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Entendant un jour une femme | état de donner des avis à un piaimable s'exprimer avec beaucoup lote mal-habile; inais s'il conduit de grace sur un sujet frivole: mal le vaisseau, il est sans doute Quel dommage, dit-il, qu'elle: permis aux pauvres passagers de n'écrive pas ce que je pense!» lui dire qu'il va les noyer. LaisPour le trouver agréable, il fal- | ser aller le monde comme il va, loit le mettre sur ce qu'il savoit. est, ajoutoit-il, «la règle de ceux Une dame, qui ne le connoissoit qui préfèrent leur bien-être à la que depuis peu, le trouva plus chose publique ». Si on lui estoit amusant qu'on ne l'avoit peint. ce mot d'un ancien: Deux lois Dans la première visite qu'il lui gouvernent le monde celle du 3 fit, elle fut enchantée de son es- plus fort, et celle du plus fin: prit, et elle le remercia, en ser- Je n'ai, répondoit-il, que trop tant, du plaisir qu'elle avoit pris reconnu par l'expérience cette à l'entendre. Le modeste philoso- triste vérité; mais j'aurois beau phe lui répondit avec son ton et vivre des siècles, je ne pourrois son air simple: « Je suis un ins-jamais m'y faire; et je ne m'actrument dont vous avez bien coutumerai point à ne voir dans joué. » Ses principaux ouvrages ce malheureux monde que des sont, I. Projet de Paix univer-tyrans ou des esclaves, des tromselle entre les potentats de l'Eu- peurs on des dupes.» Aussi quoirope, en trois vol. in-12; projet qu'il ne comptât pas beaucoup dont J. J. a fait un extrait. L'abbé sur sa diete européenne, il ne de Saint-Pierre, pour appuyer ses cessa, jusqu'à la mort, d'insister idées, prétend que la diete euro-sur le bien qu'elle pourroit própéenne, qu'il vouloit établir pour daire. Il n'étoit pas cependant pacifier les différents, avoit été despotique dans ses opinions all approuvée et rédigée par le dau- avouoit qu'il y a bien peu de nos phin, duc de Bourgogne, et jugemens où il n'entre autant de qu'on en avoit trouvé le plan dans nos préjugés qu'il y a de drogues les papiers de ce prince. Il se dans la thériaque. C'est pour cela, permettoit cette fiction; pour disoit-il encore, qu'il ne faut presmieux faire goûter son projet. Il que jamais soutenir qu'on a rá a rapporté avec bonne foi la son, mais dire avec modestie : lettre par laquelle le cardinal de Je suis de cette opinion quan à Fleury répondit à ses proposi- présent. » L'intolérance, même a tions: «Vous avez oublié, Mon- l'égard des fanatique; intolérans, sieur , pour article préliminaire, lui paroissoit une fausse mésure. de commencer par envoyer une « Il ne faut point, disoit-il, faire troupe de missionnaires pour dis-mourir les charlatans, mais seuposer le cœur et l'esprit des prin- lement les empêcher de vendre ces.» Malgré le peu de succès leurs drogues et de décrier celles que l'abbé de Saint-Pierre espé- des bons médecins. » II. Mémoire roit de son zèle, il se croyoit obligé pour perfectionner la police des de proposer ses vues utiles, dus grands chemins. III. Mémoire sent-elles rester sans exécution. pour perfectionner la police conQuand on lui disoit, d'après Mal-tre le duel. IV. Mémoire sur les herbe, « qu'il ne faut pas se inê-billets de l'Etat. V. Mémoire sur ler du gouvernail d'un vaisseau l'établissement de la Taille prooù l'on n'est que passager:Oui, portionnelle, in-4o, ouvrage trèsrépondit-il, si l'on n'est point en l'utile, qui contribua beaucoup à

