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Rouen, in-8°, 1729, avec des remarques curieuses. On en a deux autres plus portatives : l'une d'Elzevir, 1652, in-12: et l'autre de Paris, 1746, in-12. Ses satires sont ce qui mérite le plus d'attention dans ce recueil. Imitateur de Perse et de Juvenal, Regnier verse son fiel sur tous ceux qui Jui déplaisent, et souvent avec une extrême licence. Il a des vers

heureux et originaux, quelques saillies fines, quelques bons mots piquans, plusieurs expressions naïves. Le coloris de ses tableaux est vigoureux; mais son style est trop souvent incorrect, ses plaisanteries basses; la pudeur y est blessée en plus d'un endroit, et c'est avec raison que Boileau a

Heureux si ses discours, craints dú chaste lecteur,

Ne se sentoient des lieux que fréquentoit l'auteur,
Et si du son hardi de ses rimes cyniques,
Il n'alarmoit souvent les oreilles pudiques!

† I. REGNIER (Mathurin), poète français, né à Chartres le décembre 1573 mort à Rouen le 22 octobre 1613, marqua dès sa jeunesse son penchant pour la satire; son père le châtia plusieurs fois pour l'en corriger: punitions, prières, tout fut inu-dit: tile. Ce talent lui fit des amis illustres. Le cardinal François de Joyeuse le mena à Rome avec lui, et il fit une seconde fois ce voyage avec l'ambassadeur Philippe de Béthune. Ses protecteurs lui procurèrent plusieurs bénéfices, et une pension de deux mille livres sur une abbaye. Il dévoluta en même temps un canonicat de l'église de Chartres, et ne se servit de tous ces biens sacrés que pour satisfaire son goût pour le plaisir. Vieux dès 30 ans, il mourut à 40, entièrement usé par les débau-MARÊTS (car il avouoit lui - même ches. Il se fit lui-même cette épitaphe:

pensement,

Malgré son humeur satirique, on a

prétendu que Regnier avoit tant de bonté dans le caractère, qu'on l'appeloit le bon Regnier. Du moins il semble le dire lui-même :

Et le surnom de Bon me va-t-on reprochant, D'autant que je n'ai pas l'esprit d'être méchant. + II. REGNIER (François-Séraphin) DESMARAIS ou plutot DES

avoir toujours mal écrit son nom), naquit à Paris en 1632, d'une faJ'ai vécu sans nul mille noble, originaire de SainMe laissant aller doucement tonge. Il fit sa philosophie dans A la bonne loi naturelle; le collége de Montaigu; et pour Et je m'étonne fort pourquoi se distraire de l'ennui des subtiLa mort daigna songer à moi, lités scolastiques, il traduisit en Qui ne songeai jamais à elle. vers burlesques la BatrachomyoOn trouve, dans le recueil de ses machie d'Homère, ouvrage qui œuvres dédiées à Henri IV, seize parut un prodige dans un jeune satires, trois épîtres, cinq élégies, homme de quinze ans. Le duc de des stances, des odes, etc. Les Créqui, charmé de son esprit, meilleures éditions de ces diffé- le mena avec lui à Rome en 1662. rentes pièces sont celle de Lon- Le séjour de l'Italie lui fut utile : dres, en 1735, in-4°; et celle de l il apprit la langue italienne, dans

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Modeste en ma couleur, modeste en mon séjour,

Franche d'ambition, je me cache sous l'herbe ;
Mais si sur votre front je puis me voir un jour,
La plus humble des fleurs sera la plus superbe.

