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L'ABBÉ.

Voilà, du moins, de douces illusions; et cette raison qui va nous rendre l'âge d'or, à qui la devons-nous?

LA DUCHESSE DE GRAMMONT.

D'abord à la religion, ensuite à nos grands écrivains.

L'ABBÉ.

J'ai déjà eu l'honneur de répondre à cette objection; morale, règles de conduite dans toutes les classes, tout ce qui est essentiellement utile à l'homme, se trouve sans inconséquences et sans contradictions dans les livres saints.

L'ÉVÊQUE.

Il est certain que le plus grand des écrivains de ce siècle (M. de Buffon), et, peutêtre, le seul en prose que l'on puisse comparer, pour le style, aux Bossuet, aux Pascal, aux Fénélon, etc., a rendu quelques services à la religion, en dédaignant d'entrer dans la conjuration des philosophistes, en reconnaissant le déluge comme miraculeux, l'immortalité de l'âme, et que l'intelligence des animaux, qui n'a nul besoin d'apprentissage et qui ne

'perfectionne rien, n'est qu'un pur instinct machinal. Mais je ne pense pas qu'on puisse soutenir ou croire que Diderot, Helvétius, Damilaville, et même J.-J. Rousseau, aient été utiles à la religion.

LA BARONNE DU B

Cette pensée serait beaucoup plus folle que toutes celles de Cazote ....

L'ABBÉ.

Nul pays ne peut se passer de moeurs, de morale, de tranquillité, et conséquemment de religion; ainsi, l'on doit regarder tous les impies qui font gloire de leurs opinions, comme les perturbateurs du repos public.

LA BARONNE DU B

Et c'est ce qu'ils sont en effet.

LA MARÉCHALE, regardant à sa montre.

Je n'ose pas vous dire l'heure qu'il est. ( A M. ***. .) Croyez-vous que la nouvelle soit

finie d'aujourd'hui en huit ?

M.

Si ce n'est celle-là, ce sera sûrement une

autre.

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Oui; j'en ai toujours plusieurs commencées, c'est-à-dire, dont le plan est fait; et quand cet, important travail est fini, on peut dire que l'ouvrage l'est aussi.

LE CHEVALIER.

Ah! ah! c'est comme Racine, qui disait : Ma tragédie est faite, le plan est terminé, je n'ai plus qu'à la mettre en vers.

M. ***.

Et en vers raciniens!....... Quel énorme talent!.......

L'ABBÉ.

On commence à ne plus faire de plans; il en faut pourtant dans tous les genres d'ouvrages, et, surtout dans le dramatique, l'art des préparations l'exige absolument dans les drames; il est vrai qu'il est plus difficile de faire un bon plan qu'un joli dialogue; l'un ne demande que de l'habitude et de la facilité, l'autre exige de vastes combinaisons unies à l'imagination.

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C'est pourquoi Racine a excellé dans cet art, ainsi que dans celui des préparations, pour lequel cet art semble fait.

M. DONÉZAN.

Il est vrai qu'on ne peut préparer sans avoir fait un plan; car il faut, avant tout, savoir ce qu'on dira, afin de rendre vraisemblables les caractères et les événemens.

LA MARÉCHale.

Vous parlez tous à merveille, mais vous bravez les avertissemens sur l'heure; il faut néanmoins finir par se rendre à la raison.

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Cet ordre est si dur qu'on a peine à croire qu'il soit raisonnable.

FIN DU QUATORZIÈME SOUPER.

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QUINZIÈME SOUPER.

La maréchale, la duchesse de Lauzun, la baronne du B****, la princesse de C**, la marquise de Barbantanne, l'abbé de Vauxelles, M. Donézan, le président de Périgny, le comte de Durfort *.

LA MARÉCHALE.

Eh bien! quelle est notre nouvelle?

M. ***, tirant son manuscrit de sa poche.

C'est l'Argent n'est

pas tout.

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* Qu'on appelait le grand Durfort, pour le distinguer du chevalier de Durfort, du Palais-Royal, et des autres.

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