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délivrer la France de la tyrannie | de la taille arbitraire. Il écrivit et il agit en homme d'état sur cette matière. VI. Mémoire sur les pauvres mendians. VII. Projet pour réformer l'orthographe des langues de l'Europe, qui contient beaucoup d'idées bizarres. Il y propose un système d'orthographe, qu'il suivoit lui-même, et qui rend la lecture de ses ouvrages fatigante. VIII. Réflexions critiques sur les travaux de l'académie française. Cet écritoffre des vues utiles. IX. Une édition du Testament attribué au cardinal de Richelieu. X. Un trèsgrand nombre d'autres Ecrits. Le recueil de ses Ouvrages forme 18 vol. in-12, imprimés en Hollande en 1744. L'amour du genre humain les a dictés. On y trouve quelquefois de la vérité, de la raison, de la justesse, de Ja netteté, et plus souvent des idées singulières, des projets impraticables, des réflexions trop hardies, et des vérités triviales qu'il ne cesse de rebattre; mais au milieu de ces chimères, on voit le bon citoyen; aussi le cardinal Dubois disoit, « que c'étoient les rêves d'un homme de bien.» La plupart de nos livres ne lui paroissoient qu'une étoffe mesquine élégamment et légèrement brodée. « Dans les miens, ajoutoitil, l'étoffe est bonne et solide, mais la broderie manque. » On n'a pas parlé dans ce catalogue du Traité de l'Anéantissement futur du Mahométisme, dans lequel il se trouve plusieurs traits que l'auteur semble vouloir faire rejaillir sur le catholicisme; ni des Annales politiques de Louis XIV, en deux vol. in-12 et in-8°, 1757, dans lequel l'auteur déprime ce monarque. L'abbé de Saint Pierre a rassemblé dans eet ouvrage toutes les idées, bon

nes ou mauvaises, qu'il avoit répandues dans ses autres écrits. Il vouloit rendre les ducs et pairs, les sermons, les académies, utiles à l'état, donner toutes les places par élection, diminuer les pensions, abréger les procès anéantir le célibat ecclésiastique, etc. etc. Mais la plupart de ses réflexions sont écrites grossièrement, et ne répondent pas à la bonté de ses intentions. Il dit dans ce livre qu'on lui avoit imputé des Lettres qui parurent en 1737, contre les jansénistes, et qu'un religieux, homme d'esprit, mais d'un zèle outre, lui fit compliment sur la manière dont ces lettres violentes et satiriques étoient écrites. « Mon Père (lui répondit l'abbé de Saint-Pierre, à ce qu'il rapporte lui-même), j'aime sur toutes choses la paix, la tranquillité dans l'état et dans l'église; ainsi je suis très-éloigné de l'opinion de celui qui a écrit ces lettres persécutantes et séditieuses. Je suis à la vérité de l'opinion de Molina sur la liberté, mais non pas moliniste; c'est un terme de parti persécutant: or la bienfaisance ne permet jamais d'être d'aucun parti persécutant, elle ne vise au contraire qu'à l'union et à concorde. Mais; monsieur, dit le religieux fort étonné, vous ne vous souciez donc pas de sauver la vérité des artifices de l'erreur? Non, mon père, lui dis-je, quand pour soutenir la vérité on est forcé de perdre la charité bienfaisante envers ceux qui prennent l'erreur pour la vérité. La vérité ne se noie jamais; on a beau la plonger, elle surnage toujours. L'homme qui ne la connoît pas aujourd'hui la connoîtra demain; au lieu que la charité bienfaisante se perd toujours par les marques de mépris et de haine, et par les per

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qu'inspire toujours l'esprit de parti persécutant, sur-tout à ceux qui se piquent de paroître fort zélés pour leur parti». L'abbé de Saint-Pierre faisoit imprimer ses ouvrages à ses dépens, pour les donner à ceux qui étoient en état de profiter de ses réflexions, ou de contribuer à la réussite de ses projets. On a publié un bon extrait de ses différens écrits, sous le titre de Rêves d'un homme de bien, in-8°. Voy CASTEL, no. VI.

sécutions mutuelles et injustes | prise d'Arras, dont il fut fait gouverneur. L'année suivante étant allé en parti, il rencontra la garnison ennemie qui sortoit de Bapaume et alloit à Douai :"il l'attaqua sans la connoître; et le trompette du roi qui la conduisoit ne s'étant point fait annoncer, il la défit et la pilla; mais quoiqu'il eût cessé de combattre dès qu'il l'eut reconnue, et qu'il eût fait rendre tout le butin qu'on avoit enlevé, cette infraction d'une capitulation servit de prétexte pour le faire arrêter. Il y avoit quelque temps que le maréchal de La Meilleraie cherchoit à aigrir

* III. SAINT - PIERRE. Voy.

SAMPIERI.

LON, noI.... FRANÇOIS, n°. VI....
LUXEMBOURG..... et Louis XI.

