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Et laisser, en dépit des fureurs de son cours、
Aux autres nations un si tardif secours !

Prenez pour le triomphe une plus courte voie ;

C'est Dieu que vous servez, c'est Moi qui vous envoie ; Allez, et faites voir à ces flots ennemis

Quels intérêts le Ciel en vos mains a remis ! »

C'était assez en dire à de si grands courages :
Des barques et des ponts on hait les avantages;
On demande, on s'efforce à passer des premiers.
Grammont ouvre le fleuve à ces bouillants guerriers :
Vendôme, d'un grand roi race tout héroïque,
Vivonne, la terreur des galères d'Afrique,
Briole, Chavigny, Nogent, et Nantouillet,
Sous divers ascendants montrent même souhait;
De Termes, et Coaslin, et Soubise, et La Salle,
Et de Saulx, et Revel, ont une ardeur égale;
Et Guitry, que la Parque attend sur l'autre bord,
Sallart et Beringhen, font un pareil effort.

Je n'achèverais point si je voulais ne taire
Ni pas un commandant, ni pas un volontaire ;
L'histoire en prendra soin, et sa fidélité
Les consacrera mieux à l'immortalité.

De la maison du Roi l'escadre ambitieuse
Fend après tant de chefs la vague impétueuse,
Suit l'exemple avec joie; et peut-être, grand Roi,
Avais-je là quelqu'un qui te servait pour moi :
Tu le sais, il suffit. Ces guerriers intrépides
Percent des flots grondants les montagnes liquides;
La tourmente et les vents font horreur aux coursiers,
Mais cette horreur en vain résiste aux cavaliers;

Chacun pousse le sien au travers de l'orage;
Le péril redoublé redouble le courage;

Le gué manque, et leurs pieds semblent à pas perdus
Chercher encor le fond qu'ils ne retrouvent plus;
Ils battent l'eau de rage, et, malgré la tempête
Qui bondit sur leur croupe et bondit sur leur tête,
L'impérieux éclat de leurs hennissements

Veut imposer silence à ces mugissements :

Le gué renaît sous eux; à leurs crins qu'ils secouent,
Des restes du péril on dirait qu'ils se jouent,
Ravis de voir qu'enfin leur pied mieux affermi,
Victorieux des flots, n'a plus qu'un ennemi.

1. Son cheval.

FIN

SH

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