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VOYEZ

III (123)

NÉRINE.

en quel état le sort vous a réduite, Votre pays vous hait, votre époux est sans foi; Dans un si grand revers que vous reste-t-il ?

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Majesté de l'Homme.

(2) BUFFON. Histoire naturelle.

Georges Louis le Clerc, Comte de Buffon, né à Montbar en Bourgogne, le 7 Septembre 1707, et mort à Paris le 16 Avril 1798, à 81 ans, a été pendant quelque temps en butte à la critique des gens superficiels, qui voulaient que l'auteur de l'Histoire naturelle se réduisît à instruire, et trouvaient mauvais que le Pline français fût sensible à la beauté des objets qu'il décrivait. Laharpe qui avait d'abord trouvé l'historien de la Nature aussi varié qu'elle, a ensuite chanté la palinodie lorsqu'il crut avoir découvert que la physique de ce grand homme sentait le philosophe. Mais fort heureusement le solitaire de Montbar est un de ces génies rares contre lesquels les traits de l'envie et d'une critique outrée viennent se briser. Quoique sous le rapport scientifique la Nature soit encore sujète à beaucoup de commentaires, la manière dont Buffon l'a dépeinte fera encore long-temps le désespoir de ceux qui voudront suivre la même carrière. Jamais auteur n'a fait valoir les richesses de sa langue avec autant de différentes nuances dans le style. Sublime quand ses regards saisissent l'immensité des êtres, profond quand il ose essayer de nous en donner la théorie, s'il était donné à l'homme d'embrasser la Nature sous un seul point de vue, Newton et Locke auraient pu l'entrevoir, mais Buffon seul aurait été capable de la décrire. D'ailleurs, variant ses tons suivant les sujets qu'il traite, majestueux dans la description de l'Homme, précis dans celle du Paon, volupteux dans celle des Sens, il déploie dans celle de la Férocité du Tigre une énergie qui fait frissonner le lecteur. Comme peintre de la Nature Buffon est un des plus grands écrivains qui aierit jamais existé; sous le rapport du style

c'est un de nos premiers prosatenrs. Nous avons de lui les Époques de la Nature, l'Histoire naturelle, et plusieurs autres ouvrages. Nous nous garderons bien d'en recommander aucun en particulier; Buffor est dans tous les genres de descriptions le meilleur modèle qu'on puisse offrir.

(3) La Femme ou le Sixième Sens.

(4) BUFFON. Histoire naturelle.

(5) Le Riche.

(6) La BRUYÈRE.

Jean de la Bruyère, né à l'Isle de France en 1639, et mort à Paris en 1696, était un de ces hommes sans prétention, qui savent se suffire à eux-mêmes quand les circonstances le demandent, ou se livrer aux autres quand l'amitié ou les égards l'exigent; un espèce de philosophe qui, sans rechercher ni fuir la société, s'amusait, lorsque le hasard l'y portait, à suivre jusque dans leurs moindres replis les allures, et sur-tout les travers de l'homme. Doué du coup-d'œil le plus perspicace, le génie à qui nous devons les Maurs de ce Siècle, va jusque dans les détours les plus profonds du coeur humain saisir le mobile secret qui le fait agir; et, une fois au fait de la force motrice qui s'imprime sur tout le physique et le moral de l'individu, il la suit dans toutes ses sinuosités, et nous la dépeint ensuite avec autant d'énergie et de concision, qu'il a mis d'attention à l'observer, et de sagacité à l'analyser. Car quoiqu'il soit souvent obligé de plier les formes de son style à la variété des mouvemens de l'objet qu'il poursuit, on ne le voit jamais se livrer ni à l'enthousiasme, ni à la prévention, ni à son imagination, ni au désir de faire de belies phrases, l'auteur va droit à son but l'exactitude; il s'attache à son objet, et nous le reflète, pour ainsi dire, comme un miroir; aussi la plupart de ses tableaux sont-ils tracés avec une vérité qui les fait à chaque instant prendre pour des portraits dont on connaît les originaux.