laquelle il fit des vers dignes de mier traité complet sur l'étude de Pétrarque. L'académie de la Crus- notre langue. Il a été amèrement ca de Florence prit une de ses critiqué par le P. Buffier. II. Une ode pour une production de l'a- Traduction, en vers italiens, des mant de la belle Laure; et lorsque Odes d'Anaeréon, in-8°, qu'il décette société fut désabusée, elle dia en 1692 à l'académie de la ne se vengea de sou erreur qu'en Crusca: la simplicité et le naturel accordant une place à celui qui y sont joints à l'élégance et à la l'avoit causée. Ce fut en 1667 noblesse. III. Des Poésies franqu'on lui fit cet honneur; et trois çaises, latines, italiennes el espaans après l'académie française se gnoles, réunies en 1768 en 2 vol. l'associa. Mézerai, 'secrétaire de in-12: ses vers français offrent de cette compagnie, étant mort en la variété, de la gaîté, des mora1684, sa place fut donnée à l'abbélités heureusement exprimées ; Regnier. 11 se signala daus les dé-mais son style est plus noble que mérés de l'académie contre Fure- vit, et plus pur que brillant. Čet tière, et composa tous les Mémoi-envoi d'une violette est aussi res qui ont paru au nom de ce agréable que spirituel : corps. L'abbé Regnier eut plusieurs bénéfices, entre autres l'abbaye de Saint-Laon de Thouars. On prétend qu'il auroit été évêque sans sa traduction d'une scène voluptueuse du Pastor fido. Cet écrivain mourut à Paris le 6 septembre 1713. Il soutenoit ses opinions avec une opiniâtreté qui, selon Furetière, lui fit donner le nom de l'abbé Pertinax. Cette | roideur de caractère l'empêchoit de prodiguer son suffrage; et dans une occasion où on le pressoit de meutir pour un homine puissant, sous peine d'encourirsa disgrace, il répondit : « J'aime mieux me brouiller avec lui qu'avec moi. » Nous avons de lui,“I. Une Gram- | maire française, imprimée en 1676, en 2 vol. in-123 la meilleure édition est celle de 1710, in-4°: on trouve dans cet ouvrage, un peu diffus, le fond de ce qu'on a dit de mieux sur la langue; s'il n'est pas aussi profond sur la métaphysique des langues que la Graminaire raisonnée de PortRoyal, il contient au moins, relativement à la langue française, des discussions importantes et utiles, que cette grammaire n'of fre pas. C'est, en effet, le pre

Les vers italiens et espagnols ont plus de coloris et plus de grace. Les poésies françaises ont été augmentées dans les éditions de 1716 et 1750, 2 vol. in-12. IV. Une, Praduction de la Perfection chrétienne de Rodriguès, entreprise à la prière des jésuites, et plusieursfois réimprimée en 3 vol. in-4 et en 4 vol. in-8: cette version, écrite avec moins de nerf que celle de Port-Royal, est d'un style plus pur et plus coulant. V. Une Traduction des deux livres de la Divination de Cicéron, 1710, in-12. VI. Une autre Version des livres de cel auteur De finibus bonorum et malorum, avec de bonnes remarques, in-12. VII. L'Histoire des démélés de la France avec la cour de Rome, au sujet de l'af. faire des Corses, 1707, in-4o; ouvrage assez intéressant pour les pièces justificatives qu'il renferme; mais qui prouve que l'auteur n'avoit e des talens médiocres pour thistoire. Son style quoique pur et correct, n'a ui-le

mouvement ni le sel dont le sujet paroissoit susceptible. Dans ses autres ouvrages il écrivit avec une élégante simplicité. On y souhaiteroit seulement plus de force et de précision. Ménage, qui soumettoit ses écrits et sur-tout ses vers italiens à sa critique, se plaignoit que l'abbé Regnier les enervoit par trop de sévérité. « Tout s'en va, disoit-il, en limure. »

fruit. Regnier mourut à Beaune en 1663. Outre la connoissance des langues grecque et latine, il étoit instruit de la nature des animaux, des poissons, des plantes et des minéraux; il savoit l'histoire grecque, l'histoire romaine, un peu de l'histoire ecclésiastique, l'histoire de France, l'histoire des Turcs, et quelques autres histoires particulières. Il étoit savart en chronologie et en géo

