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qu'on pourrait le croire, puisqu'elle avait découvert que communément ces usages étaient fondés sur des sentimens ou nobles ou délicats; j'en ai cité quelques exemples dans mon Dictionnaire des étiquettes; mais j'en avais réservé plusieurs que je place dans cet ouvrage. La maréchale était généralement consultée à cet égard, et ses décisions étaient toujours spirituelles et frappantes. J'ai peint aussi dans ce même ouvrage la politesse de ce temps, dont on n'a plus l'idée aujourd'hui; le respect des enfans pour leurs parens et pour les vieillards, et surtout la différence énorme qui se trouvait entre la médisance à cette époque et celle de nos salons actuels, et par conséquent dans les conversations des gens du monde, qui n'ont plus aujourd'hui le

et

moindre rapport avec ce qu'elles étaient autrefois. Voilà ce qu'une personne de mon âge avec de la mémoire ayant passé toute sa jeunesse à la cour, pouvait peindre avec une parfaite ressemblance et quelque agrément, si d'ailleurs elle savait écrire, et ce dont les gens de lettres même de cet ancien temps ne pouvaient donner l'idée. Des littérateurs de beaucoup d'esprit, MM. Crébillon fils Marmontel

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Suard, etc., etc., se sont couverts de ridicule, lorsqu'ils ont eu la prétention de peindre le grand monde, parce qu'ils n'y avaient jamais vécu et qu'ils ne le connaissaient pas *.

M. Marmontel disait, dans la préface d'une des premières éditions de ses contes moraux (j'étais alors à Belle-Chasse), que si ses contes n'avaient pas le

Le but moral de ce livre est de prouver combien est regrettable une société qui faisait alors l'admiration de l'Europe par sa douceur, son aménité, sa décence et sa politesse exquise.

Pour donner de la variété aux Sou

mérite de peindre le monde, ils n'en avaient aucun. Je faisais alors mon conte des Deux Réputations, et je citai dans l'avertissement cette singulière phrase, en ajoutant que l'auteur était beaucoup trop modeste, que ses contes avaient tout le mérite que peuvent donner l'esprit, la grâce, et en général des intentions morales; mais qu'ils n'avaient nullement celui qu'il leur supposait. C'est ce que j'ai prouvé dans ce même conte des Deux Réputations, et ce que personne n'a contesté. L'auteur même en est convenu tacitement : il vivait et a vécu depuis un grand nombre d'années, et il eut la franchise de ne faire aucune réclamation contre ma critique, et lorsque deux ans après il fit une nouvelle édition de cet ouvrage, il retrancha de sa préface la phrase que j'ai citée.

pers de la maréchale, j'ai placé à la suite de la lecture de M. Clément ( que j'ai fort abrégée), celle d'une nouvelle dont le fond est entièrement vrai, ainsi que l'indiquent deux petites notes qui se trouvent dans cette même nouvelle; et c'est dans les environs de Toulouse qu'eut lieu, il y a quelques années, l'événement que je raconte.

Quant aux notes biographiques, je n'en ai point fait faire, parce que je n'aurais pu charger de ce petit travail que des gens qui n'ont point vécu dans ce temps, et qui (à moins de très-grandes recherches) auraient fait d'insoutenables confusions entre les comtes et les comtesses, les marquis et les marquises, les barons et les baronnes, etc. comme on l'a fait dans mes Mémoires,

dont je n'ai ni vu, et, par conséquent, ni corrigé les épreuves. Cette étrange confusion se trouve dans toutes les biographies, du moins celles que j'ai lues, et elle produit autant d'erreurs que de méprises de nom. Cette continuelle confusion, qui se trouve dans les notes de mes Mémoires, a produit un nombre énorme de lettres qui m'ont été adressées : les personnes qui m'écrivaient se plaignent, avec beaucoup de politesse, que j'eusse, dans ces notes, attribué à leurs pères ou à leurs maris, les torts d'un oncle ou d'un parent éloigné de même nom pour éviter d'aussi graves inconvéniens, je me suis contentée de faire moi-même, à mesure, de courtes notices sur les personnages qui peuvent en avoir quelque besoin; ainsi l'on peut

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