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SAINT-POL. Voyez CHATIL-les esprits contre lui. Dès qu'on fut maître de sa personne, on l'accusa de concussion, et on lui reprocha un grand nombre de SAINT-PREUIL (François DE violences entre autres d'avoir JUSSAC d'EMBLEVILLE seigneur enlevé une jolie meunière à son de), gouverneur d'Arras et ma- époux, qui se déclara son accuréchal-de-camp, seigneur plein sateur. Saint-Preuil fut conduit à de bravoure et de graces, fut la citadelle d'Amiens où des favorisé par l'amour; il lia une commissaires nommés par la cour intrigue avec une dame, auprès lui firent son procès Pour se de laquelle il eut pour rival La aver du reproche de concussion, Meilleraie, depuis maréchal de il produisit une pièce qui prouve France, qui lui voua une haine combien le peuple avoit alors à éternelle. Saint-Preuil fut d'abord souffrir de la rapacité des gens capitaine aux gardes. Ce fut lui de guerre. La voici : Brave et qui fit prisonnier de guerre le généreux Saint-Preuil, vivez d'induc de Montmorenci à la fa- dustrie; plumez la poule sans la meuse journée de Castelnaudari. faire crier; faites ce que font Cette action lui valut la protec- beaucoup d'autres dans leurs tion du cardinal de Richelieu et gouvernemens. Tranchez, coules récompenses de la cour. Mais, pez; tout vous est permis. » A aussi généreux que brave, il s'em- cette étrange lettre, qui lui avoit ploya près du cardinal pour ob- été adressée de la cour, il en tenir la grace de son prisonnier. joignit d'autres semblables de Richelieu, choqué de sa témé-Louis XIII et du secrétaire d'état rité, jetant sur lui un regard menaçant. «Saint-Preuil, lui dit-il, si le roi vous rendoit justice à yous-même, vous auriez la tête où vous avez les pieds. » Il signala ensuite son courage à Corbie, qu'il défendit en 1656 contre les Espagnols, et facilita en 1640 la

des Noyers, en réponse à ses représentations sur le peu de moyens qu'il avoit pour soutenir la magnificence que ses prédécesseurs, plus riches que lui, avoient étalée : ces pièces ne lui servirent de rien, parce que des ennemis implacables avoient juré

de l'art militaire, et fit ses premières armes en 1692. Ses talens étant plus décidés pour la di

sa perte. Il eut beau se justifier sur l'affaire de Bapaume; il eut beau prétendre que les fautes commises avant qu'il fût gouver-plomatie, il se tourna de ce neur d'Arras étoient censées pardonnées par les provisions de ce gouvernement, et faire voir qu'il avoit été autorisé dans les coucussions dont on l'accusoit, il n'en fut pas moins décapité. Cette sentence fut exécutée à Amiens le 9 novembre 1641; il étoit dans sa quarantième année. Voyez le Journal du cardinal de Richelieu; son Histoire, par Le Clerc, 1753, 5 vol. in-12; et 'Histoire de Louis XIII, pár Le Vassor.

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SAINT-REAL. Voyez REAL.

*SAINT-RENÉ(Théodoric de), carme des Billettes, à Paris, a publié des Remarques historiques à l'occasion de la sainte hosfie miraculeuse, conservée en l'é

côté. Il fut nommé en 1721 ambassadeur en Espagne, pour faire la demande de l'infante, future épouse de Louis XV. Le régent, qui l'aimoit et Festimoit, le consulta sur les affaires les plus épineuses, il s'en trouva bien'; du moins lorsqu'il eut assez de force dans le caractère pour suivre ses conseils. Saint-Simon, naturellement porté à trouver les hommes méchans, croyant peu à la probité, ne se guérit pas de sa méfiance par le spectacle des bassesses, des trahisons des jalousies dont il fut témoin à la cour du duc d'Orléans. Retiré dans ses terres, où il mourut dans un âge avancé, il y fit beaucoup de bien. Ce fut là qu'il composa ses Mémoires sur le règne de Louis XIV et sur la régence. Le caractère de l'auteur s'y montre à chaque page; il peint presque toujours en noir, mais et appuie ses portraits de faits il Fénélon qu'il n'accuse d'artifice. d'anecdotes: il n'y a pas jusqu'à Son penchant pour le jansénisme et l'austérité de ses moeurs et de sa morale égalèrent quelque

fois

glise de Saint-Jean-en-Grève, son pinceau; mais, en généParis, 1725, 2 vol. in-12. Ou-i la dit sans crainte. Son style ral, il paroît aimer la vérité, et vrage rempli d'une très-bonne est énergique, souvent incorrect, eritique. obscur, entortillé. Il n'étoit pas

SAINT - ROMUALD. Voyez exempt lui-même de certains PIERRE no XXXV.

défauts qu'il reproche à quelquesuas de ses personnages. Il se

SAINT SAIRE. Voyez Bou-montre jaloux des priviléges de

LAINVILLERS.

