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JACQUES LECOFFRE ET CE, LIBRAIRES-ÉDITEURS

29, RUE DU VIEUX-COLOMBIER, 29

L'auteur et les éditeurs se réservent tous droits de traduction.

1854

275. a.95.

PRÉFACE

Après trois années d'études, nous arrivons au terme du grand travail que nous nous étions imposé, et nous pouvons offrir au lecteur l'Histoire de la littérature française sous le gouvernement de Juillet, comme le complément prévu et obligé du livre que nous avons écrit sur la littérature française pendant la Restauration. Ces deux ouvrages sont deux parties distinctes d'un ensemble, deux étapes sur la même route intellectuelle. Nous ne pouvions concevoir et nous n'avions pas conçu l'un sans l'autre mais nous avons cru possible et convenable de les publier successivement, parce qu'une révolution. étant intervenue entre les deux époques, les a partagées en deux tableaux.

Voilà notre réponse à la critique qui a été le plus généralement présentée à l'occasion de l'Histoire de la littérature sous la Restauration, au milieu de témoignages d'estime et de bienveillance dont l'auteur a été profondément touché. Cette critique portant sur un point de fait, la supposition erronée que notre intention était defermer l'histoire de la littérature contemporaine sur la chute de la monarchie traditionnelle, en laissant la plupart des écrivains à mi-chemin de leur renommée, nous

prouvons, mieux que par des paroles, par un nouvel ouvrage, que l'on s'était mépris sur notre intention.

Dans ce nouvel ouvrage, nous suivons le mouvement intellectuel se développant, toujours sous l'empire des institutions représentatives, et c'est là le lien qui unit étroitement les deux époques, mais sous l'empire d'institutions représentatives dominées par un nouveau principe qui a remplacé le principe traditionnel, et c'est là ce qui distingue les deux tableaux sans les séparer. Nous retrouvons dans des conditions nouvelles, sous l'influence de circonstances différentes, les talents de tout genre aux débuts desquels nous avons assisté, et nous voyons éclore de nouveaux talents. Toutes les branches de la littérature, la chaire, la tribune, le théâtre, la polémique politique ou sacrée, la philosophie, l'histoire, la critique, la poésie, le roman, subissent, dans une certaine mesure, l'ascendant de la situation nouvelle. C'est là le grand mouvement dont nous avons essayé de donner une idée.

La tâche était difficile, et, quelque imparfait qu'on puisse trouver cet ouvrage, nous ne dissimulons pas les efforts et le travail qu'il nous a coûté. Mêlé aux luttes les plus vives de notre temps, il nous a fallu, sans abdiquer nos croyances religieuses et nos principes politiques, qui sont la vie même de notre intelligence, dégager notre esprit du souvenir de ces luttes, rectifier quelquefois nos jugements, substituer au point de vue toujours passionné de la polémique le point de vue équitable de l'impartiale histoire.

Il ne nous appartient pas de décider si nous y avons réussi. Du moins, nous avons toujours eu présent à la pensée le devoir que nous imposaient deux précieux témoignages rendus à notre premier ouvrage, au sujet du

quel un homme d'État du gouvernement de Juillet nous écrivait : « Vous avez mis la sympathie à la place de la controverse, » le jour même où un de ses anciens collègues au ministère nous disait de son côté : « J'ai rarement vu, dans un livre d'histoire ou de critique, autant d'admiration sincèrement expressive ou d'affection indulgente pour tout ce qui honore les lettres ou les sert à quelque degré. »

Faire la part des circonstances comme celle des hommes, la part du public comme celle des écrivains, rester juste envers le talent, quelle que soit l'école au service de laquelle il est enrôlé, et ne point amnistier cependant les idées fausses ou dangereuses à cause du talent déployé pour les exposer ou les défendre, chercher avant tout la vérité, la dire sans faiblesse parce qu'elle est utile, sans amertume parce que c'est le moyen de la faire accepter, demander à l'étude du passé des enseignements pour tout le monde et non des récriminations telle a été la préoccupation constante de l'auteur de cet ouvrage.

S'il n'a pas complétement échoué dans ses efforts, le travail qu'il présente au public sera de quelque utilité. D'abord, comme on l'a dit souvent, le temps que nous connaissons le moins est celui qui précède immédiatement le nôtre. Les nouvelles générations ont donc surtout besoin d'être initiées à la connaissance de ces faits intellectuels qui précèdent, engendrent et expliquent les tendances de leur époque. Or la littérature du dixhuitième siècle a été le sujet de tableaux pleins d'élévation, d'éloquence et de haute critique qui rappellent les noms de M. Villemain et de M. de Barante. Mais, à partir du dix-neuvième, il n'existait aucun livre qui pût donner une idée exacte et un peu complète du mouvement

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