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LES

CARACTERES

DE 390345

LA BRUYERE.

NOUVELLE ÉDITION.

TOME PREMIER.

VILLE DE 1-Y

CLEDELY
SIOS LAMAANA

A AMSTERDAM,

Aux dépens de la COMPAGNIE.

M. D CC. LX.

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AVERTISSEMENT

Sur l'Edition publiée à Amfterdam en 1731, & à Paris en 1733.

'OUVRAGE DE LA BRUYERE Lfutd'abord généralement applaudi; & le tems ne lui a rien fait perdre de cette premiere réputation. La plupart des réflexions dont cet auteur a rempli fon livre des Caracteres de ce fiecle, font fi raisonnables, & exprimées d'un style fi vif & fi précis, que bien des gens qui en ont fenti toute la beauté, prennent fouvent plaifir à les citer en converfation, & à peu près dans les mémes termes dont il s'eft fervi pour les exprimer.

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La Bruyere s'eft fur-tout attaché à nous. peindre les hommes d'après nature; & tous les jours, & par tout pays, à Londres comme à Paris en Hollande comme en France, on découvre des originaux qui juf tifient la jufteffe & la vérité de fes Caracteres. Rien n'eft plus agréable qu'un tel Spectacle; & rien, à mon avis, ne pourroit être plus utile, pour qui liroit dans le deffein de s'inftruire, & de fe corriger.

Quoi qu'il en foit de cette derniere ré-
Tome I.

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VILLE DE LYON

Biblioth. du Palais des Arts

flexion que j'ai peut-être jettée ici trop lége rement, il eft certain que peu de tems après que cet ouvrage eut été rendu public à Paris, il fut réimprimé dans les pays étrangers: & il feroit difficile de compter les différentes éditions qu'on en a faites en Flandre & en Hollande.

Mais ce grand nombre d'éditions qui font honneur à la Bruyere, a infenfiblement défiguré plufieurs endroits de fon livre. Com. me l'auteur, génie original, excelle à peindre fes penfees vivement & délicatement par des traits naturels & hardis tout enfemble il eft prefque impoffible de deviner l'expreffion à laquelle l'imprimeur en a fubftitué une autre, moins propre, ou plus foible. Avec un peu d'attention, on voit le défaut de ces endroits corrompus, mais on ne sçauroit les corriger.

I. ON ne pouvoit rétablir fûrement la plupart de ces endroits, qu'en confultant & comparant enfemble quantité d'éditions précédentes. Et c'est ce que j'ai fait avec toute l'exactitude qu'on peut apporter dans cette espece de travail, naturellement trop vétilleux pour ne pas donner à l'efprit un certain dégoût qui, de tems en tems, doit lui faire perdre néceffairement un peu de fon

attention.

II. EN corrigeant l'exemplaire qui devoit fervir de copie à l'imprimeur, j'ai eu foin de le bien ponctuer. La Bruyere s'étoit fort négligé fur cet article; & des critiques peut

pas

être trop délicats, s'en étoient plaints publiquement. Mais dans le fond, quelque petit que foit ce défaut, il n'étoit inutile d'y remédier, s'il eft vrai qu'il ait empêché certains lecteurs de comprendre aisément la pensée de l'auteur.

III. ENFIN, vous trouverez dans cette édition quelques remarques où l'on justifie la traduction de plufieurs paffages des Caracteres de Theophrafte, qu'on pouvoit foupçonner d'avoir été mal rendus. Certains cenfeurs de livres fe font mis dans l'efprit, que la Bruyere n'avoit traduit Théophrafte que d'après quelque verfion latine. Je ne fçais fur quoi ils fondent ce préjugé : car pourquoi un gentilhomme de M. le Prince n'auroit-il pas pu lire & entendre cet auteur en Grec tout auffi bien qu'un docteur, qu'un profeffeur en théologie, en philofophie, ou en belles-lettres? J'ai lu le livre de Théophrafte; & après l'avoir comparé exacte. ment avec la traduction qu'en a donnée la Bruyere, je montre en peu de mots, qu'à l'exception de quelques petites méprifes qui pourroient échapper aux plus habiles dans la langue Grecque, cette traduction exprime très fidelement le fens & les beautés de l'original. Heureufement, dans toute cette critique, je n'ai eu affaire qu'à Cafaubon & à Duport, deux des plus favans & des plus judicieux commentateurs de Théophrafte, qui ne s'accordent pas toujours enfemble. Si, pour défendre la Bruyere, j'euse été

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