SAINT-SEVERIN, Voyez SAN

SEVERINO.

+1.SAINT-SIMON (Louis DE ROUVROL, duc de ), né à Paris le 16 juin 1675, essaya d'abord

la pairise et de la noblesse de sa race, jusqu'à la petitesse. Cette jalousie l'accompagna même dans sa re raite. Ses mémoires existerent long-temps en manuscrit. On en publia d'abord un abrégé tronqué et mutilé par les cen

l'Homme, d'Alex. Pope, Harlem, 1771, in-8°. V. Temora, poème épique, traduit d'après l'édition anglaise de Macpherson, Ams→ terdam, 1774, in-8°. VI. Pharə sale de Lucain, pars libri 11, Amstelodami, 1793, in-8°, Il a laissé plusieurs ouvrages manuscrits.

SAINT-SORLIN. Voyez, MAn° lf.

scurs, en 1788, en 3 vol. in-8°, anquel on ajouta l'année d'après un supplément un peu plus libre, en 4 vol. Enfin, en 1791, ils parurent à Strasbourg avec toute Foriginalité et le piquant de l'auteur, en 13 vol. in-8°. Le titre est: OEuvres complètes de Louis de Saint-Simon, duc et pair de France, chevalier des ordres du roi, publiées par l'abbé Soulavie, l'aîné. Ce récueil intéres sant ren ferme, I. Les Memoires d'état et militaires du règne de Louis XIV. H. Les Mémoires secrets de la régence de Philippe d'Orléans. II. L'Histoire des Hommes illus-risconsulte, né à Alençon le 30 tres des règnes de Louis XIV et de Louis XV, jusqu'à la mort de l'auteur. IV. Mémoires relatifs au droit public de la France. Cette édition est ornée de diffé-4 vol. in-12, qui étoit estis et

rentes pièces originales, qui servent à expliquer des choses confuses, à étendre des faits trop concis, à modifier des récits trop exagérés, à confirmer des auecdotes douteuses, ou à en rectifier d'autres mal présentées. Les Mé. moires de Saint-Simon avoient besoin de ces correctifs : son esprit ombrageux lui a fait voir trop souvent des empoisonnemens dans des morts très-naturelles, et des motifs d'ambition et de capidité dans des choses même honnêtes.

RETS,

SAINT-VALLIER. V. POITIERS (Diane de ) et COCHET, no 1. SAINT-VAST(Olivier de), ju

décembre 1724, et mort en 1804, coutumes du Maine et d'Anjou, a publié un Commentaire sur les

recherché.

SAINT-VERAN. Voy. MONT

CALM.

+ SAINT-VINCENT (FAURIS de). Voy. FAURIS.

SAINT URBAIN (Ferdinand de ), nommé aussi simplement Urbana, se distingua par son goût et sa correction dans le dessin. C'est le graveur moderne le plus célèbre pour les coins de médailles. Il mourut à Rome en 1720, après avoir recueilli une suite nombreuse d'estampes et de dessins estimés.

consulte de Paris, a publié ea I. SAINT-YON (N**), juris1610 le Recueil des édits et or

donnances sur les eaux et forêts.

* II. SAINT-SIMON ( le marquis de ), aide-de-camp du prince de Conti, mort en 1794, est auteur des ouvrages suivans: I. Des Jacinthes; de leur anatomie, reproduction et culture, Amster*II. SAINT-YON (N.) passe dain, 1768, in-4°. II. Histoire de pour être le principal auteur du la guerre des Alpes, au Cam- Chevalier à la Mode et des Bourpagnes de 1744; 1770. III. His-geoises à la Mode de Dancourt. Il toire de la guerre des Bataves et descendoit,. dit-on des fameux des Romains, d'après César, etc. bouchers de ce nom, qui ont 1770, in-folio. IV. Essai de tra- | joué un si grand rôle dans les duction littérale et énergique de troubles du regne de Charles VI;

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