je ne m'abuse pas, les prétendues idées générales n'existeraient donc pas en réalité, et elles ne devraient être considérées que comme des abstractions algébriques, pour ainsi dire. Si cependant il était prouvé que nous avons des idées générales abstraites, on pourrait admettre que c'est là une différence entre les facultés intellectuelles de l'Homme et celles des animaux. D'éminents physiologistes regardent comme une différence radicale entre l'Homme et les animaux, la faculté qu'a l'intelligence de l'Homme de se replier sur elle-même et de s'étudier elle-même. « Les animaux, dit M. Flourens, n'ont » pas la réflexion, cette faculté suprême qu'a l'esprit de >> l'Homme de se replier sur lui-même et d'étudier l'esprit... » Il y a là une ligne de marcation profonde. Cette pen»sée qui se considère elle-même, cette intelligence qui se >> voit et qui s'étudie, cette connaissance qui se connaît, for» ment évidemment un ordre de phénomènes déterminés, » d'une nature tranchée, et auxquels nul animal ne sau>> rait atteindre..... L'Homme est le seul de tous les êtres » créés à qui ce pouvoir ait été donné de sentir qu'il sent, >> de connaître qu'il connaît, de penser qu'il pense. » Willis avait déjà dit : « Insuper mens humana actione reflexa seipsam intuetur, se cogitare cogitat. » En laissant de côté la forme métaphysique de cette allégation, il est clair c'est là une différence entre l'Homme et les animaux, car bien certainement ces derniers ne se livrent pas à l'étude de la psychologie. Mais ce caractère n'appartient qu'à l'état le plus civilisé de l'Homme et ce n'est l'apanage que d'un petit nombre seulement d'individus, comparativement à la masse de ceux qui ne s'occupent point des processus intellectuels dont leur cerveau est le théâtre. C'est là un simple perfectionnement de l'intelligence; ce n'est pas un caractère fondamental. que Comme caractère distinctif, on cite également la faculté d'invention qui existerait chez l'Homme et qui n'existerait pas chez les animaux. Il est clair encore ici, que les animaux sont aussi loin que possible de l'Homme sous ce rapport. Cependant on peut se demander s'ils n'ont pas quelques rudiments de cette faculté d'invention qu'on leur refuse. Les animaux ont-ils la liberté? Cette question est des plus difficiles à résoudre. Toutefois, on peut, avec F. Cuvier, reconnaître une certaine liberté chez les animaux les plus intelligents; et, d'autre part, l'on peut ajouter que l'Homme n'est peut-être pas aussi libre qu'il voudrait bien se le persuader. Enfin, les animaux ont-ils ou peuvent-ils avoir le sentiment du bien et du mal? Question grave qui exigerait d'abord l'étude de ce sentiment chez l'Homme luimême il faudrait examiner ses conditions d'existence chez l'Homme, et vous comprenez que je ne puis pas traiter cette question incidemment. : En résumé, on trouve chez les animaux, envisagés en général, la plupart des facultés intellectuelles de l'Homme, mais à un degré bien inférieur à celui qu'elles présentent chez l'Homme. Ainsi, tandis que les instincts sont les principaux mobiles d'action chez les animaux, c'est chez l'Homme, l'intelligence qui est le principe ordinaire d'action; et les instincts qui le dirigent encore, il les anoblit souvent et les transfigure parfois, pour ainsi dire, par son intelligence. Pour ne citer qu'un exemple, qu'est-ce que l'amour platonique, sinon une déviation intellectuelle de l'instinct de la propagation? L'Homme, grâce à la perfectibilité extrême dont il jouit comme individu et comme espèce, est arrivé à un tel niveau de développement intellectuel, que la distance énorme qui existe originellement entre lui et l'animal le plus intelligent, est devenue incommensurable. C'est à ce développement prodigieux qu'il doit son industrie merveilleuse, ses arts, ses sciences; c'est ce qui fait de lui un être non pas hors cadre, mais tout à fait hors ligne dans la série des êtres vivants. FIN. TABLE DES MATIÈRES. LEÇON I. -- LEÇON D'OUVERTURE. Introduction. Objet du cours. - - - Considérations générales sur l'ensemble du système nerveux. – Division en parties centrales et parties conduc- Zoophytes. Protozoaires. Rhizopodes. - Polypes. - 20 Mouvements Considérations sur les phénomènes d'excitabilité et de mouvement observés Les nerfs sont-ils contractiles? Ils sont excitables, conducteurs et excita- Résistance des nerfs aux diverses causes d'altération. LEÇON V. — PHÉNOMÈNES ÉLECTRIQUES QUI SE PASSENT DANS LES NERFS. 87 - Historique. Force électro-motrice. État électro-tonique. - Variation négative. Vitesse de propagation des excitations dans les nerfs. Fonctions des racines des nerfs. Notions antérieures au XIXe siècle. Racines des nerfs dans les cinq classes des Vertébrés. · Y a-t-il des ra- - - TERMINAISON DES NERFS..... Terminaison des nerfs dans la peau et dans les membranes muqueuses. Corpuscules de Meissner. Corpuscules de W. Krause. 155 Corpuscules de Pacini ou de Water. — Plaques motrices terminales de Rouget. Circulation nerveuse. LEÇON IX. - DONNÉES PHYSIOLOGIQUES FOURNIES par l'étude de l'ac- 486 L'irritabilité musculaire est-elle indépendante de la motricité nerveuse?— LEÇON X. - ACTION DU CURARE. IDENTITÉ DES PROPRIÉTÉS DES FIBRES NERVEUSES MOTRICES ET SENSITIVES... - 207 Mode d'action du curare. Le curare intercepte la communication entre - - - LEÇON XI.-DÉGÉNÉRATION DES NERFS SÉPARÉS DES CENTRES NERVEUX. 227 Phénomènes de restauration consécutifs à la réunion des deux bouts d'un nerf après une section ou une excision de ce nerf. — Retour des pro- |