Prend un cruel empire! Je ne fais voir que rigueur pour Tircis, Puisque le ciel a voulu nous former Contre des traits si doux nous force à nous armer ? Ce que l'on trouve aimable ? Hélas! que vous êtes heureux, Innocents animaux, de vivre sans contrainte Les doux emportements de vos cœurs amoureux ! Et de pouvoir suivre sans crainte Les doux emportements de vos cœurs amoureux ! Donnons-nous à lui toute entière : Qui défende à nos sens d'en goûter la douceur. SCÈNE IV CALISTE, endormie, TIRCIS, TIRCIS. Vers ma belle ennemie Portons sans bruit nos pas, Et ne réveillons pas Sa rigueur endormie. TOUS TROIS. Dormez, dormez, beaux yeux, adorables vainqueurs, TIRCIS. Silence, petits oiseaux; Vents, n'agitez nulle chose; Coulez doucement, ruisseaux : C'est Caliste qui repose. TOUS TROIS. Dormez, dormez, beaux yeux, adorables vainqueurs, CALISTE, se réveillant. TIRCIS. Que voulez-vous qu'on suive, hélas ! CALISTE. Berger, que voulez-vous ? TIRCIS. Mourir, belle bergère, Et finir ma misère. Puisque en vain à vos pieds on me voit soupirer, CALISTE. Ah! Tircis, ôtez-vous, j'ai peur que dans ce jour Il sied bien d'être tendre ; Il sied bien d'être tendre. CALISTE. C'est trop, c'est trop de rigueur. TIRCIS. O ciel ! bergers! Caliste! Ah! je suis hors de moi ! LYCASTE. Digne prix de ta foi ! MÉNANDRE. O sort digne d'envie ! SCÈNE V DEUX SATYRES, TIRCIS, LYCASTE, CALISTE. PREMIER SATYRE. Quoi! tu me fuis, ingrate, et je te vois ici DEUXIÈME SATYRE. Quoi! mes soins n'ont rien pu sur ton indifférence, CALISTE. Le destin le veut ainsi, PREMIER SATYRE. Aux amants qu'on pousse à bout Notre amour n'a pas toujours TOUS. Champêtres divinités, PREMIÈRE ENTRE DE BALLET. En même temps six dryades et six faunes sortent de leurs demeures et font ensemble une danse agréable, qui, s'ouvrant tout d'un coup, laisse voir un berger et une bergère qui font en musique une petite scène d'un dépit amoureux. 1. Dryades DÉPIT AMOUREUX 2 CLIMÈNE, PHILINTE. PHILINTE Quand je plaisais à tes yeux, Dont le sort me fît envie. nymphes des bois. 2. Ce morceau est une traduction libre d'une ode fameuse d'Horace. CLIMÈNE. Lorsqu'à toute autre personne PHILINTE. Une autre a guéri mon âme Un autre a vengé ma flamme PHILINTE. Chloris, qu'on vante si fort, Myrtil, si digne d'envie, Pour lui montrer mon amour. PHILINTE Mais si d'une douce ardeur Bien qu'avec pleine tendresse Je voudrais vivre et mourir. TOUS DEUX ensemble. Ah! plus que jamais aimons-nous, Amants, que vos querelles Amants que vos querelles |