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des subterfuges; et, quelque évidens que fussent les sacrés oracles en faveur de la divinité du Messie, si les partisans de l'Arianisme ne pouvoient y résister, ils trouvoient moyen de les éluder. En vain saint Pierre avoit dit: Tu es Christus Filius Dei vivi; ils prétendoient, quoique injustement, que sans être Dieu il pouvoit, dans le sens même de ce passage, être appelé Fils de Dieu; et la foiblesse de leurs réponses sur un dogme aussi solidement fondé que celui-là, ne diminuoit rien de leur opiniâtreté. Mais quand on leur produisoit l'hommage que saint Thomas avoit rendu à Jésus-Christ ressuscité, quand on les pressoit par la force de ces termes: Do minus meus et Deus meus; quand on leur faisoit entendre que dans le style des Ecritures, jamais autre que Dieu même, n'avoit été traité de mon Dieu, Deus meus: la vérité l'emportoit sur leurs artifices; ces paroles incapables d'interprétation, les déconcertoient; pour peu qu'ils eussent de bonne foi, ils désespéroient de s'en pouvoir sauver; et, touchés de l'exemple du saint apôtre, ils se réduisoient souvent à faire au Sauveur du monde la même réparation que lui: Dominus meus et Deus meus; mon Seigneur et mon Dieu. Ce qui, selon la remarque de saint Hilaire,

étoit l'abjuration la plus solennelle de l'Arianisme, et comme la formule de foi qui distinguoit les orthodoxes de ceux qui ne l'étoient pas.

que

l'on a vu

pre

Ce n'est pas tout: saint Thomas a publié et annoncé cette foi dont il avoit fait une si sainte profession; et, par le succès de ses prédications apostoliques, il nous a convaincus sensiblement de la vérité de ce qu'avoit prédit le Fils de Dieu; savoir, que son Evangile seroit prêché et reçu dans tout le monde: car c'est en effet par le ministère de saint Thomas, cette prédiction accomplie; et c'est le mier d'entre les apôtres dont on a pu dire à la lettre: In omnem terram exivit sonus eorum, et in fines orbis terræ verba eorum; que sa voix a retenti jusqu'aux extrémités de la terre, et que par lui la foi s'est répandue jusque dans les pays les plus éloignés. Les autres, après avoir reçu le SaintEsprit, se partagent dans les provinces voisines de la Judée: l'Italie, l'Egypte, l'Asie mineure, sont comme les bornes de leur apostolat ; mais Thomas, animé d'un zèle plus vaste et plus étendu, embrasse un monde entier, ou plutôt pousse ses desseins et ses entreprises jusque dans un nouveau monde. Il ne lui suffit pas d'avoir converti les Parthes et les Mèdes; les Hyrcans et

les Perses sanctifiés sont trop peu pour lui; il ne compte pour rien d'avoir porté le nom de Jésus-Christ' dans tous les lieux

que le héros de la Grèce a rendus célèbres par ses conquêtes. Honteux d'en demeurer là, et de finir sa course où l'ambition de ce monarque termina la sienne, il pousse plus avant: il pénètre dans la région la plus intérieure de l'Inde; il prêche à des peuples dont le nom étoit à peine connu; et là, avec le secours du Dieu qui l'envoie, que fait-il? O toute-puissante et divine foi, que ne pouvez-vous pás! il établit le culte d'un Dieu crucifié, il inspire à des hommes charnels l'amour de la Croix, il confond la superstition, il renverse les idoles, il gagne à Jésus-Christ et à l'Evangile des millions d'infidèles. Ce que je dis n'est point fondé sur une de ces traditions obscures que l'infidélité conteste, et qui servent de matière à la critique des savans. Ce sont de ces faits éclatans, dont rien n'a jamais effacé le lustre. Le sépulcre de saint Thomas, qui, suivant le rapport de saint Chrysostôme, étoit, dès les premiers siècles du Christianisme, aussi vénérable que celui de saint Pierre, est encore aujourd'hui ce qui entretient la piété et la ferveur de toutes les Eglises d'Orient. C'est que cet homme de Dieu, saint François

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Xavier, passoit les jours et les nuits en de profondes méditations, qui le transportoient hors de lui-même; c'est là qu'il se remplissoit de zèle; c'est de là qu'embrasé d'une sainte ardeur que les cendres de cet apôtre excitoient, il partoit pour aller combattre les ennemis de son Dieu : rés veillant toute sa confiance et tout son courage par cette pensée, qu'il marchoit sur les traces de saint Thomas, qu'il continuoit son ouvrage, et que lui ayant été destiné pour successeur, il pouvoit tout attendre de sa protection. Or, ce succès de l'Evangile, tel que je viens de le marquer, a depuis été considéré des Pères comme une des plus incontestables preuves de notre foi; et si par là notre apôtre nous a convaincus en nous faisant voir l'accomplis sement de la parole et de la prédiction de Jésus-Christ, c'est par là même aussi qu'il nous a instruits. Car, qu'est-ce que cette foi qu'il a répandue dans le monde? une lumière qui a éclairé le monde, et qui de siècle en siècle s'est perpétuée jusqu'à nous. Oui, mes chers auditeurs, la même foi que saint Thomas a portée si loin au-delà des mers, nous sert encore de flambeau pour guider nos pas et pour nous conduire; les mêmes vérités dont il a établi la créance parmi les nations et en tant d'esprits

indociles, d'esprits prévenus, d'esprits superbes et orgueilleux, c'est ce que nous professons comme les articles de notre Religion, ce que nous suivons comme les règles de notre vie, sur quoi nous nous appuyons comme sur les fondemens de notre espérance, Heureux de l'avoir conservé ce sacré dépôt, ou plutôt heureux que Dieu l'ait fait, passer dans nos mains; mais, souverainement malheureux si jamais nous venions à le dissiper et à le perdre!

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J'achève, et voici ce qui couronne la foi de saint Thomas, et ce qui y met la dernière perfection. Cette foi qu'il a confessée hautement, qu'il a prêchée apostoliquement, il l'a enfin saintement et glorieusement consommée: par où? par son martyre. Car ce qu'on a toujours regardé dans l'Eglise de Dieu, et avec raison, comme le plus signalé témoignage d'une foi parfaite, ou si vous voulez, comme l'attachement le plus parfait à la foi, c'est de mourir pour elle, de lui sacrifier sa vie, et avec sa vie tous les intérêts humains, de la soutenir malgré les menaces et les plus violentes persécutions, et de signer enfin de son sang la confession qu'on en fait. Or, voilà ce que nous devons encore admirer dans notre généreux apôtre. Qui l'eût cru, chrétiens, lorsqu'on le voyoit chancelant

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