Page images
PDF
EPUB

et cependant elle est évidemment inexacte. Pourquoi, dans ce cas, avoir substitué ce mot à celui de sympathie qui était si bien placé ici? Qu'appelle-t-on ainsi? Ce sont des phénomènes dont un grand nombre se rattachent surtout à la physiologie du bulbe rachidien. L'irritation mécanique du conduit auditif externe donne lieu à une sensation spéciale, à un chatouillement de la gorge, et provoque des accès de toux. L'impression d'une vive lumière, celle du soleil, par exemple, sur les yeux, détermine un chatouillement particulier de la membrane muqueuse des fosses nasales et provoque ainsi, d'une façon indirecte, l'éternument chez des individus prédisposés. On peut joindre à ces exemples les sensations morbides sympathiques, les irradiations des névralgies, etc. Il y a une certaine récurrence pour les mouvements réflexes les plus simples, et c'est là ce qui leur a fait donner le nom qu'ils portent; mais pour les phénomènes dont nous parlons maintenant, il n'y a rien de semblable. Il y a une excitation initiale d'origine périphérique dans beaucoup de ces cas, laquelle est transmise à un certain point des centres nerveux. De là, l'excitation est communiquée à un autre point central, qui est en rapport avec des fibres nerveuses sensitives venant d'une autre partie du corps. L'extrémité centrale de ces fibres se trouve ainsi excitée, et, d'après une loi bien connue du mécanisme de l'action des nerfs sensitifs, la sensation secondaire produite de cette façon est rapportée par le sensorium à la périphérie. Pour l'exemple tiré de l'impression d'une vive lumière, tout se passe dans le noyau d'origine du nerf trijumeau et de la manière que nous venons d'indiquer. L'impression de la lumière agit, dans ce cas, pour produire l'effet observé, non pas par l'inter

médiaire de la rétine et du nerf optique, mais par les filets ciliaires du nerf trijumeau. Des expériences directes, celles de M. Castorani, ont en effet démontré que ce sont ces filets nerveux qui sont affectés lorsqu'il y a de la photophobie, et l'impression produite dans le cas dont il s'agit ici, doit porter, semble-t-il, sur les mêmes filets. Elle est donc transportée au foyer d'origine du nerf trijumeau, et là, il y a irradiation aux extrémités centrales des fibres du même nerf qui se rendent à la membrane muqueuse nasale. Ainsi, tout se passe dans le noyau d'origine du nerf trijumeau, une fois que l'impression y est arrivée. Où voiton là une récurrence, un phénomène réflexe ? Lorsqu'il s'agit du chatouillement produit dans le fond de la gorge par l'excitation du conduit auditif externe, il y a communication de l'irritation des fibres du nerf trijumeau aux extrémités centrales de certaines fibres des nerfs glossopharyngien et pneumogastrique. Tout se passe dans la protubérance et le bulbe rachidien, et il n'y a pas encore la moindre récurrence. Je ne parle, vous le comprenez bien, que des sensations secondaires qui seules sont en discussion, et non des réactions terminales, c'est-à-dire de l'éternument et de la toux: ces derniers phénomènes, même dans ces cas, peuvent en effet être considérés comme indirectement réflexes. Dans d'autres cas enfin, ce seront des groupes de cellules, auxquels aboutissent des nerfs sensitifs plus ou moins éloignés, qui se communiqueront l'excitation reçue; mais tout se passera encore dans le centre nerveux; il n'y aura pas récurrence véritable, comme dans le cas des mouvements réflexes. Ce mot de sensibilité réflexe est donc tout à fait impropre ; il consacre une erreur physiologique évidente. Il faut donc le bannir du langage

scientifique. C'est par les termes de sympathie ou de synesthésie que l'on doit désigner les phénomènes en question; ou bien, avec Müller, on peut employer l'expression : sensations associées.

30

VULPIAN. PHYS. DU SYST. NERV.

VINGT ET UNIÈME LEÇON.

23 juillet 1864.

BULBE RACHIDIEN.

Entrecroisement des pyramides.

[blocks in formation]

nerfs bulbaires. Effet des excitations sur les diverses parties du bulbe rachidien.

J'ai terminé ce que je voulais vous dire sur la moelle épinière; nous allons aborder aujourd'hui l'étude de la moelle allongée, nommée encore bulbe rachidien. Nous procéderons, comme nous l'avons fait pour les centres jusqu'à présent. Nous prendrons comme type, pour ces notions générales, le bulbe des animaux supérieurs.

Ici commence l'encéphale. Le bulbe rachidien établit une communication entre les diverses parties de l'encéphale et la moelle épinière. Dans le bulbe rachidien, on trouve la continuation des faisceaux de la moelle épinière et des colonnes intérieures de substance grise entourées par ces faisceaux: mais on y constate de plus l'existence d'amas nouveaux de substance grise, indices anatomiques suffisants déjà pour montrer que le bulbe possède des fonctions surajoutées et plus ou

moins différentes de celles qui sont dévolues à la moelle épinière: Nous n'avons pas ici à envisager le bulbe rachidien (ou moelle allongée) sous le rapport de l'anatomie descriptive. Nous devons nous borner, avant d'aborder ¡¬ physiologie du bulbe, à signaler quelques-unes des parti cularités de structure qu'il présente, et qui offrent de l'intérêt au point de vue physiologique.

Le bulbe rachidien n'a point de limites bien tranchées, du côté de la moelle épinière; mais on est convenu de considérer l'entrecroisement des pyramides antérieures comme ses limites inférieures (nous prenons l'Homme comme type). En haut et en avant, la limite est le bord postérieur ou inférieur de la protubérance annulaire. Mais ici, comme du côté de la moelle, il n'y a aucune interruption. La moelle allongée se continue en arrière trèsdirectement avec la moelle, dont elle est, en partie, le prolongement modifié; et, en avant, ses faisceaux pénètrent dans la protubérance: quelques-uns d'entre eux s'unissent aux éléments de cette partie ou s'y terminent; mais, pour la plupart, ils traversent la protubérance, pour aller au delà former une partie des pédoncules cérébraux et une partie des pédoncules cérébelleux.

Le point le plus saillant de l'anatomie des faisceaux du bulbe rachidien, c'est l'entrecroisement des pyramides antérieures. Les pyramides antérieures peuvent être considérées, d'après Arnold, dont l'opinion a été adoptée par la plupart des anatomistes, comme constituées par deux faisceaux intimement confondus. L'un de ces faisceaux, formant la portion externe de la pyramide, proviendrait de la partie la plus interne des faisceaux antérieurs, directement, c'est-à-dire, sans subir d'entrecroisement; le faisceau

« PreviousContinue »