* III. REGNIER (Jacques),graphie. Il avoit composé un livre médecin et poète latin, né à d'Observations sur les maladies Beaune le 6 janvier 1589, fit pestilentielles, qui n'a point paru, ses premières études dans cette et qu'on soupçonne avoir été déville, et fut ensuite envoyé à Di- robé par quelque plagiaire, dans ́ jon, où il devint répétiteur des le dessein de se faire un jour honenfans d'un de ses parens. Il alla neur de ce qui ne lui appartenoit ensuite à Besançon, où il subsista pas, et d'autres ouvrages pieux assez long-temps par son travail; et profanes en vers latins, et qui de là il se rendit à Lyon, où il ont été perdus et dérobés. On resta deux ans ; ses épargnes dans trouva dans ses papiers un poëme cette ville lui servirent à faire un à la louange du cardinal de Rivoyage à Paris, où il donna pla- chelieu, un autre poëme sur la sieurs pièces de théâtre à l'hotel prise d'Arras, etc. Regnier étoit de Bourgogne, entre autres, l'Am- habile dans la partie de la médcphitryon de Plaute. Les rétribu- cine qu'on appelle thérapeutique, tions qu'il retira de ses pièces, et on la cure des maladies; mais il de ce qu'il pouvoit gagner à cor- étoit sur-tout savant dans celle riger pour les imprimeurs des qu'on appelle diagnostique, c'estouvrages savans, servirent à le à-dire, dans l'art de juger de la faire subsister pendant son séjour nature d'une maladie. ses par dans cette ville. De Paris il se symptômes; et encore plus dans rendit à Cahors, et de là à Bor- ce qu'on appelle la prognostique, deaux, où il étudia la médecine ou Part de prévoir les événemens par théorie et par pratique sous et les effets des maladies. On a les plus illustres maîtres. Au bout de lui des fables intitulées Apode deux ans, soit par inconstance, logi Phædrii ex Ludricis J. Regnesoit dans le dessein de se perfec-rii, Belnensis, doctoris medici; tionner davantage, il alla à Sain- | Divione, apud Petrum Palliot, retes, où il exerça la médecine avec gis bibliopolam et chalcograle plus grand succès. C'est dans phum, sub signo Reginæ Pacis cette ville qu'il composa, en l'hon- ante Palatium, in-12 de 125 pag. neur de sa maîtresse, un poëme en caractères italiques, janvier qui commence par Magdalin ar- 1643. Ces fables sont divisées en debam, etc. De retour dans sa deux parties: la première de quapatrie, après quinze ans d'ab rante fables, la seconde de soisence, il y exerça son art avec les xante, ce qui fait en tout cen!; mêmes succès qu'il avoit ens à leur titre, Apologi Phædrii, Saintes, et il en recueillit le même donné lieu à une erreur bien sin

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nocentiæ divinæ cum humano scelere certamen. VI. Kaccoita di sermoni detti nel palazzo apostolico, ed altri luoghi di Roma.

gulière au lieu d'entendre parTa, « Apologues dans le genre de ceux de Phèdre, » ou a cru que c'étoit une édition de Phedre. En conséquence, on trouve les fables de Regnier placées dans plusieurs catalogues des fables de Phèdre, entre autres dans le Phèdre de Coustellier, 1747, et dans celui du P. Brottier, Barbou, 1783. Dans le catalogue de la bibliothèque impériale on a fait la même faute. Regnier a mis à la fin de ses fables imprimées, hic cestus artemque repono; ce qui ne l'a point empêché, sur la fin de ses jours, de composer un autre recueil de fables, trois fois plus gros que le premier, et qui est resté nia-Afrique après cette victoire, ga

nuscrit.

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* REGOLO (Sébastien), né à Brisighella, dans le territoire de la Romagne et professeur de belles-lettres pendant vingt-cinq ans à Bologne, où il mourut en 1570, âgé de 56 ans, a publié, 1. In Ciceronis orationem in C. Verrem primam, explicationes, Bononiæ, 1564. 11. In primum Eneidos Virgilii librum ex Aristotelis de arte poetica et rhetoricá præceptis explicationes, Bo

noniæ, 1563. III. Cratio habita in academia Bononiensi 3 novembri 1563,

* REGUESENSE (Joseph-Marie), de Palerme, de la compagnie de Jésus et de la famille des princes de Pantelleria, mort en 1690, a écrit, I. Selectarum disputationum in primam secundæ D. Thomæ, lib. 4. II. Additiones ad quæstiones selectas in primam secundæ D. Thomæ. III. Brevis disputatio theologica de honestale contritionis et attritionis, earumque sufficientia ad remissionem culpa in sacramento, vel extra sacramentum pœnitentiæ. IV. Opuscula theologica. V. In

+1. RÉGULUS (Marcus Attilius), consul romain avec Julius Libo, l'an 267 avant J. C., réduisit les Salentins, et se rendit maître de Brindes, leur capitale. Consul une seconde fois avec Manlius Vulso, ils furent vainqueurs d'Amilcar et de Hannon, dans un combat naval donné près d'Héraclée, sur la côte de Siciles ils leur prirent soixante-quatre galères, et en coulèrent à foud plus de trente. Régulus, resté en

