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adore dans l'Eucharistie JésusChrist, objet vraiment adorable; nulle erreur à cet égard. JésusChrist n'est-il point réellement dans l'eucharistie? Le catholique qui l'y adore, l'adore où il n'est pas: simple erreur de lieu, nul crime d'idolâtrie. « Je fus étonné (continue Saurin) que cette pen

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tin de ces esprits excessifs qui outrent tout, et qui vont toujours au-delà du vrai. Tels me parurent en général les premiers auteurs de la réforme, et cette juste idée de leur caractère d'esprit me fit bientôt revenir d'une infinité de préjugés. Je vis sur la plupart des articles qui font le plus de peine à nos frères séparés (comme l'in-sée qui se présente si naturelle. vocation des Saints, le culte des ment à l'esprit ne se fût pas enimages, la distinction des vian- core offerte à moi; elle me troudes, etc.), qu'on avoit fort exagéré bla; et peu de temps après, l'Exles abus inévitables du peuple; position de feu M. l'évêque de que ces abus exagérés avoient été Meaux, ouvrage qui ne sera jamais mis sur le compte de l'Eglise ro- assez dignement loué, et son Traimaine, et donnés par les réfor- té des variations, achevèrent de mateurs pour sa doctrine; et que renverser toutes mes idées, et de sa doctrine, même sur ces points me rendre la réforme odieuse. » séparés des abus, avoit été mal Saurin ne se trompa point dans prise, et tournée d'une manière l'idée qu'il s'étoit faite, qu'il trouodieuse. Une des choses dont je veroit des protections et des sefus le plus frappé, quand mes cours en France. H fut bien acyeux commencèrent à s'ouvrir, ce cueilli par Louis XIV, eut des fut de la fausse idée, quoique en pensions de la cour, et fut reçu apparence pleine de respect pour l'académie des sciences en 1707, la parole de Dieu; de la fausse avec des distinctions flatteuses. La idée, dis-je, qu'on a dans la ré-géométrie faisoit alors son occuforme sur la suffisance et la clarté pation et son plaisir. It orna le de l'Ecriture-Sainte; et de l'abus Journal des Savans, auquel il tra◄ manifeste des passages dont on se vailloit, de plusieurs excellens exsert pour appuyer cette idée : car traits, et les Mémoires de l'aca❤ cet abus est un point qui peut démie des sciences, de beaucoup être démontré. Deux ou trois ar- de morceaux intéressans. Ce sont ticles faisoient encore une pro- les seuls ouvrages qu'on connoisse fonde impression dans mon esprit de lui. On lui attribue mal à procontre l'Eglise romaine, la trans-pos le Factum qu'il publia contro substantiation, l'adoration du Saint-Sacrement et l'infaillibilité absolue de l'Eglise. De ces trois articles, l'adoration du Saint-Sacrement m'obligeoit à regarder P'Eglise romaine comme idolâtre, et m'éloignoit infiniment de sa communion. » Saurin trouva le livre de Poiret, intitulé Cogitationes rationales, qui justifie l'Eglise romaine du crime d'idolâtrie, en distinguant, dans l'adoration du Saint-Sacrement, l'erreur de lieu de l'orreur d'objet. Le catholique

Rousseau, lorsqu'il fut enveloppé dans la triste affaire des couplets. Il se répandit en 1709, dans le café où Saurin alloit prendre tous les jours son unique divertissement, des chansons affreuses contre tous ceux qui y venoient. On soupçonna Rousseau d'en être l'auteur. Celui-ci rejeta ces horreurs sur Saurin, qui fut justifié par un arrêt du parlement, rendu en 1712, tandis que son accusateur étoit banni du royaume. Sau rin, échappé à cette tempête, në

s'occupa plus que de ses études. Il mourut à Paris le 29 décembre 1737. Il s'étoit marié en Suisse avec une demoiselle de la maison de Crousas, dont il eut un fils. (Voyez l'article suivant.) Le caractère de Saurin étoit vif, fier et impétueux, sa philosophie rigide; ii pensoit assez mal des hommes, et le leur disoit souvent en face avec beaucoup d'énergie. Cette dure franchise lui fit beaucoup

est plus touchante que Spartacus; mais la versification a les mêmes défauts. On y trouve ce beau vers qu'on cite souvent :

