sensuel. Il semble qu'en s'élevant au-dessus du séjour des hommes, on y laisse tous les sentiments bas et terrestres, qu'à mesure qu'on approche des régions éthérées, l'âme contracte quelque chose de leur inaltérable pureté. On y est grave sans mélancolie, paisible sans indolence, content d'être et de penser: tous les désirs trop vifs s'émoussent; ils perdent cette pointe aiguë qui les rend douloureux, ils ne laissent au fond du cœur qu'une émotion légère et douce, et c'est ainsi qu'un heureux climat fait servir à la félicité de l'homme les passions qui font ailleurs son tourment. Je doute qu'aucune agitation violente, aucune maladie de vapeurs, pût tenir contre un pareil séjour prolongé, et je suis surpris que des bains de l'air salutaire et bienfaisant des montagnes ne soient pas un des grands remèdes de la médecine et de la morale. -J. J. ROUSSEAU. LE SOMMEIL DU MENDIANT. Il est tombé sans force à côté du chemin; 'A l'ombre des buissons il sommeille couché ; Son grave et noble aspect a saisi mes esprits: Le sol aride est doux à tes membres lassés: Le jour meurt, le soir vient farouche et menaçant: Mais qu'ai-je vu? Ce front chauve et décoloré Commè aux jours de ton plus bel âge. Quel charme a de tes maux suspendu le pouvoir? Les cieux, les cieux sans doute un moment entr'ouverts Sous les palmiers touffus du brillant paradis, La charité du ciel est sur son front serein, Et toi, le cœur ému de ces accents si doux, Tandis qu'en chœur joyeux réunissant leurs voix, Ton cœur s'est revêtu d'un courage nouveau; L'éclair te montre seul ton funèbre sentier; ALEX. SOUMET. |