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>> Des prêtres fortunés foulent d'un pied tranquille
>> Les tombeaux des Catons et la cendre d'Émile.
» Ainsi, dans un vaisseau qu'ont agité les flots,

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Quand l'air n'est plus frappé des cris des matelots, >> On n'entend que le bruit de la proue écumante, » Qui fehd d'un cours heureux la mer obéissante. >> Le sommeil l'entendit de ses antres secrets; >> Il marche mollement vers ses ombrages frais. » On entend pour tout bruit des concerts enchanteurs, >> Dont la molle harmonie inspire les langueurs. » Et bientôt, fatigué d'un moment de réveil, » Las, et se rejetant dans les bras du sommeil, >> Entre ses favoris, et parmi les délices,

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Tranquille, il s'endormit au bord des précipices.

>> L'harmonie de ces quatre derniers vers est » bien indiquée, et assez convenable à l'image » que vous nous présentez; mais il s'en faut >> bien qu'elle soit aussi parfaite que dans ces » vers du Lutrin, qui sont connus de tout le monde, et contre lesquels il semble que >> vous ayez voulu lutter:

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» Du moins, ne permets pas La Mollesse oppressée, >> Dans sa bouche, à ce mot, sent sa langue glacéc,

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Et, lasse de parler, succombant sous l'effort,

Soupire, étend les bras, ferme l'œil et s'endort.

» Je crois m'être rendu utile à ceux qui auront le talent et la noble audace d'entrer

» dans cette carrière de l'épopée, en leur » montrant les véritables routes qu'ils doivent suivre, et dont vous vous êtes écarté; les beautés essentielles à cette grande poésie, » que vous avez presque toutes négligées, et » qu'ils doivent toutes recueillir sur les traces » des anciens, s'ils veulent vivre comme eux » dans la postérité; enfin, en leur découvrant » les défauts sans nombre les plus opposés à » la poésie épique et au bon goût, défauts qu'ils doivent éviter avec l'attention la plus

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» pas

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sévère, et dans lesquels il semble que vous » vous soyez laissé entraîner avec plaisir par >> votre goût particulier et par votre amour déréglé pour le bel esprit, ce sera donc » une grande satisfaction pour moi, si, n'ayant le talent d'exécuter une sublime entreprise, pour laquelle mes forces ne repondraient pas à mes désirs, je puis, du moins, » par mes vues et par mes conseils, aider >>-quelque génie hardi à se sauver des écueils » où vous avez échoué, à tendre vers le but » où doit le couronner le plus beau laurier de » la poésie, et à s'immortaliser, en donnant » à notre nation un véritable poëme épique » dont elle puisse se glorifier. »>

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LE COMTE DE SÉRENT.

Il est certain que ces lettres critiques de M. Clément forment la poétique la plus instructive et la plus intéressante.

LE PRINCE.

Il est bien à désirer qu'on les mette entre les mains de tous les jeunes gens qui annoncent de l'esprit.

LA MARECHALE.

Oui, car elles contribueraient puissamment à leur former le coeur, le goût et l'esprit.

FIN DU HUITIÈME SOUPER.

NEUVIÈME SOUPER.

La maréchale, madame de Lauzun, le baron de Buzenval, le comte de Thiars, le comte de Saint-Priest, le comte de Montesquiou, le duc de Nivernois **, la princesse de Beauvau ***, le prince de Beauvau ****, la princesse de P...

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LE COMTE DES SAINT-PRIEST.

J'ai été bien faché de n'avoir pas entendu la

Très-connu dès lors par son esprit, par de fort jolies chansons de société, et même par d'agréables comédies qui n'ont jamais été jouées.

** De l'académie française, et qui a fait en vers de charmantes fables.

***

Remplie de grâces, de naturel et d'esprit, elle passait pour la personne de la société qui avait le plus noble maintien, qui entrait dans un salon la plus élégante, et qui faisait le mieux la révérence. Elle était la plus aimable protectrice des jeunes personnes réservées et timides qui entraient dans le monde. Elle avait, ainsi que la comtesse de Boufflers, un art particulier pour les faire valoir, sans jamais avoir l'air de les protéger.

**** De l'académie française. Instruit et solide dans la con

belle et longue lecture que M. Clément a faite chez madame la maréchale.

LE PRINCE.

Elle était en effet très-intéressante et trèsinstructive, sous le double rapport de critique et de poétique.

LA PRINCESSE DE BEAUVAU.

Monsieur de Saint-Priest fait-il cas de l'His

toire de l'empire ottoman, par l'abbé Mignot?

LE COMTE DE SAINT-PRIEST.

Cette histoire, un peu superficielle, n'est pas élégamment écrite, mais elle mérite d'être lue, surtout jusqu'à ce que nous en ayions une meilleure. J'ai eu la patience de lire une traduction de l'Alkoran, ouvrage rempli d'extravagances, mais contenant quelques bons principes qui, tous, sans exception, sont tirés des livres saints de l'Ancien Testament.

Cela est curieux.

LE BARON.

versation, sans prétentions et sans pédanterie. Il savait si parfaitement sa langne, que j'ai vu plusieurs fois des gens de lettres le consulter sur des difficultés grammaticales.

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