le 17 novembre 1781, etoit fils du précédent. Il ne cultiva pas la jurisprudence, quoiqu'il eût pris des grades, et s'attacha entièrement à la littérature et au théâtre. Sa tragédie de Spartacus, jouée en 1760, offre le caractère neuf d'un héros généreux, armé pour venger l'univers opprimé par les Romaius; mais tous les personnages sont sacrifiés au rôle principai; et, quoiqu'on y rencontre de d'ennemis. Sa mémoire a été attemps en temps des vers frappés, taquée après sa mort, comme comme disoit Voltaire, à l'enclume sa réputation l'avoit été pendant de Corneille, la plupart sentent sa vie. On fit imprimer dans le réellement un peu trop l'enclume, Mercure suisse une prétendue et sont durs et prosaïques. BlanLettre écrite de Paris à un minis- che et Guiscard (Voyez l'article tre, dans laquelle il s'avouoit cou-THOMPSON.), représentée en 1764, pable de plusieurs crimes qui auroient mérité la mort. Quelques ministres calvinistes publierent en 1757 deux ou trois brochures pour prouver que cette Lettre avoit existé. Voltaire fit des recherches pour savoir si cette pièce n'étoit point supposée. Il consulta non seulement le seigneur de l'endroit où Saurin avoit été pasteur, mais encore les doyens des pasteurs de cecanton. Tous se récrièrent sur une imputation aussi atroce. Mais il faut avouer que ce poète philosophe, en voulant, par haine pour Rousseau, défendre Saurin dans son Histoire générale, a laissé de fâcheuses impressions sur son caractère. Il insinue que ce géomètre sacrifia sa religion à son intérêt, et qu'il se joua de Bossuet, « qui crut avoir converti un ministre, et qui ne fit que servir à la petite fortune d'un philosophe. » Cela peut être vrai; mais c'est un aveu singulier de la part d'un homme qui fait l'apologie d'un autre.

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IV. SAURIN (Bernard-Joseph), avocat au parlement, de Pacadémie française, mort à Paris

Que la nuit paroît longue à la douleur qui velle!

Aménophis, autre tragédie, jouée
en 1750, ne réussit pas; elle offre
cependant de belles tirades, telle
que celle-ci :

Rarement on est grand an faite des gran leurs;
A la cour de son père, cutouré de flatteurs,
Et trop sûr de monter au rang de ses ancêtres,
L'orgueil et la mollesse auroient été
maîtres;

mais le

ses

Mais le sort, pour tout bien, lui laissant le danger

D'un trône à conquérir et d'un père à venșet,

A toutes les vertus on exerça son an,
De l'amour de la gloire on y porta la flamme,
On endurcit son corps aux plus rudes travaux:
Du prince on fit un homme, et de l'homme
un héros.

Le drame de Beverley, joué en
1768, est une de ces tragédies
bourgeoises, où l'on défigure à la
fois Melpomène et Thalie. Elle eut
cependant un grand succès, soit
parla peinture des maux auxquels
le jeu entraîne,
soit par l'art sin-
gulier d'un des principaux ac-
teurs. On a aussi de lui des co-
médies, I. L'Anglomane, en vers

libres, d'abord en 3 actes, resserrée, depuis (1773) en un acte, et jouée avec succès. II. Le mariage de Julie, en un acte et en prose, non représentée; elle offre quelques jolis détails. On trouve à la suite de cette pièce diverses Poésies qui péchent trop souvent par le ton prosaïque. IlI. La petite comédie des Maurs du Temps en prose, jouée en 1761, est un tableau agréablement peint des ridicules de la société d'alors on y voit que l'auteur connoissoit le grand monde, et qu'il copioit assez bien le ton des personnages qu'il vouloit représenter. Il vivoit dans -ce grand monde, et savoit s'y faire estimer. « Ses vers, dit le duc de Nivernois, étoient sans faste; son commerce étoit sans épines. Une certaine pétulance dans la dispute donnoit à sa société

Helvétins, qui lui faisoit mille écus de pension, et qui, lorsque Saurin se maria, lui fit présent du capital de cette pension. Quoiqu'il eût épousé une femme beaucoup plus jeune que lui, il répondoit souvent: « Je n'ai été heureux que depuis mon mariage. » La tendresse consolante d'une épouse aimable et sensible avoit su, pour nous servir de sa propre expression, « Le rattacher à la vie. » Le Théatre de Saurin a été imprimé en 1783, en 2 vol. in-8°. On a encore de ce poète, dans divers recueils, un assez grand nombre de Couplets bachiques et autres Poésies, remarquables par une gaieté piquante et originale, et un conte indien, intitulé Mirza et Fatmé, La Haye (Paris), 1764, in-12.

