Les Fleurs Du Mal

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Poulet-Malassis et De Broise, 1857 - French language - 252 pages
 

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Page 101 - Voici venir les temps où vibrant sur sa tige Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ; Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ; Valse mélancolique et langoureux vertige ! Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ; Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige ; Valse mélancolique et langoureux vertige ! Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Page 132 - Les amoureux fervents et les savants austères Aiment également, dans leur mûre saison, Les chats puissants et doux, orgueil de la maison, Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.
Page 113 - Suivant un rythme doux, et paresseux, et lent. Tes nobles jambes, sous les volants qu'elles chassent, Tourmentent les désirs obscurs et les agacent, Comme deux sorcières qui font Tourner un philtre noir dans un vase profond.
Page 36 - LA VIE ANTÉRIEURE J'ai long-temps ha-bi-té sous de vastes por-tiques Que les so-leils ma-rins tei-gnaient de mille feux, Et que leurs grands pi-liers, droits et ma-jes-tueux, Ren-daient pa-reils, le soir, aux grottes ba-sal-ti-ques. Les hou-les, en rou-lant les images des cieux, Mê-laient d'une fa-çon so-len-nelle et mys-tique Les tout-puis-sants ac-cords de leur riche mu-sique Aux cou-leurs du cou-chant re-flé-té par mes yeux. C'est là que j'ai vé-cu dans les vo-lup-tés cal-mes, Au mi-lieu...
Page 20 - Ayant l'expansion des choses infinies, Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens, Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.
Page 101 - Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir. Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige; Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir! Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir: Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fge. Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir. Du passé lumineux recueille tout vestige! Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige . . . Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir!
Page 183 - Dans une chambre tiède où, comme en une serre, L'air est dangereux et fatal, Où des bouquets mourants dans leurs cercueils de verre Exhalent leur soupir final, Un cadavre sans tête épanche, comme un fleuve, Sur l'oreiller désaltéré Un sang rouge et vivant, dont la toile s'abreuve Avec l'avidité d'un pré.
Page 115 - Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes.
Page 181 - Sans cesse à mes côtés s'agite le Démon; II nage autour de moi comme un air impalpable; Je l'avale et le sens qui brûle mon poumon Et l'emplit d'un désir éternel et coupable. Parfois il prend, sachant mon grand amour de l'Art, La forme de la plus séduisante des femmes, Et, sous de spécieux prétextes de cafard, Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes.
Page 116 - Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l'ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait A l'âme en secret Sa douce langue natale.

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