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BIBLIOTHÈQUE DES MÉMOIRES

RELATIFS A L'HISTOIRE DE FRANCE

PENDANT LE 18TM SIÈCLE,

AVEC AVANT-PROPOS ET NOTICES,

PAR M. Fs. BARRIÈRE.

TOME V.

131

A2

BC

PARIS,

TYPOGRAPHIE DE Firmin Didot FRÈRES, RUE JACOB, 56.

MÉMOIRES

DE

MARMONTEL,

SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE,

PRÉCÉDÉS D'UNE INTRODUCTION,

PAR M. Fs. BARRIÈRE.

PARIS,

LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES,

IMPRIMEURS DE L'INSTITUT,

RUE JACOB, 56.

1846.

Denism
Pourin

4-18-38 35959

INTRODUCTION.

Au dix-huitième siècle, une révolution se fait dans les mœurs avant de s'opérer dans les institutions. La bourgeoisie sort progressivement de tutelle; elle se rapproche, par ses habitudes et trop souvent aussi par ses désordres, des classes privilégiées, et les devance déjà de beaucoup par ses lumières. Les hommes qui cultivent les sciences et les lettres contribuent surtout à ce grand changement. Le temps n'est plus où la chimie n'avait d'autre emploi que l'art de guérir, les mathématiques d'autre utilité que l'astrologie, et la poésie d'autre but que l'amusement des cours. Physiciens, astrologues et trouvères ne furent longtemps qu'un luxe de la grandeur; ceux qui ne payaient point ses faveurs de leurs complaisances ou de leurs éloges végétaient encore, au seizième siècle, dans la misère et l'obscurité. Sous Louis XIII, et sous Louis XIV surtout, les esprits, polis par la culture et le goût, attachèrent plus de prix aux lettres ; mais ce grand roi, en les appelant aux pompes, aux fêtes de Versailles, se garda bien de les associer à son gouvernement. Son pouvoir et ses actes étaient sacrés; nul que ses ministres et lui ne devait y arrêter sa pensée. Racine, comme on sait, fit à ce sujet une célèbre et malheureuse épreuve.

Le clergé, la noblesse ou la robe semblaient compter seuls dans l'État; on eût dit que le reste de la nation n'y était pour rien. On permettait, par grâce ou par nécessité, à quelques hommes de la riche roture d'aider de leur crédit, ou de leurs écus, le gouvernement obéré. Encore, ces hommes qui se flétrissaient bien un peu par leur avidité, par leurs concussions, étaient-ils flétris, par la cour même qu'ils se

T. V.

I

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