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STYLE PASSIONNÉ.

I. (31)

OROSMAN E.

COURS chez elle à l'instant; va, vole, Corasmin; Montre- lui cet écrit. . . qu'elle tremble. et soudain,

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De cent coups de poignard que l'infidèle meure. Mais avant de frapper... Ah! cher ami, demeure, Demeure, il n'est pas temps. Je veux que ce chrétien Devant elle amené... non je ne veux plus rien... Je me meurs. ... Je succombe à l'excès de ma rage. (32)

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...

I I. (33)

HERMIONE.

U suis-je ? qu'ai-je fait ? Que dois-je faire encore? Quel transport me saisit? Quel chagrin me dévore? Errante, et sans dessein, je cours dans ce palais. Ah! ne puis-je savoir si j'aime, ou si je hais! Le cruel! De quel œil il m'a congédiée ! Sans pitié, sans douleur, au moins étudiée.

Ai-je

Ai-je vu ses regards se troubler un moment?
En ai-je pu tirer un seul gémissement?

Je tremble au seul penser du coup qui le menace,
Et prête à me venger je lui fais déjà grâce!
Non, ne révoquons point l'arrêt de mon courroux.
Qu'il périsse! aussi bien il ne vit plus pour nous.
Le perfide triomphe, et se rit de ma rage:
II pense
voir en pleurs dissiper cet orage.

Qu'il meure, puisqu'enfin il a dû le prévoir,
Et puisqu'il m'a forcée enfin à le vouloir.

A le vouloir! Hé quoi ! c'est donc moi qui l'ordonne!
Sa mort sera l'effet de l'amour d'Hermione!

Ce prince, dont mon cœur se faisait autrefois,
Avec tant de plaisir redire les exploits;

A qui même en secret je m'étais destinée
Avant qu'on eut conclu ce fatal hyménée;
Je n'ai donc traversé tant de mers, tant d'états,
Que pour venir si loin préparer son trépas!
L'assasiner, le perdre! Ah! devant qu'il expire...(35)

Tome I.

3

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O souvenirs de jours d'ivresse
Où reçus gage du bonheur!
Sur bouche amoureuse et traîtresse,
Cueillis plaisir avec erreur.
Gentil baiser d'ingrate amie
Fut oublié comme serment;
Ne s'en souvint qu'un seul instant,
M'en souviendrai toute ma vie.

Si, pleurant noire ingratitude,
Veux encor aimer Troubadour,

N'ai pas perdu douce habitude,
Rechanterai chanson d'amour.
Oublierai longue félonie,

Par le bonheur d'un seul instant;
Mais las! si refais doux serment,
Faut le garder toute la vie. (37)

INGENUITÉ.

I. (38)

FORT bien, mon enfant, dit Madame d'Armincour à Madame de Lignolle; mais à présent que nous sommes libres, parlons de choses essentielles. Es-tu contente de ton mari? Mais oui, Madame la marquise, répondit - elle. — Qu'appelles-tu Madame la marquise! crois-tu que je te saluerai d'un Madame la comtesse? Bon quand il y a du monde, mais entre nous! va, tu es l'enfant que j'ai élevé, mon enfant chéri; dis ma tante, et je dirai : ma nièce. Réponds-moi, comptes-tu bientôt me donner

un petit neveu? Je ne sais pas, ma tante. C'est-à-dire, tu n'en es pas sûre? — Je ne sais pas, ma tante. Tu n'aperçois donc pas dans ta santé ces dérangemens? . . . . . Tu n'as pas heim! Plaît-il, ma tante?

quelques absences?

-

Des absences! est-ce

Non que j'étais sujette à avoir des absences? pas quand tu étais fille. Mais depuis que tu es femme ? Hé bien, les femmes deviennentelles folles? Folles! il est bien question de folie! cela ne porte pas au cerveau, dans ce cas-là, ma nièce. Que demandez-vous donc, ma tante? Je demande ... Je demande... pourquoi donc affecter?... Melle de Brumont ne doit pas te géner. Elle est ton aînée; une fille de vingt ans, quoiqu'elle soit sage, n'ignore plus certaines choses. Je ne vous comprends Ma nièce, trouvez-vous mes

pas, ma tante.
questions indiscrètes ?
Parlez, ma tante, parlez.

Non, sûrement;
Écoute, mon en-

...

fant, si je m'en mêle c'est par intérêt pour toi. D'abord, si l'on m'avait crue, tu n'aurais pas épousé M. de Lignolle. Je le trouvais trop vieux. Un homme de cinquante ans Je sais bien qu'à cet âge-là M. d'Armincour était un pauvre sire... mais enfin on prétend qu'il y en a .. dis moi : le comte remplitil son devoir? Oh, M. de Lignolle fait tout

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