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l'article vingt, on dit, dans la manière ordinaire de compter : Quatre-vingts, six-vingts, et même quelquefois sept vingts, huit vingts; mais on ne dit jamais deux vingts, trois vingts, cinq vingts, ni dix vingts.

Si donc cette manière de compter par vingtaines est une des plus grandes preuves de l'antiquité la plus reculée, notre langue en peut aussi revendiquer sa part. Mais d'où cette preuve se déduit-elle? c'est que, nous dit Astarloa, l'homme qui compta par les dix doigts de ses mains, et qui, arrivé au nombre onze, recommença à compter sur les mêmes doigts, pas sous les yeux les dix doigts de ses pieds, parce qu'il dut déjà se trouver chaussé ; y de aqui se infiere, conclut-il, que el numero deceno no pudo quedar regente, sino en aquellas lenguas que se inventaron despues del calzado cerrado; y de consiguiente, que no pueden estas pretender toda la antigüedad á que aspiran. ά

n'eut

La page suivante offrira le tableau des noms de nombre en langue basque; mais pour satisfaire la curiosité des linguistes, je vais présenter d'abord la numération comparée de quelques langues d'Asie et d'Europe, dont l'antiquité peut le disputer à celle de la langue cantabrique.

NUMÉRATION

CHINOISE: I (1, eul (2, san (3, sé (4, ou (5,

lou (6, tsi (7, pa (8, kiou (9, chi (10;

pé (100, tsian (1000, wan (10,000.

heser;

HÉBRAÏQUE : Ekhad, chené, chaloch, arbah, khamech,
chech, chebah, chemoneh, techah,
meah (100, eleph (1000.

GRECQUE : Hen, dyo, tria, tessara, penté,
hex, hepta, octo, ennea, deca;

hecaton (100, khilia (1000, myria (10,000.

HONGROISE: Egy, ket, harom, negy, ot, hat, het, nyoltz, kilentz, tiz.

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CELTIQUE: Unan, daou, tri, pevar, pemp,

deich (10;

fichad (20, da-fichad (40, tri-lichad (60, etc. dec (10;

uguent (20, daou-uguent (40, tri-uguent (60, etc.

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nous

e

STRABON dit au livre III. de sa Géographie : "Evo de rous Καλλαϊκοὺς ἀθέους φασί· τοὺς δὲ Κελτίβηρας, καὶ τοὺς προςβόῤῥους τῶν ὁμόρων αὐτοῖς, ἀνωνύμῳ τινὶ Θεῷ, ταῖς πανσελήνοις, νύκτωρ πρὸ τῶν πυλῶν πανοικίους τε χορεύειν καὶ παννυχίζειν. Quidam Callaicos perhibent nihil de diis sentire; Celtiberos autem, et qui ad septentrionem eorum sunt vicini, innominatum quemdam Deum noctu in plenilunio, antè portas cum totis familiis choreas ducendo, totamqué noctem festam agendo, venerari. C'est à l'aide de ce passage que don Thomas de Sorreguieta, don Astarloa et don Erro ont essayé d'expliquer le calendrier, et principalement la semaine basque, qui paroîtroit aussi antérieure à la semaine de Moise, que le nombre 3 l'est au nombre 7. En effet, selon eux, la semaine basque n'était composée primitivement que de 3 jours, et les 4 autres n'ont été ajoutés que postérieurement. Ce n'étoit donc pas une période hebdomadaire, c'étoit une période de trois jours, une triade astelehena, astehartia, asteazquena, c'est-à-dire prima dies, media dies, ultima dies. Voilà bien les trois points de la période, désignés avec la plus grande précision.

:

Ces trois noms, qui dans l'origine se rapportoient à des fêtes lunaires, se sont ensuite appliqués aux trois premiers jours de la semaine, lundi, mardi, mercredi. Mais, pour la compléter, il a fallu ajouter quatre jours nouveaux aux trois anciens. On a appelé jeudi orceguna ou osteguna, c'est-à-dire le jour qui vient après, ou le jour suivant ; et vendredi orciralea ou ostirailla, c'est-à-dire le jour qui vient à la suite du jour d'après, el dia que está detras del dia de atras. Comme la périphrase étoit déjà assez longue, on donna au samedi le nom de larumbata, qui signifie un quartier lunaire, et au dimanche le nom d'igandia, qui signifie la mayor subida, le grand jour, et par lequel on désignoit jadis la pleine lune. Voilà l'analyse

de la semaine basque, d'après les trois savans espagnols susmentionnés.

Les 12 mois ont reçu différentes dénominations, selon les différens dialectes, dont je traiterai dans le §. suivant. Voici les plus usitées :

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Il est visible que plusieurs de ces noms de mois sont modernes, tels que marchoa mars, apirilla avril, mayatza mai; il n'en est pas de même de urtarrilla, janvier, qui signifie le mois des eaux; de ostarua, mai, temps de la feuillaison; novembre, temps des semences.

de azarua,

Quant au mot lotasilla, un des noms du mois de décembre, don Astarloa, qui le traduit ainsi, mes en que se detiene ó para, reconnoît dans cette étymologie un misterio singular. J'adopte volontiers son étymologie; mais, sans chercher à pénétrer son mystère singulier, j'y trouve tout simplement un mois où, à cause du mauvais temps, il est bon de se tenir à la maison.

S. VI.

DIALECTES BASQUES.

L'HABITANT du Guipuzcoa ne comprend pas, ou du moins ne comprend qu'avec peine, le biscayen; on peut en dire autant de ce dernier par rapport au premier; autant de l'habitant de l'Alaba, de la Navarre haute et basse, du Labourt, de la Soule, etc. J'ai rapporté dans ma Dissertation préliminaire une phrase fort simple, exprimée en 15 manières différentes. Loin de regarder comme un embarras cette multiplicité de langages, Larramendi les compare successivement aux productions variées de la terre, de la mer, de l'air, et même du feu; aux groupes multipliés d'étoiles qui charment notre vue, aux accords de la musique qui flattent nos oreilles; enfin, aux différens dialectes de la langue grecque. Il croit pouvoir rapporter tous ceux de la langue cantabrique à trois principaux : celui du Guipuzcoa, celui de la Biscaye, et celui du Labourt.

Le labourtain, dit-il, est doux et agréable à l'oreille, son expression est prompte et facile; seulement, les aspirations y sont un peu trop fortes et trop multipliées.

Le biscayen offre moins d'aspirations; mais il est sujet à de fréquentes syncopes, qui ne laissent pas d'introduire quelque confusion. Les femmes le parlent avec une grâce particulière; mais il a certaine rudesse dans la bouche des hommes.

Le dialecte du Guipuzcoa est le plus correct, et le plus agréable. Tout s'y prononce avec distinction; les mots n'y sont pas syncopés avec trop de précipitation; l'expression y est plus facile, et plus douce.

On pourroit peut-être soupçonner Larramendi d'un peu de partialité à l'égard de sa province; cependant, située au milieu de la Biscaye, de l'Alaba, de la Navarre et du Labourt, et par conséquent entourée de toute part de pays basques, cette province, qui jouit seule de ce privilège, doit probablement avoir conservé la langue parlée dans sa plus grande pureté. Je dis la langue parlée; car, pour ce qui regarde la langue écrite, le Labourt a toujours eu l'avantage sur toutes les autres provinces de la Cantabrie.

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