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» faire passer de faux systèmes à la faveur d'un vain bruit de paroles. Les petits esprits sont trompés par ces ap» pas, et les bons esprits le dédaignent. » Vous ne pouvez ignorer cependant » que Platon a parlé de philosophie ; » Xénophon, de politique; Pline, de » physique et d'autres arts, du style » le plus sublime et le plus poétique.

>> Vous avez tâché d'enlever à la tra» gédie de Didon la gloire qu'elle s'est >> acquise et qu'elle conservera malgré >> vous. Vous nous avez dit que Vert» Vert et la Chartreuse sont tombés, >> et ne se lisent plus; enfin que n'adit?...

>> vez-vous pas

» On a vu même, depuis peu, un » de vos plus écervelés partisans

* M. de La Harpe.

*

» s'établir publiquement votre cham>> pion contre le grand Rousseau, pour » lui disputer ce surnom de grand en>>>. vers cet contre tous. On vous a vu >> aussitôt, l'encensoir à la main, ren>>dre grâce à ce généreux champion, » qui voulait bien se faire honnir pour » l'amour de vous *

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Cette belle prouesse a fait faire l'épigramme suivante, qui ne sera sûrement pas louée dans le Mercure (dont M. de La Harpe était le rédacteur) :

མཏྭཱ།

Quand la harpie, oracle du Mercure,

Du grand Rousseau vient déchirer le nom,
Et que, pour prix de cette insulte obscure,
Voltaire élève au ciel ce mirmidon,
Expliquez-nous qui des deux, je vous prie,
De plus d'opprobre a souillé son pinceau,
Ou la harpie en déchirant Rousseau,
On bien Voltaire en louant la harpie.

(Cette note est de M. Clément. )

- Vous aviez donné l'exemple de » coudre beaucoup de lambeaux phi>>losophiques aux discours de vos per>sonnages dès lors, aucun acteur » prince ou confident, jeune ou vieux, >> tranquille zou passionné, n'osa plus >> ouvrinda bouche sans lâcher une >> maxime..

» Vous aviez semé dans vos pièces >> des allusions hardies contre la reli»gion, talent facile et misérable qu'a» vaient eu avant vous Bergerac et >> Théophile on ne rechercha bientôt » que des sujets où l'on pût faire de for»tes applications à notre culte, à nos >> prêtres.

>>

:

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>> Vous aviez pris la défense de la » comédie larmoyante, où vous aviez » eu quelque succès: vous aviez dit que » tous les genres sont bons, hors le

» genre ennuyeux. Comme personne » ne se croit né pour ennuyer, chacun » inventa son genre, qu'il soutient fort 1 »bon.

» Les uns en firent un mélange de » tragique et de comique; les autres » un tissu d'aventures romanesques, » de reconnaissances de situations » bourgeoisement pathétiques.

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» Ceux-ci s'imaginèrent qu'avec une intrigue telle qu'elle, on pouvait en >>-composer une suite de dialogues mo» raux et philosophiques, le tout assai» sonné de réflexions hardies et pro» fondes, pour l'instruction du peuple. » Ceux-là, charmés d'avoir vu que la » décoration d'un café, dans votre » Écossaise, avait fait la moitié du suc»cès de cette pièce bizarre, ne s'em» barrassèrent plus des paroles, ni du

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style, ni du comique dans une comé» die. Ils y substituèrent une panto

» mime très fréquente et très-utile » aux mœurs; comme des personnes » qui jouent au tric-trac*, aux échecs, » au wisch, etc.; d'autres qui prennent » du thé ou qui se promènent les bras » croisés, sans rien dire, pour appren» dre aux spectateurs à marcher dans » telle situation; des valets qui rangent » des chaises dans un salon **, qui al>> lument ou qui éteignent des bougies » Enfin, mille autres choses aussi inté» ressantes, et qui, étant sûrement » dans la nature, ne peuvent être trop >> fidèlement représentées au théâtre, si >> l'on en croit nos dramaturges nou

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