Page images
PDF
EPUB

imaginé en France; il ressemble plutôt à une dure leçon morale qu'à un hommage. Dans l'ancienné Rome, des héraults, pour garantir les triomphateurs de l'orgueil, crioient près de leur char: Souviens-toi que tu n'es qu'un homme, Il est bien plus sévère de dire à une femme: Souviens-toi que tu n'es plus dans l'âge de plaire, surtout quand chaque année aggrave la rudesse de l'avertissement.

[ocr errors]

NATUREL. Le naturel, la franchise, la simplicité, sont devenus des agrémens fort rares dans les livres et les talens de la société ; cependant on les aime encore, et le naturel plaît aux gens même qui ont de l'affectation, རིན་༣་རོ་༦རྩྭ་རྩ

་་

Car la nature est vraie, et d'abord on la sent. »>

Mais le naturel ne peut plaire que lorsqu'il est aimable; s'il dégénère en grossièreté, il devient ignoble.

[ocr errors]

La politesse des gens naturels est particulièrement agréable, parce qu'elle n'a rien de sec et de contraint; elle a tout le charme de la bienveillance; celle des personnes affectées est cérémonieuse, exagérée, embarrassante. Il est impossible d'être naturel avec beaucoup d'orgueil et de grandes prétentions; il y a toujours de la bonhomie et un fonds de sincérité dans

le caractère de ceux qui sont constamment naturels. egen tela de s'up clamora nousi stub

NAVETTES. Jadis les femmes pour avoir une contenance dans leurs visites et dans un cercle, tiroient de leurs saés à ouvrage une jolie navette d'or, d'écaille ou d'ivoire, et faisoient des nœuds. Get ouvrage en général ne servoit à rien; mais il étoit une espèce d'emblême qui exprimoit l'aversion que toute femme doit avoir pour une totale oisiveté : c'étoit l'enseigne du travail des doigts. Ce maintien avoit de la grâce; il caractérisoit particulièrement une femme.

[ocr errors]

2

NÉOLOGISME. Depuis la révolution, on se plaint du néologisme et de la quantité de mots nouveaux introduits dans notre langue : pour moi, je me plains du contraire; je regrette avec amertume une infinité de phrases entièrement supprimées dans les livres et dans les conversations de toutes les classes de la société depuis vingt-cinq ans; comme, par exemple, celles-ci: Cela ne me regarde pas; je ne suis pas capable de décider céla; je ne puis avoir d'opinion à cet égard; je ne sais; je n'y ai pas refléchi, etc., etc. Nous sommes devenus tout à coup si savans en politique, que,

sans distinction d'état, de sexe et d'âge, nous sommes en état de conseiller tous les souverains de l'univers. Que dis-je ? conseiller seroit trop modeste; nous leur prescrivons, avec menaces (trop souvent effectuées), ce qu'ils doivent penser, dire et faire. Il est beau sans doute de voir des écoliers laissant là l'étude du grec et du latin, pour instruire leurs maîtres des intérêts des nations et des droits de l'homme, ou d'entendre des jeunes gens de vingt ans tenir tête à des vieillards, afin de leur prouver qu'on n'a besoin ni d'instruction, ni de réflexion, ni d'expérience pour décider, en dernier ressort, de la forme des gouvernemens et du destin des empires. Il est curieux de voir des femmes s'extasier, se passionner et se mettre en fureur pour ou contre les idées libérales. Mais nous avons acheté bien cher cette grande science, qui nous tient lieu de toutes les autres; elle a fait tomber en décadence les études de la jeunesse et de la littérature; elle nous a privés du repos et de tous les agrémens de la société. Autrefois, la seule pudeur faisoit rougir les femmes; depuis long-temps elles rougissent plus souvent encore de dépit et de co lère, ce qui leur sied beaucoup moins. Dans les deux derniers siècles, on citoit les Fran çoises, comme les modèles de l'élégance et du

bon goût elles faisoient le charme de la société par un mélange piquant de douceur, de gaieté, de raison, de grâce et de légèreté dans la conversation. Aujourd'hui, presque généra-' lement elles dédaignent, pour de bizarres prétentions, tous les moyens de plaire et de charmer, Les jeunes gens alors savoient écouter et se taire; ils pensoient que le plus grand de tous les ridicules, à leur âge, est d'avoir un ton tranchant, et de manquer d'égards et de déférence pour ceux qui sont depuis longtemps dans le monde. Le peuple françois étoit plein de bonhomie et d'urbanité; il est devenu menaçant et séditieux; les discussions politiques agitent et divisent les esprits dans les boutiques, dans les cabarets, dans les cuisines, dans les antichambres, ainsi que dans les classes de collége et dans les salons; enfin, on trouvoit jadis les plus agréables délassemens dans la société et dans la conversation; on n'y trouve plus que de l'aigreur; on n'y entend plus que des disputes et d'assommantes dissertations philosophiques et politiques, composées de lieux communs rebattus, réfutés, soutenus des millions de fois depuis vingt-cinq ans. Au milieu des plus grands événemens et des plus terribles secousses, la curiosité s'éteint, parce qu'il n'y a plus d'étonnément; on s'at→

tend à tout, on est familiarisé avec des pro diges de tout genre, et l'ennui dévoré malgré les craintes, l'effroi, les inimitiés, qui sem bleroient devoir du moins en préserver; l'efe fervescence est sans chaleur, les haines ne sont que de l'obstination; la déraison, privée dil lusion, et par conséquent d'enthousiasme, n'est qu'un reste de mauvaise habitude; il y a non de la véhémence, mais de la routine et du malentendu dans toutes les extravagances que l'on dit et que l'on fait; l'exaltation est usée, et l'agitation est sans but. of pero 4 selblorida * Comment remédier à tant de maux, et comment prévenir des événemens sinistres que les moins habiles peuvent si facilement prévoir, si ce désordre se prolonge ? En se réunissant de bonne foi pour se soumettre à l'autorité la plus légitime et la plus paternelle. On est loin d'exiger le sacrifice des systèmes politiques, puisqu'on accordé, à cet égard, avec les formes les plus solennelles, tout ce que peuvent désirer les véritables amis de la liberté. On ne demande que de la droiture, et la soumission du cœur, qui devroit naturellement se porter où l'on voit la pureté de la vie unie à la bonté, aux lumières, à la vertu. Mais, en supposant cet heureux accord, ce retour à la raison, si nécessaire au salut de tous, reverrons-nous

[ocr errors]
« PreviousContinue »