pas

gua sur terre une bataille qui fut suivie de la reddition de plus de deux cents places, et sur-tout de Tunis, ville à trois ou quatre lieues de Carthage, Les Carthaginois demandèrent la paix; mais Régulus ne voulut la leur accorder. Xantippe, officier spartiate, arrivé à Carthage avec un mit de l'y forcer. 11 y eut un comrenfort de troupes grecques, probat entre lui et le consul; il tailla mille prisonniers, et prit Régu en pièces 30 mille Romains, fit 15 lus, qui fut emmené à Carthage avec les compagnons de son infortune. Voyez FULVIUS I.) On l'envoya bientôt à Rome, sous le serment d'un prompt retour, pour y proposer la paix et l'échange des prisonniers ; mais loin de solliciter cet échange, Régulus persuada au sénat de le reje ter avec fermeté; il retourna dégager sa parole, et se livrer aux tortures qu'on lui préparoit. Les Carthaginois irrités inventèrent pour lui de nouveaux supplices. On lui coupa les paupières, et on l'exposa plusieurs jours aux ardeurs du soleil; on l'enferma ensuite dans un tonneau garni de

REID pointes de fer, l'an 251 avant | fans de Régulus ayant fort malJésus-Christ. Horace a célébre le traité des prisonniers carthagidévouement g méreux de Regulus | nois, le sénat romain les répridans l'ode Calo tonantem, etc. manda, et fit valoir le droit des La femme de ce Romain, ayant gens. N'auroit-il pas permis une appris l'excès de cruauté qui l'a-juste vengeance aux fils de Révoit privée de son époux, obtint du sénat les plus considérables prisoners carthaginois, les fit

gulus, si leur père avoit été assassiné à Carthage? L'histoire du supplice de Régulus s établit avec le temps : la haine contre Carthage lui donna cours; Horace la chanta, et depuis on n'en douta plus.

aussi mettre dans une armoire étroite, hérissée de pointes de clous, et les y laissa cinq jours sans nourriture. Ils y perirent tous, hormis un nommé Amilcar qui, ayant so tenu ce tourment. † II. RÉGULUS (saint), Grec, fut délivré et traité avec douceur. natif d'Achaïe, fut, dit-on, Quelques-uns révoquent en doute averti par un songe d'abandonner le devouement de Régulus, et sa pairie pour se rendre en Aimême son voyage à Rome. Po- bion (la Grande-Bretagne), et lybe, a la vérité, ne parle ni de d'emporter avec lui l'os du bras, Pon de Pautre. Cetie anecdote trois doigts et trois orteils de St. est cependant consacree en quel-André, l'obéit, s'embarqua avec que sorte par l'histoire romaine. plusieurs de ses compagnons ; et On peut citer, à l'appui de cette apres avoir essuvé une tempête dissertation, les raisons de Vol- affreuse, il fut jeté, l'an 370, sur taire, dans le 52 chapitre de sa les côtes de l'Otholinia, dans Philosophie de l'Histoire. « Ne les états d'Herguste, roi des douterons-nous pas encore, dit-il, Pictes. Ce prince n'eut pas plutôt de Régulus qu'on fait enfermer appris l'arrivée des saints étran dans un coffre, armé en-dedans gers avec leurs reliques, qu'il de pointes de fer? Ce genre de donna des ordres pour leur rémort est assurément unique. ception. Il leur offrit son propre Comment Polybe, presque con- palais, et fit bâtir auprès une temporain, Polybe qui étoit sur église qui porte encore aujourles lieux, qui a écrit si supé-d'hui le nom de Saint-Régulus. rieurement la guerre de Rome et Cette fondation est l'origine de de Carthage, auroit-il passé sous la ville de Saint-André en Ecosse, silence un fait aussi extraordinaire, aussi important, et qui auroit si bien justifié la mauvaise foi dont les Romains en usèrent avec les Carthaginois? Comment ce peuple auroit-il osé violer sivrier 1602, à 53 ans, est auteur barbarement le droit des gens d'un ouvrage intitulé Origine avec Régulus, dans le temps que et Progrès des guerres des Paysles Romains avoient entre leurs Bas, depuis 1566 jusqu'en 1601. mains plusieurs principaux ci- On y souhaiteroit plus d'impar toyens de Carthage sur lesquels tialité, Aux dernières éditions ils auroient pu se venger? Enfin, on a joint une continuation par Diodore de Sicile rapporte dans Jean Van den-Sande jusqu'à l'an un de ses fragmens que les en- 1644. Elle fut traduite en latın

+ REIDANUS ou VAN REID (Everhard), de Deventer, bourgmestre à Arnheim, et député des états - généraux, mort le 25 le

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