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VOLTAIRE. François-Marie Arouet, si célèbre sous le nom de VolBorn 1694. taire, naquit à Paris; il était fils d'un ancien notaire, deDied 1778. venu trésorier de la chambre des Comptes. Il montra de bonne heure une merveilleuse facilité, une activité infatigable, et une passion insatiable pour la renommée. De 1718 à 1778, époque de sa mort, il publia une foule d'ouvrages en vers et en prose, qui lui assurèrent la première place parmi les écrivains de son siècle. Devenu possesseur d'une fortune seigneuriale, il se retira dans son château de Ferney, d'où il exerça sur la France et l'Europe une sorte de royauté littéraire et philosophique. Il y passa les vingt dernières années de sa vie, d'un côté honorant son existence par quelques bonnes œuvres, et de l'autre souillant son génie par des écrits où la religion et la décence sont également outragées.

Voltaire essaya tous les genres de la célébrité littéraire. Il fut le premier poëte du xvIIIe siècle; mais il est encore plus grand comme prosateur. Il rappelle la pureté brillante et le naturel des auteurs du XVIIe siècle, et il a une vivacité, une liberté de mouvement, une manière de dire légèrement des choses solides qu'on n'y trouve pas au même degré. Mais même dans les pages où il semble atteindre à la perfection du genre, il ne vous élève jamais dans cette atmosphère où Bossuet et Pascal vous transportent d'un mot. Voltaire occupe le premier rang comme historien, comme critique, comme auteur épistolaire, comme publiciste et comme romancier.

C'est à Voltaire qu'on doit le seul poëme épique que puisse citer la littérature française, bien que la Henriade mérite peu le nom d'épopée.

Dans la tragédie, il est inférieur à Corneille pour l'élévation et le sublime, et à Racine, pour la régularité de la composition, la peinture du cœur, et surtout pour la perfection du style; mais il a des effets de théâtre qu'on ne trouve pas dans ces deux grands maîtres. Un autre caractère de ses tragédies, ce sont ces maximes philosophiques sur la tolérance, la liberté, la dignité humaine, qui étaient si applaudies de ses contemporains, et qui paraissent aujourd'hui si froides et si déplacées.

De tous les ouvrages de Voltaire, celui dont la lecture est la plus piquante, la plus variée, la plus amusante, c'est son immense Correspondance. C'est là qu'il faut l'étudier; c'est là qu'on voit l'activité infatigable de cet homme, le plus laborieux, le plus occupé du xvIIIe siècle. Quand il n'est pas aveuglé par l'amour-propre ou par l'esprit de parti, c'est le plus aimable, le plus charmant des correspondants.

Le genre où Voltaire est resté sans rival, c'est la poésie légère; il la porta à sa perfection. Ce genre, qui prend tous les tons et toutes les formes, convenait admirablement à cet esprit si souple, si fin et si railleur.

Voltaire prétendait que les bons vers ne sont que de la prose bien

faite. Il se conforma trop à ce principe, et ses vers sont quelquefois prosaiques. Il a peu de ces formes hardies, de ces tours originaux, de ces riches couleurs, de ces vives images, qui sont le caractère même de la poésie. Une clarté parfaite, une exacte convenance entre l'idée et l'expression, une élégance sans apprêt, une noblesse sans emphase, sont les qualités dominantes de sa versification.-Roche.

VOCABULARY.

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