A peine un faible jour vos éclaire et me guide; AGAMEMNON. Heureux qui, satisfait de son humble fortune, FIERTÉ. I. (15) ORBASSAN.! Les regards paternels Doivent se détourner de ces objets cruels. A voir couler le sang que la loi va verser? On vient; éloignez-vous. TANCRED E. Non, demeurez mon père. ORBASSAN. Et qui donc êtes-vous ? TANCRED E. Votre ennemi, seigneur, L'ami de ce veillard, peut-être son vengeur, Peut-être autant que vous à l'état nécessaire. (16) II. (17) S'IL IL peut rester dans l'ame d'un suborneur quelque sentiment d'honneur et d'humanité, répondez à ce billet d'une malheureuse dont vous avez corrompu le cœur, et qui ne serait plus si j'osais soupçonner qu'elle eût porté plus loin l'oubli d'elle-même. Je m'étonnerai peu que la même philosophie qui lui apprit à se jeter à la tête du premier venu, lui apprenne encore à désobéir à son père. Pensez-y cependant. J'aime à prendre en toute occasion les voies de la douceur et de l'honnêteté, quand j'espère qu'elles peuvent suffire; mais si je veux bien en user avec vous, ne croyez pas que j'ignore comment se venge l'honneur d'un gentilhomme, offensé par un homme qui ne l'est pas. (18) III. (19) EPARGNEZ-VOUS, Monsieur, des menaces vaines qui ne m'effrayent point, et d'injustes reproches qui ne peuvent m'humilier. Sachez qu'entre deux personnes de même âge, il n'y a d'autre suborneur que l'amour, et qu'il ne vous appartiendra jamais d'avilir un homme que votre fille honora de son estime. Quel sacrifice osez-vous m'imposer, et à quel titre l'exigez-vous? Est-ce à l'auteur de tous mes maux qu'il faut immoler mon dernier espoir ? Je veux respecter le père de Julie; mais qu'il daigne être le mien s'il faut que j'apprenne à lui obéir. Non, non, Monsieur, quelque opinion que vous ayiez de vos procédés, ils ne m'obligent point à renoncer pour vous à des droits si chers et si bien mérités de mon cœur. Vous faites le malheur de ma vie, je ne vous dois que de la haine, et vous n'avez rien à prétendre de moi. Julie a parlé; voilà mon consentement. Ah! qu'elle soit toujours obéie! un autre la possédera; mais j'en serai plus digne d'elle. Si votre fille eût daigné me consulter sur les bornes de votre autorité, ne doutez pas que je lui eusse appris à résister à vos prétentions injustes. Quel que soit l'empire dont vous abusez, mes droits sont plus sacrés que les vôtres : la chaîne qui nous lie est la borne du pouvoir paternel, même devant les tribunaux humains; et quand vous osez réclamer la nature, c'est vous seul qui bravez ses lois. N'alléguez pas non plus cet honneur si bizarre et si délicat que vous parlez de venger; nul ne l'offense que vous-même. Respectez le choix de Julie, et votre honneur est en sûreté ; car mon cœur vous honore malgré vos outrages; et, malgré les maximes gothiques, l'alliance. d'un honnête homme n'en déshonora jamais un autre. Si ma présomption vous offense, attaquez ma vie, je ne la défendrai jamais contre vous; au surplus je me soucie fort peu de savoir en quoi consiste l'honneur d'un gentilhomme; mais quant à celui d'un homme de bien, il m'appartient, je sais le défendre, et le conserverai pur et sans tache jusqu'au dernier soupir. Allez, père barbare et peu digne d'un nom si doux, méditez d'affreux parricides, tandis qu'une fille tendre et soumise immole son bonheur à vos préjugés. Vos regrets me vengeront un jour des maux que vous me faites et vous sentirez trop tard que votre haine aveugle et dénaturée ne vous fut pas moins funeste qu'à moi. Je serai malheureux, sans doute; mais si jamais la voix du sang s'élève au fond de votre cœur, combien vous le serez plus encore d'avoir sacrifié à des chimères l'unique fruit de vos entrailles, unique au monde en beauté, en mérite, en vertus, et pour qui le ciel, prodigue de ses dons, n'oublia rien qu'un meilleur père! (20) I V. (21) A CHILLE. UN bruit assez étrange est venu jusqu'à moi, Et |