quelque chose de piquant, sans SAUSSAY (André du), y rien mêler de fâcheux ; c'étoit de docteur en droit et en théologie, la véracité et non pas de l'orgueil. curé de Saint-Leu à Paris sa paOn dit que dans la jeunesse de trie, official et grand-vicaire dans Saurin cette effervescence alloit la même ville, et enfin évêque de presque jusqu'à une espèce d'em- Toul, né vers 1595. s'acquit l'esportement; mais la raison l'avoit time du roi Louis XIII, dont il réduite à n'être que de la viva- fut prédicateur ordinaire, et qui cité, et sous cette forme plus l'honora de la mitre en 1649. Sausdouce, il l'a conservée jusqu'à say gouverna son diocèse avec son dernier jour. Saurin, jouis- beaucoup de zèle et de sagesse, sant toujours d'une belle mé- et mourut à Toul le 9 septembre moire, d'une imagination fé- | 1675. Il est auteur de divers ouconde, étudioit, composoit avec vrages, et du Martyrologium succès à la fin de sa vie ; comme Gallicanum, 1638, 2 vol. inon voit un chêne antique et cour- fol., dans lequel on remarqne bé par les orages pousser encore beaucoup d'érudition, mais tresdes rejetons vigoureux et ver- peu de critique et encore moins doyans. Son esprit et son carac-d'exactitude. Il entreprit cet outère n'ont jamais rien perdu de leur énergie; et sachant allier à l'énergie la circonspection et la mesure, ce qui est si rare et si digne d'éloges, il n'a jamais rien outré, rien exagéré, même dans la culture de la sagesse et de la philosophie. » Il eut des amis illustres: Montesquieu, Voltaire,

vrage par ordre de Louis XIII. « Au jugement du père Papebroch (dit Baillet) ce martyrologe est l'ouvrage d'un jeune homme qui n'étoit pas assez préparé sur sa matière; qui avoit trop de facilité et de précipitation; qui manquoit d'exactitude et de discernement; qui donnoit

trop à son génie et à son imagination; et qui ne faisoit pas scrupule d'altérer la v rité des faits; qui outroit la licence que permet la rhétorique, et qui faisoit des amplifications plus qu'écolières. I adopte presque toutes les fables des légendes, et se contente de les revêtir d'un beau latin, toutefois on peut donner ce nom à un style plein d'affectation, dont toutes les richesses consis

ses,

SI

translationis corporis sancti Benedicti ex Italia ad monasterium Floriacense diœcesis Aurelianensis. Ce Traité, qui a souffert quelques difficultés de la part des savans italiens, n'est pas toujours d'une critique exacte.

est auteur

avec un marchand sur les con

une se

testations dont l'Eglise est agi-
tee, et en particulier sur la Cons-
titution UNIGENITUS, 1719, in-12,
conde partie qui commence à
5e édition, 1724, avec
l'article VI; nouv. édit. augmen-
Chablis, 1743, 2 vol. in-12.
tée par Grillot chanoine de

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* SAUSSOIR ( N. du) ou Normandie, mort dans cette DUSAUSSOY, curé de Haucourt en paroisse an mois d'octobre 1727, tent en synonymes, en antithe- d'un ouvrage intitulé La Vérité âgé d'environ 40 ans en métaphores et en hy-rendue sensible à tout le monde, perboles. Il ne cite nulle part ou Entretiens familiers d'un curé aucun auteur, et ne garantit rien de ce qu'il avance. Il fait souvent des bévnes puériles; et quoiqu'il ait établi une classe à part pour les personnes que l'Eglise n'a point encore mises au catalogue des saints, il ne laisse pas d'en confondre plusieurs de cette espèce, qu'il range sans scrupule dans la première classe parmi ceux qui sont publiquement reconnus I. SAUSSURE (Nicolas de), et qui ont un culte réglé. Ainsi on né à Genève en 1709, memn'est plus surpris que le public bre du conseil des deux-cents, se l'ait dispensé de 4 tomes de Com-fit connoître par ses écrits sur l'amentaires_apodictiques sur les griculture. Il est mort vers 1 1790. saints de France, et c'est ména- On lui doit, I. Manière de proviger assez mal la dignité de l'Eglise gner lavigne sans engrais, 1775, Gallicane, que d'honorer de son in-8°. II. Essai sur les causes de nom un tel martyrologe. » On lui la disette du blé en Europe, et sur donnoit communément le nom les moyens de la prévenir, 1776, de Plaustrum mendaciorum. in-12. II. Autre sur la taille de la vigne et sur la rosée, 1780, in-8°. IV. Le Feu, principe de la fécondité des plantes et de la fertilité des terres, 1783, in-8°. V. Il remporta un prix à la société économique d'Auch, par un Mémoire sur la manière de cultiver les terres; eton en trouve d'autres de lui dans le recueil de la société de Berne.