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Modèle inimitable de précision dans la peinture des moeurs individuelles la Bruyère partage avec Buffon, Molière, La Fontaine et Madame de Sévigné, l'honnenr d'être un de

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nos cinq écrivains auxquels nulle nation n'a rien à opposer dans le même genre; et il était tellement persuadé luimême de la bonté de son livre, qu'il n'a pas craint d'y insérer celui de Théophraste sur le même sujet; ce que, soit dit en passant, j'appelle avoir la conscience de son talent. Nous avons de lui: les Caractères ou les Mœurs de ce siècle, livre également nécessaire, et à ceux qui veulent connaître les hommes et à ceux qui veulent essayer de peindre des mœurs.

(7) Le Pauvre.

(8) LA BRUYÈRE.

(9) Férocité du Tigre.

(10) BUFFON. Histoire naturelle.

(11) Beauté du Paon.

(12) BUFFON. Histoire naturelle.

(13) Fragment de la 1.ere scène d'Iphigénie.

(14) RACINE. Tragédie d'Iphigénie.

Jean Racine, né à la Ferté-Milon, le 21 Décembre 1639, mourut à Paris, le 22 Avril 1699, à l'âge de 59 ans.

Un écrivain, d'ailleurs très-estimable, a donné à un des principaux héros de Racine le nom de French lover ( amant français); des sots, assez méprisables, appellent exclusivement notre Sophocle: le tendre Racine.

Je conçois fort bien qu'un anglais regarde la qualité de français comme le nec plus ultra de la réprobation; mais, honneur au grand-homme à qui l'antipathie nationale la plus prononcée n'a pu reprocher autre chose que de produire ses héros avec la décence et la dignité du théâtre Français. Achille traînant dans la fange le corps de son ennemi vaincu, et insultant à son malheur, 2 pu être fort beau en Grèce, et est probablement fort beau aussi en An gleterre; mais nous autres French dégénérés, nous avons sur les procédés des idées tout-à-fait différentes. Nous verrons en citant Tancrède si un french lover n'en vaut pas bien un autre ; mais pour ce qui est de l'amour d'Achille, nous

croyons que c'est un devoir,

pour sa fiancée.

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même pour Achille, d'en avoir

Au reste on peut voir ci-après dans le dialogue entre Achille et Agamemnon, si l'Achille peint par le poëte français a l'air d'un amoureux transi, Mais le docteur Blair est excusable; dix lignes après la singulière épithète, il nous apprend lui-même qu'il a pris ses idées sur Racine dans... le Père Marsy de la compagnie de Jésus.

Quant à ceux qui après avoir lu Phèdre, Athalie, Bajazet et Britannicus, continueraient à appeller Racine : le tendre Racine, parce qu'il a fait Bérénice; nous croyons qu'ils sont à peu-près aussi adroits que ceux qui appelleraient le prince des orateurs Romains: le ridicule Cicéron, parce qu'il a fait le fameux vers

O fortunatam natam me Consule Romam !

Le reproche de fadeur une fois écarté, il ne reste plus qu'à admirer dans Racine le premier des poëtes tragiques, l'un des plus grands peintres du cœur humain, mais surtout le plus grand versificateur qui ait jamais existé. Car, sans prétendre donner ici mon sentiment pour une règle J'avoue que la versification de l'autenr de l'Iliade, ni celle de l'auteur de l'Eneide et des Géorgiques, ni celle de l'auteur de l'Essai sur l'homme, ne m'ont jamais procuré un plaisir plus vif que celui que m'a procuré la versification de Racine, toujours égale, toujours soutenue, et à laquelle on ne saurait ôter un seul mot sans la gâter entièrement. Aussi, selon moi, le plus grand ridicule qu'on puisse se donner, c'est de vouloir faire des commentaires sur le style de Racine. Ici l'opinion de tout le monde doit se ranger à l'opinion de Voltaire « mettre partout, beau, pathétique, admirable, inimitable. »

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Nous avons de cet immortel écrivain : -Les Frères ennemis, et Alexandre, coups-d'essai dans lesquels Racine, jeune encore, se montre déja le rival de Corneille.- Bérénice, pièce de circonstance où l'auteur développe dans les plus beaux- vers, tous les replis les plus secrets du coeur d'une femme amoureuse. -Esther, tragédie du plus grand intérêt, composée par ordre de la cour pour le théâtre des demoiselles de St.-Cyr : Bajazet, pièce où on trouve les plus grandes beautés de

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