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Jéfuite, nommé Carutti. Comme elle frappe un peu fur le Miniftere, nos Journalistes n'ont ofé s'en emparer.

22 Mai 1784. M. Roettiers, graveur, qui avoit la qualité de Chevalier - Membre de l'Académie Royale de Peinture & de Sculpture, vient de mourir. Ce n'eft point une perte pour les arts, en ce que depuis plufieurs fallons il n'y avoit rien expofé.

22 Mai 1784. Un abbé Rouffeau, jeune homme de 22 à 23 ans, qui débutoit dans la Littérature, membre du Mufée de la rue Dauphine, y lifant quelquefois de la profe & des vers; mardi dernier eft allé dîner au pa. lais royal, chez un reftaurateur. Après avoir copieufement bu & mangé, il s'eft retiré dans un petit cabinet fous prétexte d'écrire; il a demandé du papier & de l'encre. Peu après on a entendu le bruit d'un coup de piftolet; on l'a trouvé mort. On a lu fur la table, dit-on, ces vers-ci, où il explique les motifs de fa funefte résolution & qui peuvent lui fervir d'épitaphe:

Né de parens obfcurs, rebut de la fortune,
Et follement épris pour d'innocens appas,
Dont, fans quelque forfait, je ne jouirois pas,
Je n'ai pu triompher d'une flamme importune,
Et j'ai préféré le trépas., ·,

On veut qu'il fût devenu amoureux de la fœur d'un jeune homme dont il étoit l'infti. tuteur; que la Demoifelle ne fût pas éloi

guée de fe laiffer féduire; mais qu'effrayé de ce crime & des fuites, dans la crainte de fuccomber à fa paffion, il ait pris ce parti violent, tel qu'il l'annonce dans fon tefta! ment de mort.

22 Mai 1784. L'école du chant établie par Arrêt du Confeil d'Etat du Roi du 3 Jan vier 1784, a fait fon ouverture le 1 Avril dernier.

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M. Goffec a été nommé Directeur de cette école, & c'eft à lui que Pon s'adreffe pour y être admis; Mrs. Piccini, l'Anglès & Guichard, maîtres pour la perfection & le goût du chant; Mrs. Rigel, Saint-Amand & Méon pour le folfege, Mrs. Gobert & Rodolphe, pour le claveffin & la compofition; Mrs. Mole & Pillot, pour la déclamation & le jeu du théâtre; Mrs. Gulnin & Rochez, pour le violon & la baffe; Mr. Roffet, pour la langue françoife & l'hiftoire; Mr. Donadieu, mak tre-d'armes, & Mr. Deshays, maître à danfer.

23 Mai 1784. Me. Monnot, le Député des Avocats du Parlement de Besançon, eft un membre très ardent, qui avant de venir ici a eu une prife violente avec Mr. Droz, le Confeiller de Grand' chambre le plus inftruit, le plus zélé, le plus ardent & le plus defpotique.

Me. Monnot, arrive à Paris n'a eu rien de plus preffé que de voir fes confreres du Parlement de Paris, les anciens Bâtonniers furtout, qui ont regardé la querelle de Befan

çon comme la leur propre, & en conféquence ont convoqué une affemblée générale de l'Ordre. La conduite des Avocats de Befançon y a été approuvée & l'on a nommé fur le champ deux Députés pour aller voir Mr. le Garde des fceaux, lui représenter que tout ce qu'avoit fait l'Ordre des Avocats de Befançon étoit conforme au Réglement de 1707, qu'il feroit fupplié de vouloir bien remettre en vigueur, ainfi que d'éteindre la procédure monftrueufe du Parlement de Befançon, de maniere qu'il n'en refte pas veftige.

23 Mai 1784. Le Sr. de Beaumarchais vient de finir un opéra, dont il a fait lecture à un comité d'élite. On en a été enchanté. 11 ne s'agit plus que de trouver un muficien digne de le mettre en mufique. Il en fait bien lui-même, & de fort agréable; mais il n'ofe entreprendre une fi grande tâche.

24 Mai 1784. Le Parlement ne perd point de vue l'affaire des Quinze - Vingts. Le Premier Préfident a dû porter encore hier au Roi de nouvelles Remontrances & furtout l'expofé des faits venus à la connoiffance de la cour, extra- judiciairement, il est vrai & par des témoins non fermentés, mais fi graves, fi circonftanciés, fi multipliés & fi appuyés fur la notoriété publique, qu'elle n'a pu s'empêcher d'en mettre le tableau effrayant fous les yeux de S. M..

Ces faits font de trois natures différentes.. Les uns concernent le defpotifme du

Grand

Grand-aumônier, porté au point qu'il main. tient en place un officier nommé par lui feu} au préjudice d'un autre nommé par le Roi, revêtu de Lettres patentes enrégiftrées; les autres roulënt fur l'infidélité de fa ges tion; enforte qu'il paroftroit s'être approprié près d'un million au moins: enfin les derniers prouvent à quel excès de débordement eft venue cette maifon religieufe, où l'on ne trouve partout, au contraire, que des scenes d'impudicité & de fcandale, jus ques dans l'église & au pied des autels.

Le Parlement n'abandonne pas non plus l'affaire des Bénédictins, & il doit y avoi aujourd'hui affemblée de Commiffaires, pour rédiger vraisemblablement de troiflemes Re montrances. La Commiffion des Réguliers étant devenue un acceffoire plus important que le fond, o'y fera fans doute pas oubliée.

Quant aux Lettres de cachet, furtout celle de Mr. de Mious, comme le fort de celui-ci paroît s'aggraver à mesure que le Parlement remontre en fa faveur, il a cru par humanité pour cet exilé devoir refter dan's le filence en ce moment, & éprouver fi }% fituation de Mr. de Micus en deviendra meilleure.

Du refte, le Roi n'ayant encore fait au cune réponse au Mémoire concernant les abus de la justice, cet objet reste in statu'quo! 24 Mai 1784. Le Clergé de France vient de gémir d'un nouveau fcandalele Il

A S

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s'agit d'un abbé Arnoux, ci-devant Avocat, aujourd'hui Grand- vicaire de M. l'Archevêque de Rheims, qui avoit toute fa confian. ce, toute celle de la maifon de Talleyrand; qui, par contrecoup avoit acquis un grand crédit auprès de beaucoup de Prélats; dont la maison étoit le féminaire des jeunes Abbés de qualité, aspirant aux gros Bénéfices & à l'Epifcopat; revêtu en outre de Bénéfices pour vingt-cinq mille livres de rente, fans compter ce que lui valoit fa geftion de l'Archevêché de Rheims: ce perfonnage vient de renoncer à tout cela pour une grifette qu'il a enlevée & avec laquelle il est en fuite. On prétend qu'il fait en outre une banqueroute confidérable.

25 Mai 1784. Le Docteur Mesmer a enfin fait imprimer un volume d'environ 80 pages, qu'il diftribue à fes adeptes, où l'on s'attend à trouver fa doctrine déduite, & où l'on ne trouve qu'un grand étalage des cures qu'il a faites à Vienne, en Suiffe & en France; des perfécutions qu'il y a effuyées: enforte que ces cures, telles que celle de Mlle. Paradis, qu'il avoit guérie de la cécité, & que nous avons revue aveugle ici, font presque toujours restées imparfaites, ou même anéanties tout-à-fait. Il finit par établir quelques propofitions qui, bien loin de contredire les lettres de M. de Montjoie, publiées dans le Journal de Paris, dont on a parlé, y font abfolument conformes. C'est un

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