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blies, que la cour y donna des exemples admirables d'humanité et de vertu *, et qu'un des

* Les plus grandes dames de la cour allaient soigner les malades de l'Hôtel-Dieu, nouvellement fondé, et elles instruisaient, par leur exemple, les sœurs de charité; ces mêmes dames, pour fournir aux dépenses de l'Hôtel-Dieu, vendirent, du consentement de leurs maris, tous leurs diamans, et ensuite tous leurs chevaux, pour subvenir aux frais de l'hôpital bâti pour les enfans trouvés ; elles furent décidées à cette belle action par saint Vincent de Paule, qui, comme on sait, fut successivement esclave à Tunis, précepteur du cardinal de Retz, curé de village, aumônier général des galères, principal de college, chef de missions, et adjoint au ministère de la feuille des bénéfices; il institua en France les séminaristes, les lazaristes, les filles de la charité, qui se dévouent au soulagement des malheureux, et qui ne changent presque jamais d'état, quoique leurs vœux ne les tiennent que pour un an. Il fonda des hôpitaux pour les enfans trouvés, pour les orphelins, pour les forçats et les vieillards.

Il exerça pendant quelque temps un ministère de zèle et de charité sur les galères ; il vit un jour un malheureux forçat, qui avait été condamné à trois années de captivité, pour avoir fait la contrebande, et qui paraissait inconsolable d'avoir laissé dans la plus extrême misère, sa femme et ses enfans. Vincent de Paule, vivement touché de sa situation, offrit de se mettre à sa place; et, ce qu'on aura peine, sans doute, à concevoir, l'échange fut accepté. Cet homme vertueux fut enchaîné dans la chiourme des galériens; et ses pieds restèrent enflés, pendant le reste de sa vie, du poids de ces fers honorables qu'il avait portés.

Lorsque ce grand homme vint à Paris, on vendait les en

héros de notre calendrier (saint Vincent de . Paule) y fit des actions sublimes, qui eurent

fans trouvés, dans la rue Saint-Landry, vingt sous la pièce; et on les donnait par charité, disait-on, aux femmes malades qui avaient besoin de ces innocentes créatures, pour leur faire sucer un lait corrompu. Ces enfans, que le gouvernement abandonnait à la pitié publique, périssaient presque tous, et ceux qui échappaient par hasard à tant de dangers, étaient introduits furtivement dans des familles opulentes, pour dépouiller les héritiers légitimes; ce qui fut pendant plus d'un siècle, une source intarrissable de procès, dont on voit les détails dans les compilations de nos jurisconsultes. Vincent de Paule fournit d'abord des fonds pour nourrir douze de ces enfans: bientôt, sa charité soulagea tous ceux qu'on trouvait aux portes des églises; mais cette ferveur, qu'inspire toujours un nouvel établissement, s'étant refroidie, les secours manquèrent entièrement, et les outrages faits à l'humanité allaient recommencer. Vincent de Paule ne se découragea point: il convoqua une assemblée extraordinaire; il fit placer dans l'église un grand nombre de ces enfans, et, montant aussitôt en chaire, prononça, les yeux baignés de larmes, ce discours qui fait autant d'honneur à son éloquence qu'à sa piété, et que je transcris fidèlement de l'Histoire de sa vie, composée par M. Abeli, évêque de Rhodeż:

il

« Or sus, mesdames, la compassion et la charité vous ont >> fait adopter ces petites créatures pour vos enfans. Vous avez » été leurs mères, selon la grâce, depuis que leurs mères, >> selon la nature, les ont abandonnés; voyez maintenant si » vous voulez les délaisser. Cessez à présent d'être leurs » mères, pour devenir leurs juges; leur vie et leur mort sont >> entre vos mains. Je m'en vais prendre les voix et les suf

la plus grande influence sur le bonheur public. La religion et la morale, qui hâtent toujours les progrès de l'esprit humain, tira tout à coup la littérature de la médiocrité, et même à beaucoup d'égards, de la barbarie; Corneille parut, et les Français étonnés assistèrent successivement à la première représentation du Cid!.....

On vit aussi dans ce siècle briller Malherbes; ses deux plus belles odes furent adressées, l'une à Henri IV*, et l'autre à Louis XIII. Le

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frages; il est temps de prononcer leur arrêt, et de savoir ». si vous ne voulez plus avoir de miséricorde pour eux. Ils » vivront, si vous continuez d'en prendre un soin charitable, et ils mourront tous, si vous les abandonnez...... »

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Tout à coup, ces pauvres enfans se mirent à crier; saint Vincent s'arrêta quelques instans, reprenant ensuite la parole......

« Des voix plus éloquentes que la mienne, dit-il, m'ont imposé silence; c'est a vous, mesdames, qu'elles s'adressent, >> et leurs gémissemens ne seront point inutiles.......! »

On ne répondit à cette pathétique exhortation que par des sanglots, et le même jour, dans la même église, au même instant, l'hôpital des Enfans -Trouvés de Paris fut fondé, et doté de quarante mille livres de rente.

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siècle fameux de Louis XIV profita de ces véritables lumières; plus brillant que le précédent, il fut beaucoup moins solidement beau, et tout cet éclat s'obscurcit dès les premières années du dix-huitième, parce que la secte irréligieuse, à la mort de Louis XIV, commença à se former; l'hypocrite Fontenelle, après avoir donné au public, sur la fin de la vie de Louis-le-Grand, son dévot Discours sur la Patience, dans lequel il parle avec le respect d'un chrétien, du verbe incarné, mit au jour, aussitôt après la mort de Louis XIV, son irrégulière Histoire des Oracles!... Nos philosophistes ont prodigieusement déclamé contre l'hypocrisie; mais les hypocrites les plus effrontés, furent certainement les chefs des encyclopédistes, comme on peut s'en assurer par

Demeure éternellement.
Par elles, traçant l'histoire
De tes faits laborieux,
Je défendrai ta mémoire

Du trépas injurieux;

Et quelque assaut que te fasse
L'oubli, par qui tout s'efface,
Ta louange dans mes vers,
D'amarante couronnée,
N'aura sa fin terminée

Qu'en celle de l'univers.

des preuves irrécusables; leurs ouvrages et leurs lettres.

Point de bonnes moeurs sans la religion, sans les manières, le ton, la politesse, qui en sont les précieuses annonces. Qu'on dépouille un arbre de toute son écorce, bientôt l'arbre dépérit, languit et meurt; de même si l'on ôte de la société les égards mutuels, les condescendances réciproques, les déférences et le respect pour l'âge et l'expérience, que l'on bannisse tous ces élémens de la civilisation, et la société tombera dans une véritable barbarie qui, en anéantissant le goût et la délicatesse, se répandra nécessairement sur la littérature; alors les critiques et les satires deviendront des libelles diffamatoires; on prendra la grossièreté pour de l'énergie, le cynisme pour de la gaîté et l'extravagance, l'obscurité pour le sublime; on se permettra communément dans le monde tous les mauvais procédés que les lois ne punissent pas, et la société française, loin d'être citée comme le modèle de la grâce et de l'urbanité, sera justement méprisée.

Jeune témoin pendant quinze ans de cette société brillante, dans un âge où rien n'échappe, j'en ai peint avec vérité beaucoup de traits

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