SAUSSAYE (Charles de la) né en 1565, d'une famille noble, fut chanoine d'Orléans sa patrie jusqu'en 1614, qu'il accepta la cure de St.-Jacques de la Boucherie à Paris. Le cardinal de Retz le nomma chanoine de l'église de Paris; ce qui ne l'empêcha pas de conserver sa cure. Il mourut le 21 septembre 1621. On a de lui Annales Ecclesiæ Aurelianensis, + II. SAUSSURE (Horace-BeParis, 1615, in-4°; ouvrage plein nedict de), fils du précédent, né de recherches savantes. On y à Genève le 17 février 1740, se trouve un Traité de Feritatelia dès sa jeunesse avec les savans

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qui illustroient sa patrie, tels que Pictet, Jalabert, Bonnet et Haller. Il prit avec eux le goût du travail, et un amour extrême pour l'étude de la nature. Saussure obtint, à 21 ans, la chaire de professeur de philosophie à Genève, et la remplit avec réputation durant 25 années. Il n'abandonna ses leçons que pour voyager. I vint à Paris en 1768, et revint deux autres fois en France, d'abord pour y considérer les volcans éteints du Vivarais, du Forez et de l'Auvergne; ensuite, pour voir à Lyon la machine aérostatique de Montgolfier, et suivre tous les détails de cette célèbre expérience. Saussure visita la Belgique, la Hollande et l'Angleterre. En 1772 il partit pour l'Italie, et y observa les productions de la nature avec l'œil du génie. Il s'arrêta en particulier dans l'île d'Elbe, célèbre par ses mines de fer; à Naples, où Hamilton monta avec lui sur le Vésuve; à Catane, où la vue majestueuse de l'Etna lui inspira le désir d'atteindre sa plus haute cime. Cette cime fut mesurée par de Saussure le 5 juin 1773, et fixée. par lui, , au moyen du baromètre, à 1713 toises. Des neiges éternelles qui résistent aux feux du climat et à ceux du volcan,commencent à 1500 d'élévation; les pétrifications des productions de la mer s'y découvrent actuelle ment à 300 toises au-dessus de son niveau. Dans ses savantes courses, Saussure prit tantôt la minéralogie pour l'objet de ses recherches, et tantôt la botanique. Il découvrit plusieurs genres de lichens inconnus, et près des eaux thermales d'Aix, deux espèces de trémelles qui n'avoient point encore été décrites, et qui dans leurs mouvemens d'oscillation parcourent, comme l'aiguille d'une montre, un dixième de ligne

par minute. Le génie inventif de Saussure ne se borna pas à ces découvertes. On lui doit une foule d'instrumens utiles aux sciences et aux arts. On peut citer, 1o lẹ cyanomètre et le diaphanomètre, qui ont pour objet de graduer la transparence de l'atmosphère passant du bleu le plus clair au bleu le plus noir, et de fixer ainsi l'influence des matières terrestres qui troublent cette transparence. 2o Un instrument propre à mesurer la force de l'action du vent. 3° Un autre pour déterminer l'influence de la force magnétique dans différens lieux et à différentes températures. 4° Un nouveau plan de moulin, à l'abri des variations subites des vents. 5o L'électromètre, iustrument exact et ingénieux, propre à déterminer la nature et la force du fluide électrique, même dans un temps serein. Au moyen de cet instrument Saussure parvint à démontrer que les mouvemens violens de l'homme augmentent en lui la présence de ce fluide. 6° Un instrument qui fait découvrir la présence du fer dans les minéraux, et offre aux minéralogistes un moyen qui a tous les avantages d'une boussole portative, sans en avoir les inconvéniens. 7° L'héliothermomètre, inventé en 1767, et dont Buffon publia ensuite la description. Il sert, pour ainsi dire, à emmagasiner la chaleur. On sait qu'on a plus chaud dans une chambre et une voiture, où le soleil pénètre au travers des carreaux de glaces, que lorsque ses rayons y entrent directement. Saussure fit construire cinq caisses. carrées, de verre plat, s'emboitant les uns dans les autres, et parvint dans la dernière à élever le thermomètre au 88 degré. Il pensa ensuite à adapter cette découverte aux usages économiques;

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